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Économie - Focus

Le « cash-back » débarque en France dans la distribution

Le groupe de distribution Casino a entamé le déploiement de ce service hier dans ses supermarchés. Photo AFP

Retirer des espèces à la caisse du supermarché ? Cette pratique déjà largement répandue en Europe est devenue possible hier dans une grande enseigne en France, un service bienvenu en zone rurale. Avec le lancement de ce service, la distribution applique une directive européenne ratifiée fin juillet par le Parlement français sur les services de paiement (DSP2), qui autorise les commerçants à fournir des espèces à leurs clients dans le cadre d’un achat par carte bancaire (dit « cash-back »).

De façon générale, l’ordonnance ratifiée actualise le cadre juridique des services de paiement pour l’adapter aux nouveaux types d’acteurs et de produits, mieux protéger le consommateur, renforcer la sécurité des données et soutenir l’innovation. C’est le groupe de distribution Casino qui a entamé le déploiement de ce service hier dans ses supermarchés. Il précise être le « premier distributeur à proposer ce service en France », avec 150 supermarchés concernés à la fin du mois de septembre, avant un déploiement progressif à l’ensemble du parc. « Les clients ayant besoin de retirer des petites sommes d’argent liquide (en billets de 10 et de 50 euros, soit 11,6 et 58 dollars respectivement) peuvent désormais le faire depuis les caisses automatiques lors de leur passage en caisse », explique le distributeur basé à Saint-Étienne. L’objectif étant de « leur faciliter le quotidien » mais surtout de les « dépanner » en cas de besoin d’argent liquide « immédiat » en devenant une solution d’appoint, précise-t-on.

Usage limité

Ailleurs en Europe, c’est bien cet usage de dépannage qui semble s’imposer auprès des consommateurs : selon une étude de la Banque centrale européenne publiée en novembre 2017, le nombre de retraits d’espèces auprès des commerçants de la zone euro ne représente guère plus de 7 % du total des retraits, là où les opérations auprès des automates bancaires approchent les 40 %.

Ce système intéresse toutefois les distributeurs « car il répond à un besoin des consommateurs » même s’il ne s’agit pas d’« attentes massives », affirme à Philippe Joguet, chargé des questions financières à la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), en rappelant que la France possède un « réseau très dense » de plus de 55 000 distributeurs automatiques de billets (DAB). Dans les zones rurales, ce service peut représenter un « gain de temps pour le consommateur », à qui il évite de faire deux arrêts avec sa voiture, a fortiori pour ceux qui considèrent qu’un retrait d’argent au distributeur est « risqué », souligne-t-il.

Le « cash-back » intéressera également des personnes « moins alertes avec les nouvelles technologies », renchérit Matthias Berahya-Lazarus, dirigeant du groupe Bonial, ainsi que les consommateurs aux revenus très modestes, clients des hypermarchés et qui préfèrent « contrôler leurs dépenses ».

Aménagement du territoire

Avec un nombre de DAB « plutôt en train de stagner, voire baisser », et une « baisse régulière du nombre de retraits », ce système illustre plutôt une « volonté d’aménagement du territoire qu’une volonté de revoir la filière des paiements en France », précise une source bancaire.

« Ce sont les pouvoirs publics, plus que les banques, qui poussent pour la mise en œuvre de ce service », renchérit Marin Delattre, consultant chez Sia Partners. Par ailleurs, estime M. Delattre, le « cash-back » peut devenir « une source de revenus supplémentaires pour les commerçants si ceux-ci réussissent à prendre une commission » dessus. Pour M. Berahya-Lazarus, au-delà du service rendu aux clients, ce système sera également utile au distributeur, la gestion du « cash » étant toujours « un problème ». Or, « plus il y a de cash dans les caisses, plus il y a de risque d’erreurs » en fin de journée, explique-t-il.

Reste que le retrait d’espèces chez les commerçants va plutôt à contre-courant du marché des paiements, lancé à pleine vitesse dans le développement de nouvelles solutions numériques avec l’idée, plus ou moins assumée, que l’argent physique finira un jour par disparaître.

Laure BRUMONT et Benoît TOUSSAINT/AFP

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