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Moyen Orient et Monde - Tournée

Le prince William au Proche-Orient

La visite du duc de Cambridge a un caractère culturel et social.

Le prince William et le prince héritier jordanien Hussein ont visité le site archéologique romain de Jerash, hier. Jordanian Royal Palace/Handout via Reuters

La tournée royale du prince William sur les anciens territoires du mandat britannique au Levant est historique et riche en symboles à bien des égards, le Royaume-Uni ayant un rôle central à l’origine de la création du royaume de Jordanie, ainsi que du problème israélo-palestinien. Le prince William, 36 ans, deuxième dans l’ordre de succession au trône britannique, a entamé dimanche une tournée de cinq jours au Proche-Orient. Il n’est pas accompagné par son épouse, qui a donné naissance à leur troisième enfant il y a deux mois. Après deux jours en Jordanie, le duc de Cambridge est arrivé hier soir à Tel-Aviv et doit se rendre demain à Ramallah, devenant ainsi le premier membre « éminent » de la famille royale à se rendre officiellement en Israël et dans les territoires palestiniens, alors que les émissaires américains sont, eux aussi, en tournée régionale pour promouvoir notamment leur plan de paix, qui s’annonce déjà très favorable pour le camp israélien.

Les raisons de ce voyage dans un contexte régional sous haute tension ne sont pas officiellement liées aux aspects géopolitiques. « Les défis complexes qui se posent dans la région sont bien évidemment connus (…) la nature non politique du rôle de Son Altesse Royale (…) permet de mettre en lumière les gens de la région : leurs cultures, leurs jeunes, leurs aspirations et leurs expériences », pouvait-t-on lire dans le communiqué du palais de Kensington, résidence officielle du duc et de la duchesse de Cambridge (le prince William et son épouse Kate), qui met l’accent sur le caractère voulu culturel et social de cette tournée, qui aura aussi un aspect personnel pour le prince qui se rendra ce jeudi, dernier jour de son voyage, sur la tombe de son arrière-grand-mère la princesse Alice à Jérusalem.

À Amman, le prince William a été reçu par le prince héritier jordanien, Hussein ben Abdallah, 23 ans. Il n’a pas rencontré le roi Abdallah, qui est en visite officielle à Washington pour discuter notamment de la politique américaine dans la région avec le président Donald Trump.
Les deux princes ont visité dimanche des locaux de la Fondation du prince héritier (Crown Prince Foundation) où ils ont assisté à des présentations de projets et d’inventions de jeunes Jordaniens encadrés par la fondation dans les domaines de la biomécanique, de l’électronique, de l’énergie durable et de l’espace. Le prince William a ensuite passé un après-midi en différé : il a d’abord pris part à l’ambassade britannique à un cocktail en l’honneur de l’anniversaire de sa grand-mère la reine Elizabeth II, qui a fêté ses 92 ans deux mois plus tôt, d’où il a déclaré que les échanges entre Amman et Londres sont « réels et profonds », avant de se rendre chez le jeune prince Hussein qui a pensé à enregistrer le match de Coupe du monde de l’Angleterre. Les deux jeunes princes étaient à l’aéroport de Amman au moment du début de la seconde mi-temps. C’était surtout l’occasion pour eux, diplômés de l’Académie royale militaire de Sandhurst au Royaume-Uni, et dont les familles entretiennent des relations étroites depuis quatre générations, de se rapprocher.
Hier, ils ont visité le site archéologique romain de Jerash, où ils ont été accueillis par des écoliers syriens et jordaniens. Le prince William s’est ensuite rendu avec son hôte dans le nord du pays, sur la nouvelle base de la Force d’action rapide de l’armée jordanienne, créée avec un soutien militaire britannique. Ils ont assisté à des exercices militaires et le duc de Cambridge a rencontré des officiers britanniques attachés aux forces armées jordaniennes.

Pour finir leur tournée royale, ils ont rendu visite aux femmes du Centre Dar Na’mah, un projet de l’Institut de la princesse Taghrid qui soutient le développement autonome des femmes, avant de se rendre au Collège al-Qods, qui a un partenariat avec l’Université britannique Middlesex, pour y rencontrer des étudiants syriens et jordaniens. Avant d’embarquer, le prince William a rencontré sur le tarmac de l’aéroport de Amman des équipes de l’ambulance aérienne jordanienne et a passé en revue leurs hélicoptères.

Israël
Le duc de Cambridge est arrivé hier après-midi à Tel-Aviv, pour la seconde étape de sa tournée régionale. Une visite riche en symboles, y compris le lieu choisi pour séjourner : l’hôtel King David à Jérusalem. Cet hôtel était le quartier général de l’administration mandataire britannique en Palestine et a été le lieu de l’attaque terroriste de la milice sioniste Irgoun, qui avait tué 91 personnes et blessé 46 autres en 1946, deux ans avant la proclamation d’indépendance de l’État d’Israël, de la guerre de 1948 et de la Nakba.
Le prince doit se rendre aujourd’hui au mémorial de la Shoah, Yad Vashem, à Jérusalem, avant de rencontrer le Premier ministre Benjamin Netanyahu, affaibli par plusieurs dossiers dont des scandales d’abus des droits de l’homme concernant les migrants, de la réponse disproportionnée de son armée à Gaza, du soutien de la poursuite des colonies dans les territoires palestiniens occupés et des scandales de corruption, dont le dernier a visé directement sa femme, Sara, la semaine dernière.

Après M. Netanyahu, le prince William rencontrera le président israélien, Reuven Rivlin, et se rendra demain à Ramallah pour rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas, lui aussi fragilisé tant au niveau politique qu’au niveau de sa santé. Il rendra également visite à de jeunes Palestiniens, dont des réfugiés.
Jeudi, sa matinée sera consacrée à Jérusalem, dont la partie est de la ville est qualifiée par les communiqués britanniques de territoire occupé, ce qui a été vivement critiqué par des membres de la droite et de l’extrême droite israélienne, actuellement au pouvoir. « Nous ne faisons que suivre des décennies d’usage dans les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », a dit le consul général britannique, « il n’y a pas de changement de position ».


Pour mémoire

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