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Nos Lecteurs ont la Parole - par Élie JABRE

La présidence libanaise et les médias, un problème ?

L’image du mandat du président Michel Aoun telle que véhiculée par les médias est-elle biaisée ou déformée ? Pouvons-nous penser que les médias amplifient et déforment les actions de personnes politiques proches du président et minimisent ou épargnent les actions d’autres hommes politiques non performants corrompus et malveillants ? La question se pose.
Pourquoi ?
« L’information est essentiellement affaire de langage et le langage n’est pas transparent au monde, il présente sa propre opacité à travers laquelle se construisent une vision, un sens particulier du monde » (Patrick Charaudeau).
Les médias sont donc des filtres à travers lesquels la société civile prend connaissance des actions de ses autorités et grâce auxquels ces dernières s’informent des réclamations de la population. Ces filtres constituent une réalité souvent considérée comme « la réalité », puisque les médias se targuent d’être les représentants de la société et semblent occuper aujourd’hui l’intégralité de l’espace public, lieu d’interaction entre la sphère politique et la sphère sociale.
Cela nous ramène à cette constatation : « In politics, perception is reality. » Les médias occupent une place stratégique sur l’échiquier politique social et économique. Cette relation ne peut s’établir sur le mode utopique de la neutralité et du désintéressement, parce que pour toucher le public, les hommes politiques, par les moyens dont ils disposent, doivent séduire et convaincre les journalistes qui à leur tour doivent séduire et convaincre le public.
La société civile consomme une réalité construite de concert entre les médias et les hommes politiques. Les médias sont un quatrième pouvoir.
Le rôle des médias est de séparer et d’équilibrer les pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et même le judiciaire et l’économique, et faire une distinction entre vie privée et vie publique.
En s’instituant comme quatrième pouvoir – un surnom donné à la presse aux États-Unis, et qui date de 1787 –, la presse obéit à un pacte fondé sur la parole. Ce pacte n’est toujours pas respecté par la presse. Déjà, Balzac affirmait en 1840 « que la presse est en France un quatrième pouvoir dans l’État. Elle attaque tout et personne ne l’attaque. Elle blâme à tort et à travers. Elle prétend que les hommes politiques et littéraires lui appartiennent et ne veut pas qu’il y ait réciprocité ».
En quoi consiste ce pacte ? Pour l’un, les médias, il faudrait prendre le risque de dire la vérité, et pour l’autre, les hommes politiques, il faudrait accepter de l’entendre sans porter préjudice. C’est un pacte de la vérité que les médias doivent assumer. Cela nous ramène aux règles de la démocratie fondée sur la liberté d’expression et le respect d’autrui dans la vérité.
Au Liban, la politique est trop souvent rabaissée par les médias, et plus encore la politique est rabaissée par les politiciens.

L’image du président Michel Aoun dans les médias
En faisant une analyse de contenu des médias, presse écrite et audiovisuelle, nous relevons que l’image du président est relativement préservée.
Le pourcentage des unités favorables dépasse de loin les unités défavorables. Par contre, les unités défavorables touchent ministres et hommes politiques qui sont dans la lignée du président et ceux qui appartiennent à d’autres mouvances politiques.
Les élections législatives 2018, quoique partiellement proportionnelles, font partie des premières réalisations du mandat de Michel Aoun. Un mandat se bâtit dans la continuité. « Si l’on ne prend pas de risque pour défendre son avis, on n’est rien » (Nassim Nicolas Taleb dans son livre Jouer sa peau).
Le président Michel Aoun a toujours eu un style « inspirationnel ». En tant que leader politique, il s’est attelé à être transformationnel. Devenu président de la République, même si l’accord de Taëf a réduit ses fonctions et pouvoirs exécutifs, il se doit d’être transformationnel.
 Le président, homme de culture et grand communicateur, doit jouer sa peau pour sauver son héritage. Le monde des médias, quatrième pouvoir, s’est énormément renforcé et s’est aussi dégradé avec les réseaux sociaux, donnant naissance à un cinquième pouvoir, en l’occurrence le citoyen et la masse. Ceux-là mêmes qui renversent des régimes ou qui les harcèlent et qui sont à l’affût d’une moindre dérive ou glissement pour attaquer en meute un dirigeant politique.
Le président Michel Aoun peut devenir une cible idéale. Pourquoi ? Il est pour le plus grand nombre des Libanais un mythe, une icône, un héros.
Les attentes des citoyens sont proportionnelles à l’image du héros sauveur. Oui, « le sauveur de la République », sa devise pendant plus de cinquante ans, dans l’armée et en politique.
Jouer sa peau, c’est prendre des risques. Le président se doit d’être authentique, audacieux, surprenant, attentif aux cris et appels des Libanais. Il doit oser entreprendre différemment, transcender par ses actions, rassembler tous les Libanais dans un État singulier pluriel, où chacun a sa place, sa chance, son avenir. Le président doit garder à l’esprit que le quatrième pouvoir (les médias) et le cinquième pouvoir (les citoyens) vont aussi être les transmetteurs de son héritage.
Les Libanais attendent beaucoup de choses du président Michel Aoun : aux grandes personnes de grandes actions. Le président en tant que leader doit nous dévoiler sa mission et sa vision de ce Liban, qu’il veut un peu différent, un peu plus beau, un peu plus prospère, un peu plus uni… du jour où il est rentré. Le président doit opter pour une « Smart vision ». Un calendrier de projets, par étapes, précis, ambitieux et réalistes, permettant ainsi, aux médias et aux citoyens, d’observer, de suivre, de mesurer et de juger.

