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Moyen Orient et Monde - Conflit

Le Hamas distribue les dollars qataris à Gaza

L’enclave connaît un moment d’apaisement grâce aux tractations diplomatiques.

Un Palestinien montre une liasse d’argent à Gaza. Saïd Khatib/AFP

De longues files de Palestiniens se sont formées hier à Gaza pour toucher des arriérés de salaire ou des aides financés, selon le Hamas, par le Qatar, dans un nouvel effort pour dissiper les tensions dans et autour du territoire sous blocus. Dans un autre signe de décrispation au moins temporaire, l’enclave, théâtre pendant des mois de manifestations et de heurts avec l’armée israélienne le long de la barrière séparant Israël de la bande de Gaza, a connu un second vendredi consécutif de mobilisation contenue. Un Palestinien a été tué et 37 autres blessés par des tirs israéliens, selon le ministère gazaoui de la Santé. Mais Gaza a connu des vendredis bien plus sanglants depuis le 30 mars.

Des centaines de Palestiniens se sont rassemblés en différents points, mais pour la majorité à relative distance de la barrière gardée par les snipers israéliens, et les affrontements ont été limités, ont constaté des journalistes de l’AFP et des témoins. Singulièrement, un convoi diplomatique qatari approchant les manifestants à l’est de la ville de Gaza a essuyé des jets de pierres et a rapidement rebroussé chemin, alors que c’est de cette monarchie du Golfe qu’est venu un nouveau signe de potentielle détente plus tôt dans la journée.

Des dizaines de Palestiniens se sont en effet pressés dans la matinée devant les guichets des bureaux de poste, exceptionnellement ouverts vendredi et samedi, exhibant ensuite plusieurs billets de cent dollars. « Je suis venu chercher 400 dollars, au titre de mon salaire de juillet », dit Fadi Abou Safia, fonctionnaire de 35 ans. Mohammad Abed al-Hadi, 27 ans, est venu, lui, collecter 700 shekels (190 dollars) versés aux Palestiniens blessés dans les violences des derniers mois, « une belle somme au vu des conditions dans lesquelles nous vivons ».

Valises d’argent

Au total, ce sont 90 millions de dollars qataris qui doivent être distribués en six tranches mensuelles de 15 millions, selon le Hamas, principalement pour payer au moins partiellement les fonctionnaires du mouvement islamiste au pouvoir dans l’enclave.

Depuis des mois, des dizaines de milliers de fonctionnaires ne sont plus payés que sporadiquement, ajoutant aux tensions dans l’enclave palestinienne éprouvée par les guerres, les blocus israélien et égyptien, la pauvreté et les pénuries. Fait exceptionnel, l’État hébreu, qui contrôle tous les accès au territoire en dehors de la frontière égyptienne, a laissé jeudi soir l’ambassadeur du Qatar à Gaza, Mohammad al-Emadi, franchir le point de passage d’Erez entre Israël et l’enclave avec des valises pleines de dollars, ont indiqué sous le couvert de l’anonymat une source au sein du Hamas et une source palestinienne à la frontière. Aucune confirmation n’a été obtenue côté israélien. Le Qatar, qui n’entretient pas de relations diplomatiques avec Israël, soutient de longue date le Hamas, considéré comme « terroriste » par l’État hébreu et jugé infréquentable par une partie de la communauté internationale. L’opération n’est pas validée par l’ONU, mais elle s’inscrit plus largement dans les efforts déployés, notamment par le voisin égyptien et les Nations unies, en vue d’une trêve durable entre Israël et le Hamas, après des mois de violences.

Au moins 221 Palestiniens ont été tués depuis le 30 mars par des tirs israéliens. Un soldat israélien a été tué par un sniper palestinien. Israël réclame un retour au calme, le Hamas un allègement du vigoureux blocus imposé depuis plus de dix ans par l’État hébreu. Une amélioration des conditions de vie, en particulier le paiement des fonctionnaires, passe pour un important facteur de détente. Un Gazaoui sur deux vit sous le seuil de pauvreté, et l’économie gazaouie est en « chute libre », selon la Banque mondiale.

« Gangstérisme »

Le Qatar joue un rôle éminent dans l’effort de détente. Sous les auspices de l’ONU, il a accepté de financer pendant six mois, pour 60 millions de dollars, du fioul destiné à la seule centrale électrique du territoire. Les livraisons débutées en octobre, avec l’aval israélien, ont commencé à résorber partiellement une pénurie chronique de courant. Le Qatar a aussi décidé cette semaine de verser 5 millions de dollars d’aide à 50 000 familles pauvres de Gaza.

L’entreprise d’apaisement fait grincer des dents de part et d’autre, notamment du côté de l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas. Évincée de Gaza par le Hamas en 2007 alors qu’elle est l’interlocutrice historiquement reconnue de la communauté internationale, l’Autorité se juge court-circuitée et redoute une reconnaissance de fait et la pérennisation du contrôle du Hamas sur Gaza. Ce qu’a fait l’ambassadeur du Qatar s’apparente à des « agissements de gangster », a dit à l’AFP Ahmad Majdalani, un proche de M. Abbas.

Du côté israélien, le ministre de la Défense Avigdor Lieberman a déjà dit ne pas croire possible un arrangement avec le Hamas. Lors d’une réunion avec des collaborateurs jeudi, il a dénoncé le feu vert israélien au transit de fonds qataris comme une « capitulation devant le terrorisme », a rapporté le quotidien Yediot Aharonot.

Source : AFP

De longues files de Palestiniens se sont formées hier à Gaza pour toucher des arriérés de salaire ou des aides financés, selon le Hamas, par le Qatar, dans un nouvel effort pour dissiper les tensions dans et autour du territoire sous blocus. Dans un autre signe de décrispation au moins temporaire, l’enclave, théâtre pendant des mois de manifestations et de heurts avec l’armée...

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