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Moyen Orient et Monde - Idleb

L’opposition syrienne, Damas et Téhéran saluent l’accord russo-turc

Des habitants de Binnich, dans la province d’Idleb, célébraient lundi soir l’annonce de l’accord turco-russe. Omar Haj Kadour/AFP

Plusieurs représentants de l’opposition syrienne se sont félicités hier de l’accord russo-turc conclu lundi sur la province d’Idleb, qui a permis d’éviter une offensive gouvernementale de grande ampleur et qui voue, selon eux, à l’échec les promesses de reconquête de Bachar el-Assad.

Les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan se sont mis d’accord sur la création d’une zone démilitarisée pour séparer les forces gouvernementales et la rébellion dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie. Cette zone tampon sera en place à la mi-octobre et les rebelles « d’orientation radicale », y compris l’ex-Front al-Nosra, en seront exclus, ce qui signifie qu’ils devront quitter la région. L’accord a permis d’écarter au moins provisoirement l’hypothèse d’une vaste offensive sur ce dernier grand bastion de l’insurrection.

Outre les rebelles, trois millions de personnes vivent dans cette région et les Nations unies craignaient une catastrophe humanitaire de grande ampleur. M. Erdogan, qui redoutait un nouvel exode en Turquie où s’entassent déjà 3,5 millions de réfugiés syriens, était très hostile à cette offensive. L’accord de lundi semble reconnaître à Ankara le droit d’intervenir dans la région, ce qui semblait inacceptable pour Damas.

« L’accord d’Idleb préserve la vie des civils et empêche qu’ils soient directement pris pour cible par le régime. Il enterre le rêve d’Assad de reprendre le contrôle de toute la Syrie », s’est félicité Moustapha Sedjari, membre de l’Armée syrienne libre. « Cette zone restera entre les mains de l’Armée syrienne libre et le régime comme ses partisans seront contraints d’entamer un processus politique sérieux qui mènera à une véritable transition et à la fin du régime d’Assad », a-t-il ajouté.

« La Turquie sous pression »

Le Comité des négociations mis sur pied pour représenter l’opposition aux pourparlers de Genève parle, lui, d’une « victoire du désir de vivre sur la volonté de tuer ». Le « scénario de l’offensive est pratiquement exclu, en tout cas pour une période assez longue, et nous espérons que ce sera permanent », a déclaré Yahya el-Aridi, porte-parole du comité, joint au téléphone par l’agence Reuters.

La zone démilitarisée doit être surveillée par les forces russes et turques, ont précisé lundi Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, sans expliquer comment ils comptent faire la distinction entre les rebelles « d’orientation radicale » et les autres. Selon le journal progouvernemental syrien al-Watan, la zone s’étendra sur 15 km autour de la ville d’Idleb. L’autorité de l’État devra y être rétablie d’ici à la fin de l’année, une fois que les insurgés auront remis toutes leurs armes lourdes et quitté les zones civiles, poursuit-il. Citant des sources diplomatiques russes, il ajoute que tous les mouvements rebelles hostiles à l’accord seront considérés « comme des terroristes à combattre ».

« Nous ne faisons pas confiance à la Turquie (...), mais il est utile qu’elle puisse mener cette lutte pour priver ces groupes de leurs armes », a commenté l’ambassadeur de Syrie au Liban dans un entretien accordé à la chaîne de télévision libanaise al-Jadeed. « Je vois cela comme un test de la capacité de la Turquie à mettre en œuvre cette décision. Ils sont sous pression et je crois qu’ils vont essayer », a ajouté Ali Abdel Karim Ali.

Saluant lui aussi l’accord, le gouvernement syrien a toutefois promis de poursuivre sa « guerre contre le terrorisme » pour « libérer » chaque mètre carré du territoire national.

L’Iran s’est également félicité de l’accord conclu par la Turquie et la Russie selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Téhéran. « Quelques semaines d’efforts intensifs d’une diplomatie responsable (...) permettent d’éviter la guerre à Idleb et d’obtenir un engagement ferme à combattre le terrorisme extrémiste », a écrit Mohammad Javad Zarif sur son compte Twitter. « La diplomatie, ça marche », a-t-il ajouté.

Scepticisme

L’accord « ne garantit pas qu’une offensive n’est plus sur la table pour le futur », prévient toutefois Lina Khatib, de Chatham House. « Il doit être vu comme le début d’un processus, ce n’est pas la fin du jeu pour Idleb », assure-t-elle. Pour Haid Haid, analyste au groupe de réflexion britannique Chatham House, « ce n’est que le début, la première étape ». M. Haid ne cache cependant pas son scepticisme : « Il est évident que le régime n’est pas satisfait de l’accord. La question, c’est comment va-t-il essayer de le torpiller. »

Sources : agences

Plusieurs représentants de l’opposition syrienne se sont félicités hier de l’accord russo-turc conclu lundi sur la province d’Idleb, qui a permis d’éviter une offensive gouvernementale de grande ampleur et qui voue, selon eux, à l’échec les promesses de reconquête de Bachar el-Assad.Les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan se sont mis d’accord sur la...

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