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Liban - Universités

« Acteurs de santé et patients s’humanisent l’un l’autre, c’est la grandeur de notre profession »

La saison des cérémonies de remise de diplômes s’est ouverte à l’USJ, avec le campus des sciences médicales, rue de Damas, en présence de l’ancien doyen Pierre Farah.

Le Pr Pierre Farah s’adressant aux membres de la promotion 2018 du campus des sciences médicales de l’USJ. Photo Michel Sayegh

C’est dans l’acte d’humanité qui s’établit entre le patient et le praticien, « acte sacramentel », que le Pr Pierre Farah, ancien doyen de la faculté de médecine de l’USJ, a invité mercredi les acteurs de santé de la promotion 2018 du campus des sciences médicales de l’USJ à trouver la grandeur de leur profession. Le Dr Farah inaugurait ainsi, aux côtés du recteur Salim Daccache s.j., au terme de l’année universitaire 2017-2018 la saison de remise des diplômes à l’Université Saint-Joseph.
Doyen, entre 1991 et 2003, de la faculté de médecine, Pierre Farah, invité d’honneur de la cérémonie, a été présenté au public par le Pr Roland Tomb, l’un de ses étudiants, aujourd’hui doyen de la faculté de médecine.
Au lieu de se reposer sur ses lauriers et de couronner ainsi sa carrière, a expliqué le Pr Tomb, Pierre Farah, après avoir été doyen de la faculté de médecine de l’USJ, à Beyrouth, s’est rendu dans un des pays les plus déshérités de la planète, le Tchad, bravant dangers et inconforts, pour y fonder et diriger, à N’Djaména, une faculté de médecine destinée aux plus démunis, au sein du Complexe hospitalo-universitaire dit Le Bon Samaritain. C’est là qu’il se trouve, depuis, entraînant à sa suite quelques-uns des meilleurs enseignants du Liban et de France.
Avec la simplicité qui le caractérise, le Dr Pierre Farah a livré à une imposante assemblée saisie par l’émotion un message essentiel pour des hommes et des femmes sur le point de se prendre professionnellement en charge. « Cette cérémonie de remise de vos diplômes (…) représente une étape vers votre avenir que vous avez déjà ou que vous devez envisager et construire, a-t-il dit. Il s’agit bien d’un “commencement” tel que la définissent les universités américaines. Rien n’est plus beau que ces débuts d’existence dans l’attente angoissée de l’avenir, qui sera ce que vous voudrez en faire. N’hésitez donc pas à vous projeter au loin, rêver, voir briller au loin l’inaccessible étoile (…). Les défis à venir vous surprendront par leur nombre et leur diversité ; il vous appartiendra de les relever sans questions ni repos pour être à la mesure du rêve que vous devez envisager et qui sera ce que voulez bien en faire : un rêve de jeunesse réalisé dans l’âge mûr; cela ne dépendra que de vous. »

