Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Yazidis: la FIDH réclame des poursuites pour "crimes contre l'humanité" contre des jihadistes étrangers


Nadia Murad, la jeune yazidie de 25 ans récompensée début octobre du prix Nobel de la paix, en train de quitter l'Elysée après avoir rencontré le président Emmanuel Macron, le 25 octobre 2018 à Paris. REUTERS/Christian Hartmann

La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) demande aux juridictions nationales et internationales d'élargir aux "crimes contre l'humanité" les poursuites contre les jihadistes étrangers, et notamment français, impliqués dans les crimes sexuels commis contre la minorité yazidie en Irak.

La FIDH appuie cette revendication sur un rapport présenté jeudi à Paris avec l'organisation Kinyat, en présence de Nadia Murad, la jeune yazidie de 25 ans récompensée début octobre du prix Nobel de la paix.

Dans leur enquête, basée en partie sur les témoignages de 16 survivantes, les deux associations donnent des éléments qui peuvent permettre à la justice d'identifier des jihadistes étrangers impliqués dans les crimes commis contre les Yazidis. "Des jihadistes français, allemands, américains, saoudiens, libyens, tunisiens, libanais, palestiniens, yéménites et chinois figurent parmi les nationalités documentées par Kinyat et la FIDH", selon un communiqué de la FIDH.

"La FIDH et Kinyat appellent les juridictions nationales à élargir les poursuites et charges retenues pour rendre compte de la réalité des crimes commis par les membres de Daesh et garantir l'accès des victimes à la justice", poursuit le communiqué.

En aout 2014, des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) avaient envahi le mont Sinjar, fief de cette minorité religieuse kurdophone dans le nord de l'Irak, tuant des milliers d'entre eux et enlevant des milliers de femmes et d'adolescentes, pour les réduire à l'état d'esclaves sexuelles.

Plus de 6.800 Yazidies auraient été retenues captives, 4.300 se seraient échappées ou auraient été rachetées, 2.500 seraient encore "disparues", affirme le rapport.

"Un jihadiste qui revient en France va aller vers la justice terroriste. Ce n'est pas suffisant, on est ici dans un registre encore plus grave", a expliqué l'avocat de la FIDH, Me Patrick Baudouin. En ne retenant pas les qualifications de crimes contre l'humanité, "on ne va pas au bout de la vérité et on ne prend pas assez en compte le sort subi par les victimes".

Selon le gouvernement en février, 255 adultes français étaient rentrés de la zone jihadiste irako-syrienne, sur environ 1.700 personnes parties sur place à partir de 2014. Elles font systématiquement l'objet de poursuites menées par le pôle antiterroriste du tribunal de Paris.

Le pôle spécialisé dans les crimes contre l'humanité, où les dossiers liés au génocide rwandais ont longtemps prédominé, était chargé, au printemps dernier, de 27 procédures liées au conflit en Syrie et en Irak, dont 17 au stade de l'enquête préliminaire, selon une source judiciaire.

"Nous souhaitons que ces deux pôles travaillent de façon plus coordonnée (...). Il y a une évolution favorable dans ce sens", a relevé Me Baudouin.

Les deux associations demandent aussi à la procureure de la Cour pénale internationale "d'ouvrir un examen préliminaire" des crimes commis par des jihadistes ressortissants d'Etats qui reconnaissent la CPI, et qui ne seraient pas poursuivis dans leurs pays.

La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) demande aux juridictions nationales et internationales d'élargir aux "crimes contre l'humanité" les poursuites contre les jihadistes étrangers, et notamment français, impliqués dans les crimes sexuels commis contre la minorité yazidie en Irak. La FIDH appuie cette revendication sur un rapport présenté jeudi à Paris avec...