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Culture - Beau livre

Enfin une approche inédite de la photographie au Liban !

« Sur la photographie au Liban, récits et essais » est un ouvrage de haut vol sur la photographie, cette technologie de pointe devenue art à part entière aujourd’hui. Ici, les images et le verbe cheminent côte à côte et se complètent.


Portrait de famille anonyme publié et commenté dans « Sur la photographie au Liban, récits et essais », éd. Kaph.

Sous la direction de Clémence Cottard Hachem et Nour Salamé, Sur la photographie au Liban, récits et essais*, gros pavé à la reliure cartonnée qui se rapproche des lourdes manipulations des livres d’art, se place d’emblée, par son exergue tirée du Discours de la lumière d’Alhazen au XIe siècle, dans la case des explications sur le contexte et la précision (ou le flou) d’une photographie. Mais aussi de son environnement, de sa temporalité, de sa théâtralité, de son objectivité, de sa partialité, de sa spontanéité… Voici une tranche de vie concernant le Liban de 1842 à 2018, un large panorama pour une palette d’instantanés qui touchent à tous les rayons et strates de l’histoire de la vie libanaise.

Du simple paysage de la Békaa, des Cèdres, du château de Tripoli et de Beyrouth (effervescente bulle de dolce vita ou zone incendiaire écrasée par la guerre), aux majestueuses colonnes de Baalbeck, en passant par les compositions les plus inattendues d’Akram Zaatari, de Rana Mattar, Roland Sidawi, Walid Raad, Joana Hadjithomas, Khalil Joreige et bien d’autres, se déroule le ruban et crépitent les pépites aux mille nuances d’une terre vouée à tant de retournements…

Écheveau et réseaux

En basculant dans la culture numérique, avec le risque de voir la photographie objet à toutes les consommations et disséminations technologiques, il est temps de savoir démêler l’écheveau de réseaux qui conduisent à la naissance d’une image, d’une photo. À cet éphémère qui s’oppose à la longévité, pour éviter de parler d’éternité, à cette prise de vue basique qui s’érige en expression transcendée…

Dans ce livre touffu, aux ramifications denses, aux approches diverses, faisant croiser esprit scientifique et philosophique, le sujet est saisi à travers un prisme fragmentaire et multiple à la fois. Ici voisinent, un peu pêle-mêle, sans méthodologie concise, dans une structure convenue et consensuelle comme la mosaïque de communautés qui font la tessiture du Liban, le naturel, le réaliste, le construit, l’individuel, le général, l’historique, l’enseigné, l’imaginaire, l’artistique, le poétique, l’empirique, le pragmatique, le lyrique, le précis, l’imprécis…

Pour cela, en abordant des signatures comme celles de Dominique Eddé, Fouad Elkoury, Hoda Kassatly, Patrick Baz, Levon Nordiguian, Étel Adnan, Vartan Avakian et Bernard Khoury, entre autres, on aborde le terrain des conversations, des discussions constructives, des opinions qui sortent des chemins battus et des confessions éclairantes. Mais aussi bien entendu des possibilités et des probabilités de jeter la base à des théories, de tenter d’expliquer, par une certaine réflexion, les pages de l’histoire et de l’art. De cerner passé et présent tout en pointant du doigt le futur.

Quarante regards

Le Liban est ainsi enfermé dans l’écrin d’une quarantaine de contributeurs invités comme pour une table ronde, une sorte de forum animé ou un cercle d’intellectuels débattant un thème qu’ils se partagent selon leurs penchants, inclinations, éclairages, vues, perspectives, disciplines et affinités. Des chercheurs, des artistes, des essayistes, des écrivains, des archéologues, des photographes, des cinéastes, des curateurs, des collectionneurs se penchent pour interroger et fouiller une réalité plurielle. Celle de la photographie (qui explose actuellement aux cimaises de toutes les galeries de la capitale) au cœur du pays du Cèdre. Quarante regards et plumes pour attester d’une présence, pour la clarifier, la rendre plus tangible, palpable et perceptible. Celle de la photographie au Liban dont l’importance, l’impact, les nappes phréatiques souterraines sont d’inépuisables sources, non seulement de beauté, de poésie et d’émotion, mais aussi de savoir et de constats.

À la fois témoignage, empreinte et analyse, en fragments aux correspondances secrètes et interactives, ce livre jette les fondements pour une approche inédite de la photographie. Non celle facile et légère, comme on aurait parlé d’une peinture de dimanche, mais sérieuse et grave comme une étude universitaire, un topo strictement professionnel. Car il s’agit, dans ces pages débordant de connaissances, d’avoir un outil de travail rare et une référence de source pure à un monde qui découvre l’importance capitale d’une expression qui emboîte le pas à un siècle dépassé par ses propres technologies.

Outre l’aspect savant des textes, d’un patent professionnalisme, tout compte fait, il faut l’avouer, réservé à un lectorat élitiste, demeure la beauté des photographies (mais il y a des inégalités d’apport de qualité), dont certaines sont d’un rayonnement radieux. Une photo qui, avec ses effets de sfumato, de contrastes dégradés, de tonalités renforcées, de contours floutés, de silhouettes photoshopées, de neutralité délibérée, parfois, si ce n’est souvent (et c’est là l’apport personnel de l’artiste), transcende la simple réalité, la détourne, la dévoie, lui fait dire bien au-delà de ce que perçoit l’œil nu... Pour emmener le spectateur, « le regardeur » dit l’ouvrage vers des rives insoupçonnées pour une lecture plus ample, nouvelle et renouvelée… C’est cela le récent miracle de la photographie !

« Sur la photographie au Liban, récits et essais », 383 pages. Éditions Kaph.

Sous la direction de Clémence Cottard Hachem et Nour Salamé, Sur la photographie au Liban, récits et essais*, gros pavé à la reliure cartonnée qui se rapproche des lourdes manipulations des livres d’art, se place d’emblée, par son exergue tirée du Discours de la lumière d’Alhazen au XIe siècle, dans la case des explications sur le contexte et la précision (ou le flou) d’une...

commentaires (2)

LA PHOTOGRAPHIE EST UN DON, ELLE EST DES SOUVENIRS, ELLE REFLETE LES IMAGES ET LES AMES SOUVENT... SA PRESENTATION EST UNE EXPERTISE ET UN DON... MAIS ELLE MEME N,EST JAMAIS UN ART !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 02, le 15 octobre 2018

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Commentaires (2)

  • LA PHOTOGRAPHIE EST UN DON, ELLE EST DES SOUVENIRS, ELLE REFLETE LES IMAGES ET LES AMES SOUVENT... SA PRESENTATION EST UNE EXPERTISE ET UN DON... MAIS ELLE MEME N,EST JAMAIS UN ART !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 02, le 15 octobre 2018

  • Une référence ? Une Base de données ? Un voyage ? Ce sont les photos qui temoignent le mieux son époque. Excellent livre en tout cas.

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 19, le 15 octobre 2018

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