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Liban - Décryptage

La réunion du Haut Conseil de défense et les enjeux sécuritaires

La réunion du Haut Conseil de défense, qui s’est tenue mercredi à Baabda sous la présidence du chef de l’État, a constitué un fait marquant dans le morne paysage interne. Face à l’absence de développements majeurs sur le plan de la formation du gouvernement, cette réunion, qui a duré près de deux heures et qui a regroupé, outre le président Michel Aoun, le Premier ministre, les responsables militaires, sécuritaires et judiciaires, ainsi que les ministres concernés, a montré une volonté de la part des responsables de remplir le vide gouvernemental en prenant des mesures importantes à la veille des fêtes. D’une part, il s’agit de rassurer les citoyens pour leur permettre de vivre cette période avec un souci sécuritaire minimal, à défaut de leur offrir un gouvernement en fonction et des institutions publiques efficaces, et, d’autre part, de leur adresser un message positif sur un dossier qui n’est pas moins important que celui des problèmes sociaux.

Selon des sources sécuritaires, cette réunion a été l’occasion de faire le point sur la situation interne, à la veille des fêtes de fin d’année, sachant que les risques sécuritaires demeurent. Le Liban en a eu la preuve avec les derniers affrontements interpalestiniens dans le camp de Miyé w Miyé, alors que la situation dans le camp de Aïn el-Héloué reste confuse. De même, l’armée libanaise et les services concernés tentent de contrôler la frontière avec la Syrie pour empêcher l’infiltration de réfugiés clandestins qui pourraient être aussi des terroristes potentiels. Mais ils ne parviennent toujours pas à assurer une sécurité à zéro risque, les points de passage incontrôlés restant nombreux. En fait, sur le plan purement sécuritaire, les services libanais espéraient que les forces officielles syriennes parviendraient à contrôler totalement l’autre côté de la frontière pour empêcher les passages clandestins, mais l’armée syrienne semble encore occupée sur d’autres fronts internes, et la frontière entre le Liban et la Syrie n’est pas encore entièrement sous contrôle. D’ailleurs, les Américains et les Britanniques, qui aident actuellement l’armée libanaise en lui fournissant des armes et des équipements militaires, proposent d’augmenter l’installation de tours de surveillance le long de la frontière avec la Syrie pour permettre un meilleur contrôle de la circulation des clandestins de Syrie vers le Liban. De même, il est question du réaménagement de l’aérodrome et de la base militaire de Rayak pour permettre une arrivée plus facile des aides militaires occidentales à l’armée libanaise et aux autres forces militaires. Toutefois, cette question n’est pas aussi simple car elle suscite une certaine méfiance chez le Hezbollah, qui considère, sans le déclarer ouvertement, que les aides britanniques et américaines ne visent pas seulement à aider et appuyer l’armée libanaise. Il y aurait, aux yeux du parti chiite, une intention cachée, celle d’aider l’armée libanaise pour la pousser à affronter le Hezbollah sous couvert d’étendre la souveraineté de l’État libanais sur l’ensemble du territoire.

Ce thème constitue d’ailleurs un des sujets particulièrement délicats qui n’est jamais évoqué ouvertement, mais qui pèse sur la situation interne.

Les diplomates occidentaux en poste au Liban ou les visiteurs occidentaux qui arrivent à Beyrouth ne cachent ainsi pas le fait que l’administration américaine et ses alliés européens et arabes sont déterminés à combattre le Hezbollah et à l’affaiblir, dans le cadre du plan global de lutte contre l’influence iranienne dans la région. Cette détermination se traduit par une triple action : d’abord, sur le plan des sanctions économiques et financières qui visent à assécher les sources du financement du Hezbollah tout en exerçant des pressions sur son environnement populaire pour le pousser à se rebeller contre lui. Ensuite, sur le plan politique, en cherchant à défaire son réseau d’alliances internes et à aboutir à son isolement, et enfin, sur le plan militaire en renforçant l’armée et les services de sécurité dans l’optique de leur donner les moyens de l’affronter le cas échéant.

