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Macron lance un plan contre la pauvreté

Le pays comptait en 2016 quelque 8,8 millions de personnes percevant moins de 1.026 euros par mois, soit 14% de la population, selon l'Insee.

Le président français Emmanuel Macron dévoilant un plan de lutte contre la pauvreté, le 13 septembre 2018 au Musée de l'Homme, à Paris. AFP / POOL / Michel Euler

Raillé par ses opposants comme le "président des riches", le président français Emmanuel Macron a repris jeudi l'offensive sur le terrain social en dévoilant un plan de lutte contre la pauvreté de 8 milliards d'euros sur quatre ans.

"Nous nous sommes trop souvent habitués" au "scandale de la pauvreté", a lancé le chef de l'État, appelant "toutes les forces de la Nation" à se mobiliser pour éradiquer la grande pauvreté "en une génération" et "refonder l'Etat providence".

En présentant lui-même la "stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté", Emmanuel Macron cherche à briser l'image de président hors sol privilégiant, selon l'opposition, les plus aisés (dont il a supprimé l'impôt sur la fortune). Une image qui a contribué à sa forte baisse dans les sondages.

Il donne aussi des gages à l'aile gauche de sa majorité, qui appelait à un tournant social de la politique gouvernementale, jugée trop libérale par certains élus.

"Personne n'est premier de cordée si le reste de la société ne suit pas", a-t-il dit, en reprenant une formule qui lui avait valu une volée de bois vert il y a un an et en appelant ces "premiers de cordée à ne pas oublier les derniers de cordée".

Le président s'est placé dans une stratégie de long terme, visant "lutter contre ce déterminisme qui, dès l'enfance, détruit des trajectoires de vie". "La pauvreté ne doit plus se transmettre en héritage" ; or la "réalité" est qu'"il faut 180 ans à un enfant né pauvre pour espérer que les descendants de ses descendants accéderont aux classes moyennes", a-t-il pointé.

La France comptait en 2016 quelque 8,8 millions de personnes pauvres, soit 14% de la population, selon l'Insee. Ce taux monte à 19,8% pour les moins de 18 ans.

Sont considérés comme pauvres celles et ceux qui perçoivent moins de 1.026 euros par mois (pour une personne seule), c'est-à-dire moins de 60% du revenu médian de la population.


(Pour mémoire : « Gaulois réfractaire au changement » : un « trait d’humour », assure Macron)


Repas à un euro

La stratégie antipauvreté met l'accent sur la prévention de la précarité, notamment chez les plus jeunes, et l'aide à la réinsertion vers l'emploi.

Le plan prévoit notamment d'ouvrir davantage les crèches aux enfants de quartiers défavorisés et des repas "à un euro" dans les cantines scolaires.

Pour les jeunes, l'obligation de formation, qui s'arrêtait jusqu'ici à l'âge de 16 ans, sera étendue jusqu'à 18 ans. Des moyens supplémentaires seront attribués aux organismes ad hoc pour qu'ils repèrent les décrocheurs du système scolaire et leur proposent des formations.

En outre, le dispositif "garantie jeune", pour accompagner les 16-25 ans vers l'emploi ou la formation, sera étendu à "500.000 jeunes" d'ici à 2022, contre 100.000 actuellement.

Parallèlement, le gouvernement promet le "développement massif de dispositifs d'insertion par l'activité économique", considérant que "le retour au travail est le meilleur outil de lutte contre la pauvreté". L'ambition est de les étendre à 100.000 bénéficiaires supplémentaires d'ici à 2022, contre 140.000 aujourd'hui.

Le président, qui s'était emporté en juin contre "le pognon de dingue" que représentent les aides sociales, a aussi annoncé une "loi en 2020", visant à créer "un revenu universel d'activité" qui fusionnerait plusieurs prestations sociales pour "garantir un seuil minimal de dignité" à tous.

Ces mesures, de huit milliards d'euros sur quatre ans (jusqu'à la fin du quinquennat), sont déjà "entièrement financées", selon l'Élysée.

Mais l'opposition a dénoncé l'insuffisance des moyens et le flou sur la mise en oeuvre du plan. "A la politique des métaphores (...) nous préférons une politique d'action et de résultats", a réagi Laurence Sailliet (LR, droite) tandis que Rachid Temal (PS, gauche) dénonçait "beaucoup de bonnes intentions et un catalogue à la Prévert", qui ne "compense pas les cadeaux faits aux plus riches", selon Julien Bayou (EELV, écologiste).


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