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Liban - Citoyen grognon

Saigné à blanc

Les autorités avaient fait la promesse ferme que la grille des salaires accordée aux fonctionnaires ne se répercuterait pas négativement sur la qualité de vie de la population. Mais la réalité est tout autre. L’une après l’autre, les factures mensuelles du citoyen accusent des majorations importantes, parfois même astronomiques, la double facture d’électricité bien sûr, celle de l’eau aussi en cette saison sèche, les écolages de ses enfants… la liste est longue. Même les institutions étatiques se mettent de la partie pour saigner à blanc le contribuable, sourdes à ses droits, aux difficultés qu’il rencontre pour boucler son mois. Mis devant le fait accompli, quel autre choix a-t-il que d’exprimer son ras-le-bol ?

C’est aujourd’hui la municipalité de Beit-Méry qui est montrée du doigt. Pour avoir délibérément majoré les taxes municipales (d’habitation) pour l’année 2018, sans le moindre texte de loi. « J’ai été augmenté de 100 %, écrit à L’Orient-Le Jour un habitant de ce village du Metn. Ma taxe municipale est passée de 195 000 LL à 390 000 LL. » Un autre habitant constate aussi « une majoration de 40 % » de sa facture. Il paiera désormais une taxe annuelle d’un million deux cent mille LL. « Mes rentrées n’ont pourtant pas augmenté d’une seule livre », gronde-t-il. En revanche, et à titre d’exemple, les factures émises par les municipalités de Beyrouth et de Beit Chabab demeurent inchangées par rapport à l’année passée.

Contacté par L’Orient-Le Jour, le président du conseil municipal de la localité confirme l’information, et ajoute qu’elle a été prise par un comité. « Nous n’avons d’autre choix que de majorer la taxe municipale pour faire face aux augmentations de salaires des fonctionnaires imposées par la loi 46 », affirme Roy Abou Chédid. Avec « 70 fonctionnaires, dont 35 cadrés », la municipalité de Beit-Méry, qui s’étend sur 10 millions de mètres carrés, doit à présent « payer en salaires mensuels près de 190 millions de LL, soit plus de 2 milliards 200 millions de LL par an ».
À ce problème de hausses salariales s’ajoute celui « du coût du traitement des déchets, et du centre de tri aménagé dans la vallée de Monteverde », lors de la crise des déchets. « Ce centre coûte à la municipalité 500 millions de LL par an », souligne le président du conseil municipal. « Or les rentrées annuelles de la municipalité ne dépassent pas 1 milliard 750 millions de LL », révèle-t-il. Avec l’entretien du village, de sa propreté, de ses routes intérieures, de ses canaux d’écoulement de l’eau, la surveillance des lieux de culte et le gardiennage, « nous accusons un déficit financier d’un milliard de LL environ », constate M. Abou Chédid, insistant sur la nécessité d’assurer de nouvelles rentrées. « Nous pouvons compter uniquement sur les taxes municipales, compte tenu que la caisse indépendante des municipalités nous donne l’argent au compte-gouttes et ne nous a donné que 46 millions de LL pour l’instant », déplore-t-il.

Roy Abou Chédid part du principe que « les biens doivent être réévalués », dès lors qu’une cherté de vie a été accordée, ou que des modifications ont été apportées aux logements. Il estime que plus de 80 % des habitants ont apporté des améliorations à leur habitat, vitré des balcons, réaménagé leur logement. « Certains logements ont même changé de propriétaire », ajoute-t-il, ce qui justifierait une augmentation de la taxe d’habitation. Alors, avec son comité, il a décidé d’augmenter la totalité des taxes municipales de manière inversement proportionnelle au montant de la taxe de chaque habitant. « Plus la taxe est basse, plus son taux de majoration est élevé. Certains habitants verront leur taxe doublée, alors que d’autres auront une augmentation d’à peine 5 %, précise-t-il. Et même cette majoration ne couvrira pas le déficit annuel. »

Mis à part le fait que l’ensemble du secteur privé n’a pas touché d’indemnité de cherté de vie, il reste à savoir si cette décision est légale. Selon la loi 60/88 sur les taxes municipales, aucune majoration ne peut être imposée aux habitants, sans changement de propriétaire ou de locataire, sans majoration de loyer, ou si la municipalité n’a pas procédé à une réévaluation des biens. « La décision annoncée par une municipalité de majorer la taxe d’habitation est contraire aux dispositions de la loi sur les taxes municipales », insiste un expert sur la question, précisant qu’il s’agit là de « garde-fous » et que cette loi repose sur des « bases claires ».

Les habitants mécontents n’ont aujourd’hui d’autres recours que de s’opposer officiellement à cette décision par une lettre écrite de leur avocat, ou de présenter une plainte auprès du Conseil d’État. À moins de faire entendre raison à leur municipalité, dans l’attente de jours meilleurs.


annemariehage@lorientlejour.com

Les autorités avaient fait la promesse ferme que la grille des salaires accordée aux fonctionnaires ne se répercuterait pas négativement sur la qualité de vie de la population. Mais la réalité est tout autre. L’une après l’autre, les factures mensuelles du citoyen accusent des majorations importantes, parfois même astronomiques, la double facture d’électricité bien sûr, celle de...

commentaires (2)

Ce qui est désolant c' est de penser ou va cet argent !Dans un tuyau crevé... La loi sur l' enrichissement illicite restera une des grandes farces de cette républiquie...

LeRougeEtLeNoir

15 h 22, le 27 juillet 2018

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Commentaires (2)

  • Ce qui est désolant c' est de penser ou va cet argent !Dans un tuyau crevé... La loi sur l' enrichissement illicite restera une des grandes farces de cette républiquie...

    LeRougeEtLeNoir

    15 h 22, le 27 juillet 2018

  • Chaque municipalité fait à sa guise dans un pays ou la foire est reine .

    Antoine Sabbagha

    11 h 09, le 27 juillet 2018

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