D’où vient l’idée de cette exposition ?
J’avoue que je n’en ai aucune idée! Un jour, la directrice du Centre Paul Klee, qui rassemble et conserve son œuvre et ses archives à Berne, m’écrit pour me proposer que mes œuvres soient exposées avec celles du grand maître. Je suis tombée des nues !
Vous admiriez déjà cet artiste ?
Si je l’admirais ? Dans un ouvrage que j’ai publié en 1985, Voyage au mont Tamalpais, je disais, dans un texte consacré à la peinture, que s’il y avait un paradis, j’aimerais m’y asseoir à côté de Paul Klee. Et voilà qu’avec cette exposition, je suis assise à côté de Paul Klee ! C’est véritablement un rêve qui se réalise.
Quand avez-vous découvert Paul Klee ?
Dans les années 1960 aux États-Unis où je vivais alors. Il était considéré comme un peintre très important, l’artiste européen le plus présent, celui qui posait le plus de questions aux peintres américains. Par la suite, sont venus Kandinsky et Malevitch.
Quel est le point commun entre votre œuvre et celle de Paul Klee ?
Le but de l’exposition est justement que l’on se pose la question. Tout d’abord, ce qu’il y a de particulier, c’est que les œuvres sont mélangées de façon à créer un véritable dialogue.
Le public jugera d’une affinité dans l’espace mental du tableau. Mais je peux tout de même vous dire que nous travaillons tous deux dans de petits formats. Beaucoup de tableaux de Paul Klee représentent de petits carrés ou bien des signes. Or dans mon travail, il y a également beaucoup de signes, sur des cahiers d’écolier, comme des alphabets à déchiffrer.
Pourrait-on dire qu’il y a quelque chose de musical dans l’œuvre de Klee ainsi que dans la vôtre ?
Oui, Klee était lui-même violoniste et se produisait en concert. La musique est donc très présente dans son œuvre, sous différentes formes (titre des œuvres, représentation de notes de musique, références à l’opéra…). Pour ce qui me concerne, je trouve un rythme particulier dans les leporellos qui peuvent faire jusqu’à 4 mètres quand ils sont ouverts. C’est un sentiment de voyage, de sortie du cadre que seule la musique peut donner dans son intemporalité.
En art, faut-il tout expliquer ?
Absolument pas. Il existe une transcendance qui pose des questions et qui va au-delà d’un tableau, d’une œuvre musicale ou théâtrale. L’art dit beaucoup plus que ce l’on voit ou entend, et peut rester mystérieux sans obligatoirement y mettre des mots.
Pour mémoire
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NE REVEZ DONC PAS CAR LE PARADIS C,EST LA TERRE. PARADIS POUR LES UNS GEHENNE POUR LES AUTRES !
07 h 58, le 13 juillet 2018