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Diaspora - Récit

Les incroyables souvenirs des « Farahzinhos » à Belém

Deux frères jumeaux, originaires de Tyr, ont capté dans un ouvrage toute l’âme de la ville de Belém, en Amazonie, où s’était installé leur père.

Yasmine Farah en compagnie de ses grands-tantes María Yêda et María Laís.

Qui eût cru que du cœur de l’Amazonie, il serait possible de reconstituer la composition de la famille Farah tout comme elle existait il y a cinquante ans à Tyr ? Un tour de force qui illustre toute la puissance de l’expansion libanaise qui n’attend des Libanais résidents que de simples signaux pour réconcilier les membres de la diaspora avec leur pays d’origine et raviver le Liban.

Je me suis retrouvé au fin fond du Brésil en compagnie de María Yêda et María Laís, cousines paternelles de mon père François, véritables sosies de leurs tantes paternelles Émilie et Labibé, que j’avais connues enfant alors qu’elles étaient en fin de vie. Nous nous retrouvons dans une ambiance de joie indicible, nous avons tant de choses à nous raconter ! Elles veulent tout savoir après tant d’années passées loin de leur famille et de leur ville d’origine.

Avec ma fille Yasmine, je fais la connaissance de leur frère Alexandre, dans une modeste maison de la ville de Belém dans l’État du Pará, dans un quartier qui avait dans le temps appartenu tout entier à son père Fouad et son oncle Philippe : ces derniers travaillaient principalement dans l’industrie du caoutchouc et avaient construit une église. Leurs enfants et leurs descendants constituent aujourd’hui une famille nombreuse de plus de 70 personnes, dont la majorité souhaite récupérer la nationalité libanaise. Les jeunes hommes, en grande partie, sont engagés dans la police militaire de Belém, réputée pour sa force de dissuasion, et se distinguent tout comme leurs parents dans les clubs sportifs locaux de football et basket-ball.

Un esprit modernisateur

Alexandre a effectué un véritable travail d’archives relaté dans un texte plein d’humour, écrit avec son frère jumeau Joseph, décédé il y a quelque temps, sur les enfants terribles qu’ils étaient. Le livre, édité en 1992, est intitulé Les incroyables souvenirs des Farahzinhos (ou petits Farah). Cet ouvrage de 220 pages contient plus de 200 photos authentiques et caricatures sur 32 chapitres.

Alfredo Oliveira, un ami proche des jumeaux, écrit en postface : « La terrible renommée des Farahzinhos a envahi la ville de Belém des années 1950. C’était l’époque où la classe moyenne accélérait son apprentissage consumériste, la liberté sexuelle franchissait les barrières, l’industrie locale exigeait la suppression de l’extraction de ressources, la jeunesse demandait la création d’universités, les anciennes oligarchies politiques tentaient de faire obstacle à l’affirmation des thèses du nationalisme économique et doctrinal. Et Belém s’est modernisée pour vivre en confrontation avec les années d’or, qui ont également déclenché les sabotages des Farahzinhos. »

Pour les journalistes Coely Silva et Ronaldo Duque, « durant de nombreuses années, Joseph (Zé) et Alexandre ont démystifié toutes les pseudo-valeurs d’une ville de province moraliste et toujours attachée à une époque d’isolationnisme. En analysant le phénomène Farahzinhos, nous arrivons à la conclusion que, dans ce contexte précis, ils n’étaient rien de plus que deux garçons sains, généreux et frais, qui ont su assimiler comme personne l’esprit libéral du père, Fouad Iskandar Farah, qu’il apporta dans les années 1920 en venant s’installer à Belém. »

Ces multiples farces sont racontées de vive voix par Michel, Rocco, Patrice, Jean, Pablo, Ana, Alexandra, alors que nous découvrons le patrimoine touristique de Belém, avec de superbes monuments comme le Teatro da Paz, la basilique Nossa Senhora de Nazaré, le quartier commercial portuaire aux magnifiques couleurs. Sur l’Ilha do Combu, en pleine forêt amazonienne, nous avons fait une pause au restaurant de Farid, de père libanais, car là aussi, dans cette contrée éloignée du Brésil, s’installèrent de nombreuses familles venues du Liban, dont notamment les Chamieh, Tohmé, Baradhi, Ghabe et Farah de Tyr.

Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban.

E-mail : monde@rjliban.com – www.rjliban.com

Qui eût cru que du cœur de l’Amazonie, il serait possible de reconstituer la composition de la famille Farah tout comme elle existait il y a cinquante ans à Tyr ? Un tour de force qui illustre toute la puissance de l’expansion libanaise qui n’attend des Libanais résidents que de simples signaux pour réconcilier les membres de la diaspora avec leur pays d’origine et raviver le Liban....