Le retour chez eux aujourd’hui de près de 400 déplacés syriens installés autour de Ersal est l’indice que la crise entre l’UNHCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) et les autorités libanaises est en train de se résorber. La détente a commencé à apparaître à travers le ton plus conciliant adopté par l’agence onusienne dans son dernier communiqué, dans lequel elle annonce qu’elle ne s’opposera pas au retour volontaire des déplacés, même si elle n’encourage pas cette démarche. Ce communiqué a été publié à la suite de la visite éclair du ministre des Affaires étrangères à Genève pour y rencontrer le directeur de l’UNHCR, Filippo Grandi, et débattre avec lui de la situation des déplacés syriens au Liban. Mais selon des sources diplomatiques libanaises, il faut que ce climat positif se concrétise par des mesures concrètes, car Beyrouth n’a commis aucune faute, ni avec les déplacés syriens ni avec l’organisation internationale, se contentant de proposer un plan progressif de retour dans les régions sûres, tout en précisant que ce retour n’est pas irréversible si jamais, par malheur, de nouveaux incidents éclataient dans les villages et les localités ciblés par le retour. En insistant sur ce point, estime Ghady el-Khoury, le directeur des affaires politiques au ministère des Affaires étrangères, le Liban fait preuve d’une grande humanité en ouvrant à nouveau ses frontières à ceux qu’on pourrait appeler « les déçus du retour ». Pour donner un exemple, la Jordanie a fermé récemment ses frontières face au nouveau flux de réfugiés syriens contraints de partir en raison des combats qui se déroulent dans le sud de la Syrie, et nul n’a rien trouvé à y redire. Mais dès qu’il s’agit du Liban, la communauté internationale se croit autorisée à imposer une ligne de conduite, en misant sur les divisions internes libanaises.
Selon Ghady el-Khoury, le contentieux avec l’UNHCR a commencé lors du retour de quelques centaines de déplacés syriens installés à Chebaa dans leur localité de Beit Jinn, en Syrie. Les délégués de l’agence onusienne s’étaient alors postés à la porte des bus du retour pour tenter de décourager les déplacés. Ensuite, l’UNHCR a publié un communiqué hostile à ce processus. Le ministère des AE avait alors protesté auprès de la représentante de l’agence au Liban, Mireille Girard, qui avait promis de ne plus utiliser ce procédé.
Entre-temps, il y a eu la conférence de Bruxelles consacrée aux réfugiés syriens, dont le communiqué final, aux yeux du Liban, contient deux phrases inacceptables. La première parle d’une aggravation de la situation en Syrie en 2017 par rapport à 2016, et la seconde précise que pour cette raison, il est hors de question de parler du retour des réfugiés chez eux. Le ministère des AE a critiqué ces deux points, mais en raison des positions politiques internes divergentes, l’affaire a été plus ou moins résorbée.
Le problème s’est de nouveau posé lorsque des déplacés syriens installés à Ersal ont commencé à contacter le ministère des Affaires étrangères pour annoncer leur volonté de rentrer chez eux. Le ministère avait aussi reçu un rapport de la Sûreté générale allant dans ce sens. Une délégation se rend donc sur place pour s’entretenir avec les déplacés souhaitant rentrer et ceux-ci ont fait état de conseils décourageants de la part des représentants de l’UNHCR, qui se sont entretenus séparément avec les hommes et les femmes et avec les enfants, sous prétexte de s’assurer de leur détermination à rentrer chez eux. Il faut préciser que les déplacés installés autour de Ersal viennent en général des villages proches du côté syrien. Ils sont donc installés dans des tentes et peuvent voir leurs villages de l’autre côté de la frontière. En fait, 3 600 personnes ont enregistré leur nom sur la liste de ceux qui souhaitent revenir en Syrie. Il n’y avait donc pas de quoi provoquer tout ce tollé, car le chiffre reste dérisoire par rapport au 1,5 million de déplacés syriens au Liban. De plus, les autorités syriennes n’ont pas donné leur accord pour tous, dans ce qui peut être considéré comme une tentative de pression sur le Liban officiel pour qu’il relève le niveau de dialogue entre les deux États. Malgré cela, le Liban insiste pour poursuivre le processus, d’abord pour sa portée psychologique et ensuite parce que cela pourrait être le début d’un retour plus consistant qui aurait des répercussions positives sur l’économie libanaise.
Concernant les divergences avec l’UNHCR, les sources du ministère des AE précisent que l’agence a dans son statut quatre mandats : d’abord celui de s’occuper des déplacés à l’intérieur du pays. Ce qu’elle ne fait pas en Syrie.
Ensuite, œuvrer au retour des déplacés chez eux. Ce qu’elle ne fait pas non plus. Ensuite, chercher à réinstaller les déplacés dans d’autres pays d’accueil (resettlement). Au Liban, cette année, seulement 3 000 déplacés ont été accueillis dans des pays tiers. Ce qui est un chiffre dérisoire, comparé aux naissances syriennes sur le territoire. Enfin, le dernier mandat est d’œuvrer à leur intégration dans les sociétés d’accueil. Au Liban, c’est ce dernier point qui occupe l’UNHCR, même si officiellement nul ne le reconnaît, l’organisation internationale affirmant qu’elle ne cherche pas l’intégration des déplacés au sein de la société libanaise, tous ses efforts visant à assurer la stabilité de la société à travers l’aide aux déplacés. Mais en réalité, cela se traduit par une crise économique très grave, notamment au niveau du chômage des jeunes, alors qu’en plus, les pays donateurs ne fournissent au Liban que 40 % des frais occasionnés par la présence du million et demi de déplacés syriens. Par contre, ils sont bien plus généreux avec la Turquie et la Jordanie. Ghady el-Khoury affirme à ce sujet que le Liban connaît les procédures de l’UNHCR. « Tout ce que nous lui demandons, dit-il, c’est de les appliquer avec objectivité, neutralité et sans excès de zèle. »
Une question continue toutefois de se poser : pourquoi l’UNHCR a-t-il une attitude différente au Liban de celle qu’il a dans d’autres pays d’accueil ? Apparemment, comme dans d’autres dossiers, les parties internationales estiment que la corruption et les divisions politiques internes les poussent à fournir au Liban un service minimal. En même temps, pour des raisons politiques, les pays donateurs ne veulent pas aider les autorités syriennes à s’occuper des déplacés sur leur territoire et c’est le Liban qui en fait les frais.
Au propre et au figuré. Tant que les combats faisaient rage sur une grande étendue du territoire syrien et que la situation économique au Liban était encore acceptable, Beyrouth n’a rien dit. Mais désormais, il n’y a plus de raison pour ne rien entreprendre à ce sujet...
Le retour chez eux aujourd’hui de près de 400 déplacés syriens installés autour de Ersal est l’indice que la crise entre l’UNHCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) et les autorités libanaises est en train de se résorber. La détente a commencé à apparaître à travers le ton plus conciliant adopté par l’agence onusienne dans son dernier communiqué, dans...
commentaires (3)
CHAQUE PARTIE TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD EST MUE PAR DES CONSIDERATIONS CONTRAIRES ET POUR LE UNHCR POSITIVES ET REELLES ! AUTREMENT L,ENCENSEMENT HABITUEL EST VIDE...
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 14, le 28 juin 2018