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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

En Israël, Merkel se fait le porte-voix de la lutte contre l’antisémitisme

Avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, la chancelière allemande a abordé le sujet de l’Iran et du problème palestinien.

La chancelière allemande Angela Merkel observe une minute de silence après avoir déposé une gerbe de fleurs dans la « salle du souvenir » au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, le 4 octobre 2018. Debbie Hill/Pool via Reuters

C’était une visite éclair au ton à la fois solennel et politique pour Angela Meckel. La chancelière allemande s’était rendue mercredi soir, pour 24h, en Israël où elle a été reçue par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Accompagnée de son commissaire du gouvernement pour la lutte contre l’antisémitisme Felix Klein, elle a effectué un déplacement au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, bâti à la mémoire des victimes de la Shoah. La venue de Mme Merkel a coïncidé, à quelques semaines près, avec le 80e anniversaire de la « Nuit de cristal » (9-10 novembre 1938, pogrom contre les juifs d’Allemagne). Mme Merkel s’est recueillie et a déposé une couronne de fleurs dans la salle dite « de la mémoire » où sont inscrits au sol les noms des camps de concentration et d’extermination utilisés par les nazis durant l’Holocauste. Quelques instants plus tard, dans le livre d’honneur du mémorial, où signent traditionnellement les chefs d’État qui s’y rendent, la chancelière a rappelé qu’il est de « la responsabilité perpétuelle de l’Allemagne d’entretenir la mémoire de ce crime et de s’opposer à l’antisémitisme, à la xénophobie, à la haine et à la violence ». Une attitude saluée par le Premier ministre israélien. Durant sa visite en Israël, Mme Merkel s’est également vu décerner un doctorat honoris causa de l’université de Haïfa. Après la cérémonie, elle a affirmé que l’existence d’une communauté juive « florissante » en Allemagne est aujourd’hui « un miracle », faisant partie de l’« identité » allemande.Même si ce n’est pas la première fois que la chancelière se rend en Israël et encore moins au mémorial de Yad Vashem, elle a cette fois-ci voulu rappeler l’entente de l’Allemagne avec l’État hébreu, notamment dans le contexte de la lutte contre l’antisémitisme qui gronde de plus en plus fort en Europe et en Allemagne en particulier, et dont les deux pays s’inquiètent.


(Pour mémoire : Netanyahu à Merkel : L’objectif de l’Iran est de « mener une guerre de religion en Syrie »)


Une hausse inquiétante

Il y a « malheureusement beaucoup d’antisémitisme » en Allemagne, avait dit Mme Merkel avant son départ pour Jérusalem. Selon le Centre d’information et de recherche sur l’antisémitisme (RIAS) situé à Berlin, 947 « incidents » ont été enregistrés en 2017, soit une augmentation de 60 % par rapport à 2016, où 590 cas avaient été enregistrés. Ceux-ci peuvent ainsi être de natures différentes, comme des agressions en pleine rue (parfois même organisées volontairement par des individus d’une autre confession pour montrer le degré d’antisémitisme présent en Allemagne), des attaques contre des commerces, des actes de propagande, des insultes et même des faits artistiques (à travers la musique notamment). Par ailleurs, selon des chiffres de la police allemande révélés dans un article du journal Le Monde paru en avril dernier, 95 % des auteurs d’acte antisémite en Allemagne en 2017 sont liés à l’extrême droite.

Cette branche est représentée par l’« Alternative pour l’Allemagne » (l’AFD, Alternative für Deutschland) qui avait remporté, lors des dernières élections législatives allemandes du 24 septembre 2017, près d’une centaine de sièges au Parlement allemand, le Bundestag, une première en Allemagne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de ses membres ont tendance à adopter des postures révisionnistes qui inquiètent la communauté juive. Charlotte Knobloch, dirigeante de l’Association juive de Munich, décrivait l’année dernière l’AFD comme étant « un cauchemar devenu réalité » : « Je suis inquiète pour la démocratie. Pour la première fois depuis 1945, un parti d’extrême droite est fortement représenté au Parlement. » « C’est la plus grande épreuve que la République fédérale ait connue depuis sa création », affirmait de son côté un communiqué du Comité central des juifs d’Allemagne. Mais si la montée de l’antisémitisme a été l’un des principaux objets de la visite de Mme Merkel, d’autres thèmes ont été abordés lors de son entretien avec M. Netanyahu, notamment la question palestinienne et l’Iran.


(Pour mémoire : Berlin juge "assez extrêmes" les effets de l'antisémitisme en France)



Accord sur les principes, pas sur les moyens

L’Allemagne et Israël se sont entendus sur plusieurs points : faire en sorte de ramener l’influence iranienne en Syrie au « plus près possible de zéro », celle-ci représentant pour la chancelière allemande un « danger » pour l’État hébreu, et faire en sorte que l’Iran n’acquière jamais d’armes nucléaires. Mais là où les deux pays divergent, c’est sur les moyens d’y parvenir. « Nous croyons fermement, et partageons tout à fait la position d’Israël selon laquelle tout doit être fait pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Là où nous ne sommes pas toujours sur la même ligne, c’est en ce qui concerne la voie à suivre pour atteindre cet objectif », a déclaré la chancelière.

En ce qui concerne les Palestiniens, Mme Merkel a répété son attachement à la solution dite « à deux États » et a dans le même temps exprimé sa préoccupation envers la politique israélienne de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, en mentionnant notamment la possible démolition par les autorités israéliennes du village bédouin de Khan al-Ahmar, en Cisjordanie occupée. Par ailleurs, le sort de la bande de Gaza, dont la situation économique et humanitaire est inquiétante, a été aussi traité. M. Netanyahu, d’après le quotidien israélien Haaretz, met l’entière responsabilité de la situation à Gaza sur le dos du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il l’accuse de bloquer les fonds monétaires destinés à l’enclave, entraînant la dégradation de l’économie locale. Le Premier ministre israélien a enfin averti que si le Hamas, qui envoie régulièrement des roquettes vers l’État hébreu, venait à utiliser cette situation économique difficile pour attaquer une nouvelle fois Israël, il s’exposerait à une réponse « très dure ».




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commentaires (4)

et les israeliens qui crient : mort aux arabes, les arabes à la mer et d'autres choses, Merkel elle dit quoi ?

Talaat Dominique

19 h 09, le 05 octobre 2018

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Commentaires (4)

  • et les israeliens qui crient : mort aux arabes, les arabes à la mer et d'autres choses, Merkel elle dit quoi ?

    Talaat Dominique

    19 h 09, le 05 octobre 2018

  • Que peut faire d'autre une esclave face à ses maîtres qui les ont battu et soumis. La seule consolation pour elle c'est qu'elle nedt pas seule dans cette situation. Rares sont les pays qui refusent cette humiliation.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 44, le 05 octobre 2018

  • HISTOIRE IMPOSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 29, le 05 octobre 2018

  • Madame Angela Merkel, si vous vous faisiez le porte-parole de la lutte contre les violences et l'injustice infligées quotidiennement par Israël aux Palestiniens...qui eux n'y sont pour rien de l'antisémitisme que les Juifs ont subi jadis par Adolf Hitler ? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 54, le 05 octobre 2018

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