Le tribunal correctionnel de Paris est allé en-deçà des réquisitions du parquet, qui réclamait de six à neuf ans d'emprisonnement à l'encontre des prévenus, âgés de 25 à 28 ans.
Norman L., qui s'était proclamé initiateur de cette tentative de vol à main armée avec séquestration, et Nassim B., qui avait pris "la direction idéologique" de l'équipe selon l'accusation, ont été tous deux condamnés à sept ans de prison. Le tribunal a assorti leur peine d'une période de sûreté des deux tiers.
"Un peu plus en retrait" du projet, Sami L. a été condamné à cinq ans d'emprisonnement avec une période de sûreté de moitié.
Selon les investigations, le trio, interpellé le 20 décembre 2016, projetait de séquestrer le personnel du manoir de Portejoie dans l'Eure, qui accueille notamment des réceptions de mariage. Il comptait dérober l'argent d'un coffre-fort et le dissimuler dans des "trous" auparavant creusés dans une forêt voisine, pour financer ultérieurement un départ en Syrie.
Le procureur a demandé une "sanction sévère" contre les trois prévenus, "totalement radicalisés" et "extrêmement dangereux". Il a rejeté par anticipation une ligne de défense qui consisterait à présenter le trio comme des "pieds nickelés" au "projet fumeux, non abouti".
Tous trois voulaient intégrer les rangs de l'organisation jihadiste "en parfaite connaissance de cause", après les attentats terroristes meurtriers de 2015 en France, avait-il estimé.
Jugés depuis lundi pour association de malfaiteurs à visée terroriste, les trois hommes - tout comme le parquet - ont dix jours pour faire appel.
Dénonçant des "réquisitions excessives", leurs avocats ont tour à tour souligné l'absence de preuves matérielles et plaidé la relaxe.
"L'état d'esprit, aussi vilain qu'il soit, ne justifie pas une condamnation. Il faut aussi les éléments matériels et il n'y en a pas", a ainsi critiqué l'avocat de Nassim B., Xavier Nogueras.
"Ce que vous avez dans ce dossier, c'est une idéologie. Qu'en est-il des actes matériels préparatoires? Il n'y a rien", a abondé Karim Laouafi, demandant la relaxe de Norman L. "au bénéfice non pas du doute mais du droit".
Pour le parquet au contraire, des réunions régulières au domicile de Nassim B., des filatures policières prouvant des repérages à proximité du manoir et des écoutes téléphoniques évoquant notamment une recherche d'arme, constituaient suffisamment d'éléments à charge.
L'un des membres de l'équipe, Norman L., avait par ailleurs fait des aveux en garde à vue et avait impliqué ses deux amis, un intérimaire comme lui et un étudiant en école d'ingénieur, avant de revenir sur ses déclarations. Lors de l'audience, il a dédouané ses coprévenus, qui ne l'ont, selon lui, "jamais pris au sérieux".
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