À l’épreuve du quotidien
 « (…) Pour réaliser ce rêve et suivre le chemin pour y parvenir, je voudrais insister sur les points suivants : vous n’êtes plus de simples observateurs, spectateurs, retenant la leçon apprise (…), vous devenez dès à présent des acteurs de santé responsables, avec toute la force que ce terme implique (…). Forts de vos connaissances acquises, mises à l’épreuve du quotidien, vous serez amenés à les confronter aux données d’une science en perpétuelle mouvance, et vous devrez en permanence vous remettre en question, vous adapter à ce renouveau, et, pourquoi pas, être acteur et créateur (…) pour aller chercher plus loin les limites de votre pratique. C’est bien là l’ambition de l’USJ telle que signifiée un jour par le recteur Abou : « L’université n’entend pas préparer ses étudiants à devenir des simples rouages du système social mais des éléments moteurs susceptibles de le transformer. »
« Vous êtes amenés ainsi à vivre l’expérience quotidienne comme une recherche permanente de la vérité. Il ne s’agit pas, dans l’exercice de votre profession, (…) d’accomplir seulement des actes de quelque nature qu’ils soient, de prescrire une médication, d’avoir le sentiment d’avoir été utile, et d’agir, Dieu me pardonne, en commerçant. Il est indispensable que votre horizon dépasse l’immédiat (…). Car il faut donner un sens à la vie des hommes. Être à l’écoute de la science, être à l’écoute du patient pour l’aider à aller au bout de lui-même, assurer pleinement sa condition d’homme, voilà ce qui fait la beauté et la grandeur de notre profession d’acteurs de la santé. Dans cette perspective, chacun de nous est ainsi appelé à se dépasser, aller jusqu’au bout de lui-même (…) ; et, allant jusqu’au bout de lui-même, à assumer par là pleinement sa condition d’homme. Dans cette relation où patient et acteur de santé s’humanisent ensemble, l’un avec l’autre, l’un par l’autre, c’est le lien d’humanité essentiel qui est sans cesse réinventé, restauré, promu au maximum de sa grandeur. » « L’exercice médical, a-t-on dit, a un aspect sacramentel. Plus l’homme s’humanise, plus il se divinise. Cela est vrai pour tout acte qui a en vue la santé (…). Chers amis, pour avoir exercé la médecine dans un des pays les plus déshérités de la planète et avoir côtoyé la misère physique d’une population en haillons, je peux affirmer que ces préceptes dont j’ai parlé plus haut sont aussi valables dans ces régions, sinon plus, que dans des pays où domine la civilisation (…). “Ce qui embellit le désert, dit Antoine de Saint-Exupéry, c’est qu’il cache un puits quelque part”, je me permets de vous dire que le désert n’est pas seulement géographique, il peut exister parmi les hommes n’importe où. N’hésitez pas à aller au devant de ce désert, au devant des plus faibles et des plus démunis, vous connaîtrez des joies qui illumineront votre quotidien. »
Aux jeunes diplômés, aux « leaders de demain », le recteur Salim Daccache s.j. a adressé des félicitations chaleureuses, les exhortant à se laisser invariablement guider par des valeurs « simples, universelles et vérifiables » de trois ordres : les valeurs sociales comme le partage, la fidélité, l’écoute, la justice et la liberté ; les valeurs citoyennes de respect de l’autre et du pluralisme, de la tolérance et de la démocratie ; les valeurs intellectuelles, comme l’intelligence critique, la sagesse, la science et l’art.

 483 diplômés au total

 Les nouveaux acteurs de santé du campus des sciences médicales de l’USJ se répartissent comme suit : 95 médecins, 57 dentistes, 51 pharmaciens, 51 nutritionnistes, 68 infirmières, 41 physiothérapeutes, 45 psychomotriciens, 37 orthophonistes, 15 sages-femmes et 23 laborantins, soit au total 483 jeunes diplômés. La cérémonie a été marquée en outre par un mot du Pr Krikor Sahakian, secrétaire général de la Fédération des anciens de l’USJ, ainsi que de Farah Haidar, major de promotion de la faculté de médecine dentaire, au nom de la promotion. Puis ce fut le serment d’Hippocrate prononcé avec les diplômés en médecine par Dr Slim Ismail, major sur sept ans de sa promotion, suivi du serment des infirmiers prononcé par Léa Semaan, major de promotion de la faculté des sciences infirmières.
Enfin, le Dr Edward Hajjar a remis le prix « Pr Joseph Hajjar pour les meilleures thèses en médecine » aux docteurs Chloé Saadé, Yasmine Habli et Jérôme Kaikati.

C’est dans l’acte d’humanité qui s’établit entre le patient et le praticien, « acte sacramentel », que le Pr Pierre Farah, ancien doyen de la faculté de médecine de l’USJ, a invité mercredi les acteurs de santé de la promotion 2018 du campus des sciences médicales de l’USJ à trouver la grandeur de leur profession. Le Dr Farah inaugurait ainsi, aux côtés du...

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