Pour l’instant, ces efforts n’ont pas abouti et, selon des sources sécuritaires au courant de la réunion du Haut Conseil de défense, il n’est pas question de se lancer dans la moindre confrontation interne. Les sources sécuritaires précitées sont catégoriques pour affirmer que la décision est prise de lutter contre les terroristes, qu’ils soient constitués en réseaux actifs, en cellules dormantes ou encore qu’ils soient des « loups solitaires ». De même, les forces armées libanaises doivent assurer la sécurité à la frontière sud, face à l’ennemi israélien, en coopération avec la Finul. Aucune autre confrontation n’est envisagée. Par contre, sur le plan interne, il s’agit de veiller à la stabilité du pays et à la sécurité des citoyens face aux multiples menaces sécuritaires qui peuvent provenir de certains milieux qualifiés de « complexes ». Les forces armées ont un feu vert politique pour accomplir cette mission, et elles ont la couverture du chef de l’État qui est, selon la Constitution, le commandant des forces armées libanaises, et celle du Premier ministre qui, depuis la naissance de son gouvernement en décembre 2016, a poussé vers la coordination entre les différents services de sécurité et entre les forces militaires.

Dans ce contexte, l’armée libanaise continue donc à traquer les réseaux de contrebandiers dans la région de la Békaa du Nord ainsi que ceux des trafiquants de drogue, en coopération avec les FSI, tout en essayant autant que possible de lutter contre les crimes de plus en plus nombreux qui sont dus en grande partie à la surpopulation causée par l’afflux de déplacés syriens et à la misère.

La réunion du Haut Conseil de défense, qui s’est tenue mercredi à Baabda sous la présidence du chef de l’État, a constitué un fait marquant dans le morne paysage interne. Face à l’absence de développements majeurs sur le plan de la formation du gouvernement, cette réunion, qui a duré près de deux heures et qui a regroupé, outre le président Michel Aoun, le Premier ministre, les...

commentaires (5)

Le réunion de Baabda, aurait comme objectif, l'encadrement sécuritaire des fêtes de la fin d'année. Votre analyse au sujet d'un possible affrontement est regrettable.

Shou fi

20 h 11, le 30 novembre 2018

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Commentaires (5)

  • Le réunion de Baabda, aurait comme objectif, l'encadrement sécuritaire des fêtes de la fin d'année. Votre analyse au sujet d'un possible affrontement est regrettable.

    Shou fi

    20 h 11, le 30 novembre 2018

  • Toutefois, cette question n’est pas aussi simple car elle suscite une certaine méfiance chez le Hezbollah, qui considère, sans le déclarer ouvertement, que les aides britanniques et américaines ne visent pas seulement à aider et appuyer l’armée libanaise. Il y aurait, aux yeux du parti chiite, une intention cachée, celle d’aider l’armée libanaise pour la pousser à affronter le Hezbollah sous couvert d’étendre la souveraineté de l’État libanais sur l’ensemble du territoire. VOILA CLAIREMENT DIT QUI GOUVERNE LE LIBAN ET MEME L'ARMEE CAR POUR HB L'ARMEE LIBANAISE NE DOIT PAS ETENDRE SA SOUVERAINTE SUR L'ENSEMBLE DU TERRITOIRE Merci Mm Haddad pour etre si claire

    LA VERITE

    12 h 41, le 30 novembre 2018

  • Il y aurait, aux yeux du parti chiite, une intention cachée, celle d’aider l’armée libanaise pour la pousser à affronter le Hezbollah sous couvert d’étendre la souveraineté de l’État libanais sur l’ensemble du territoire. Donc il y a bien des endroits où l armée n y est pas ou ne couvre pas ou encore y est interdite d entrée ?!?!?!? Merci madame de nous avoir éclairer dessus

    Bery tus

    11 h 49, le 30 novembre 2018

  • Je ne comprends pas très bien comment on pourrait pousser l'armée libanaise à confronter la résistance du hezb libanais . Tous les rêves sont permis , soit , mais l'armée et la résistance sont complémentaires , si les américains pensent renforcer l'armée personne n'est contre cette idée, mais si elle pense créer une zizanie , elle perd son temps . Juste pour rappeler que dans l'armée libanaise la troupe est constituée de toutes les confessions, celle de la résistance libanaise n'en comporte qu'une. Faîte votre propre déduction. Y en a un qui disait que jouer avec le feu était périlleux. L'Amérique ne pourra aider l'armée libanaise que à une seule condition , c'est l'aider à affronter les usurpateurs de la terre de Palestine . On peut rêver nous aussi.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 19, le 30 novembre 2018

  • OISEAU DE MAUVAIS AUGURE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 04, le 30 novembre 2018

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