Élie JABRE
Master en psychologie de l’USJ
Chargé de cours à l’USJ
Conseiller en communication

L’image du mandat du président Michel Aoun telle que véhiculée par les médias est-elle biaisée ou déformée ? Pouvons-nous penser que les médias amplifient et déforment les actions de personnes politiques proches du président et minimisent ou épargnent les actions d’autres hommes politiques non performants corrompus et malveillants ? La question se pose.Pourquoi ?...

commentaires (3)

LES ENCENSEMENTS ET LES PANEGYRIQUES SONT MAUVAIS. TOUT LE MONDE COMMET DES ERREURS ET LA CRITIQUE DEVRAIT ETRE LA POUR CONSEILLER ET CORRIGER. LES GRANDS HOMMES ACCEPTENT D,ETRE CRITIQUES ET PRENNENT EN COMPOTE LES CRITIQUES QUI ELLES DEVRAIENT ETRE CONSTRUCTIVES ET NON LANCEES A TORT ET A TRAVERS !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 01, le 01 juillet 2018

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Commentaires (3)

  • LES ENCENSEMENTS ET LES PANEGYRIQUES SONT MAUVAIS. TOUT LE MONDE COMMET DES ERREURS ET LA CRITIQUE DEVRAIT ETRE LA POUR CONSEILLER ET CORRIGER. LES GRANDS HOMMES ACCEPTENT D,ETRE CRITIQUES ET PRENNENT EN COMPOTE LES CRITIQUES QUI ELLES DEVRAIENT ETRE CONSTRUCTIVES ET NON LANCEES A TORT ET A TRAVERS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 01, le 01 juillet 2018

  • La loi au Liban protége le Presient de toute critique " desagrable" et la justice est prompte a rappeler a l'ordre les coupables de lese majeste dans ces circonstances Si cette loi etait appliquee aux Etats Unis, 90% des medias et journalists et blogueurs seraient en prison Enlevez cette loi et vous verrez le vrai visage du people la critique reelle est contre l'alliance HB /CPL plus que le President lui meme qui reste au dessus de la melee mais le fait que son gendre soit president du CPL le met dans une position difficile surtout quand M Bassil derape quelque fois

    LA VERITE

    08 h 58, le 01 juillet 2018

  • que les medias soient pour ou contre le pres est entendu. que certains analystes, experts et autres decrypteurs l'encensent matin midi et soir , peu, bcp ou exagerement , le decrivent comme le recepteur de l'admiration de la grande majorite des libanais :Legitime, quoique faux. qu'on le decrivent comme une icone. OK Mais que ces memes adulateurs en fassent une personne Intouchable, que nul ne devrait jamais critiquer sauf par des mots, effleurant presque les louanges est inadmissible. le Pres. lui-meme ne voudrait pas de flatteurs aussi faux !

    Gaby SIOUFI

    10 h 30, le 22 juin 2018

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