Turquie : la manifestation de mères de disparus, "exploitée" par des "groupes terroristes", selon un ministre

Les autorités turques ont assuré lundi avoir interdit et dispersé à Istanbul une manifestation des "Mères du samedi", dont les proches ont disparu dans les années 1980 et 1990, car l’événement était "exploité" par des "groupes terroristes".
"Que devions-nous faire ? Fermer les yeux alors que les sentiments maternels étaient exploités par des groupes terroristes ?", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu, cité par l'agence étatique Anadolu. "Nous avons voulu mettre un terme à cette exploitation et à cette supercherie", a-t-il poursuivi, évoquant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et certains groupes d'extrême gauche.

La police turque a dispersé samedi le 700e rassemblement des "Mères du samedi", qui se réunissent chaque semaine depuis le 27 mai 1995, en mémoire de leurs proches que le gouvernement aurait fait disparaître au cours de l'une des plus tumultueuses périodes de l'histoire de la Turquie. Ces disparitions sont survenues dans les années 1980 et 1990, à l'apogée de la rébellion des partisans du PKK, une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Des dizaines de milliers de personnes sont mortes dans le conflit qui oppose le PKK à Ankara depuis 1984.

Les manifestations des "Mères du samedi" étaient systématiquement dispersées par la police de 1999 à 2009, avant d'être tolérées sous haute surveillance. L'intervention policière de ce samedi est la première depuis plusieurs années.

La police a eu recours à des canons a eau et à du gaz lacrymogène pour disperser la foule, selon un photographe de l'AFP.
Une cinquantaine de personnes ont été interpellées samedi, mais ont été relâchées peu après.
Les autorités avaient alors justifié cette intervention par le fait que la manifestation avait été promue sur les réseaux sociaux par des comptes liés au PKK, et qu'aucune autorisation n'avait été demandée pour la manifestation.