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Diaspora - Festival

Le septième art libanais, pour bâtir des ponts culturels avec le Canada

Jusqu’en mai, des œuvres cinématographiques libanaises seront projetées dans cinq grandes villes canadiennes pour rapprocher la diaspora libanaise et les Canadiens de la culture du pays du Cèdre.

Les organisateurs et certains acteurs de la deuxième édition du Festival du film libanais au Canada. De gauche à droite : Patricia Chamoun, Gilbert Sakr, Hay-Love Hadchiti, Camille Salamé, Nada Abou Farhat, Badih Abou Chakra, Fouad Farès et Sam Lahoud. Photos Maude Petel-Légaré

C’est l’une des dernières journées de l’été au Québec, avant que la saison froide n’arrive et que les feuilles d’arbres ne virent au rouge, à l’orange et au jaune. Plus de 300 personnes se retrouvent pour la cérémonie d’ouverture du Festival du film libanais au Canada dans la ville de Laval, en périphérie de Montréal, au cours de laquelle est projeté L’insulte de Ziad Doueiri.

Le festival a ouvert ses portes pour la deuxième année consécutive dans les villes de Montréal, Laval et Ottawa. Grâce au succès de l’année dernière, il se déplacera aussi cette année à Toronto en octobre, à Vancouver en mars et à Halifax en mai, pour rejoindre toutes les diasporas libanaises du pays. Pour une durée d’une semaine dans chaque ville, le festival devrait accueillir près de 2 500 personnes par destination. Au programme : des longs-métrages, dont Listen de Philippe Aractinji ou Mahbas de Sophie Boutros, des courts-métrages et des discussions sur des thématiques et des enjeux en rapport avec le Liban.


Redécouvrir sa culture d’origine
À l’entrée, une musicienne, saxophone à la main, interprète la chanson-thème Li Beirut de Fayrouz, rappelant à plusieurs invités leur ville d’origine. Brochures à la main, des jeunes comme des moins jeunes discutent avec des réalisateurs et des acteurs, dont Camille Salamé, Nada Abou Farhat et Badih Abou Chakra. Pour beaucoup, ce festival permet de rebâtir des ponts culturels avec leur pays d’origine.

Lorsque la cofondatrice du festival, Hay-Love Hadchiti, a immigré au Canada, elle a remarqué que la diaspora libanaise n’avait pas accès aux œuvres artistiques étrangères à son pays d’adoption. « Les Libanais qui vivent dans la diaspora n’ont pas la chance de découvrir les productions libanaises, déplore-t-elle. Nous avons décidé de montrer à nos communautés que le cinéma libanais est toujours en forme. »

« Ce festival m’a permis de redécouvrir le cinéma libanais », explique pour sa part Anthony Dagher, qui animait le tapis rouge, vêtu d’un nœud papillon et micro à la main. Pour ce Montréalais d’origine libanaise de 23 ans, qui travaille dans le domaine des médias, participer à ce festival renforce son attachement à son identité libanaise. « Certains Libanais ne parlent plus arabe, et puisque les films sont sous-titrés, cela leur permet de comprendre un peu plus leur culture, témoigne-t-il. Je suis très content de partager ma culture au Québec. » Avec près de 300 000 Libanais de première et de deuxième générations, le Canada est un lieu de prédilection pour accueillir ce festival, affirme le cofondateur du festival Sam Lahoud. « Il y a quelque chose dans notre identité libanaise qui fait en sorte que nous souhaitons rester connectés à notre pays », souligne-t-il fièrement.


Partager un héritage culturel
Promouvoir l’art libanais dans son pays d’adoption est indispensable pour Marcelle Aleid, cinéaste d’origine syrienne qui s’occupe de la branche torontoise du festival. « Le Canada est un réel mélange de cultures, il pourrait être comparé à une mosaïque, souligne-t-elle. Ce festival permet de montrer cette partie libanaise et arabe qui complète la mosaïque culturelle du pays. »

Les organisateurs souhaitent sensibiliser le grand public, surtout les non-Libanais, au potentiel artistique libanais.

« Ce festival ouvre la porte à un dialogue interculturel, étant donné que les Canadiens pourront mieux comprendre notre culture par le biais de l’audiovisuel », explique Sam Lahoud, très heureux de discuter avec les nombreux invités. C’est ce dont la Montréalaise Clémence Braihic, qui accompagnait une amie libanaise au festival, est convaincue. « C’est très intéressant de découvrir autre chose, témoigne-t-elle. Ce festival montre qu’il y a une ouverture d’esprit et apporte un autre point de vue culturel. »

En plus de préparer des débats sur les projections, les organisateurs proposent un volet éducatif lié à la diversité culturelle et à l’art libanais. « Nous ne nous contentons pas de visionner des films grand public, nous intervenons aussi au niveau universitaire avec des étudiants en cinéma et en théâtre », précise le directeur de stratégie du festival, Fouad Farès. « Les films couvrent tous les aspects de la culture en montrant les rues, les relations interpersonnelles, la mode, la gastronomie, la vie au quotidien, créant une connexion directe avec les spectateurs », souligne Sam Lahoud.

Bien que ce festival soit ouvert à tous, les non-Libanais restent minoritaires. « J’espère qu’avec le temps, un public multiculturel s’intéressera davantage aux œuvres artistiques libanaises », souligne Yasser Hachem, artiste. Toutefois, le festival gagne en popularité. Les organisateurs ont signé, en septembre dernier, un accord avec le ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport de la province d’Ontario. « Nous allons travailler ensemble pour que ce soit un festival d’une plus grande envergure et pour qu’il puisse toucher un plus grand nombre de Canadiens et de Libanais », se félicite Fouad Farès, très heureux de cette opportunité qui permettra de promouvoir l’industrie culturelle libanaise à l’international.


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