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Culture - Livre

Trois femmes de mèche contre l’adversité

Dans « La tresse », le roman de Laetitia Colombani publié chez Grasset, trois fils narratifs tissent trois portraits, alternés, de battantes.

« La tresse » est le premier roman de Laetitia Colombani.

Smita est indienne. C’est une intouchable condamnée, pour survivre, « à ramasser la merde des autres à mains nues ». Cette femme forte et digne rêve de soustraire Lalita, sa fille de 6 ans, à son sort, inéluctable, de videuse de latrines. Pour cela, elle est déterminée à la scolariser. Même si, dans ce but, elle sera obligée de l’embarquer dans un périple risqué à travers l’Inde. 

En Italie, Giulia, jeune fille rangée, se retrouve brutalement propulsée aux commandes de l’entreprise familiale en faillite de fabrication de perruques. Amoureuse d’un beau Sikh, la belle Napolitaine s’attaquera, à bras-le-corps, à tous les défis... 

À l’autre bout du monde, Sarah, la Canadienne, voit, elle aussi, sa vie basculer en apprenant qu’elle est gravement malade. À force de se « scinder en deux » pour gérer vie privée et professionnelle, cette avocate quadragénaire s’est épuisée. Mais, pour celle qui évolue dans un monde où le moindre signe de faiblesse signe son arrêt de mort, il est inenvisageable d’abdiquer devant la maladie. Elle tentera même de la cacher à ses collègues afin de poursuivre sa brillante carrière…

Scénariste, réalisatrice et comédienne, Laetitia Colombani raconte dans La tresse (Grasset), son tout premier roman (au succès fulgurant !) ces trois destins de femmes qui n’ont, a priori, rien en commun. Sinon cette puissante volonté de refuser la fatalité de leur condition, de se battre contre les discriminations et les préjugés, de lutter en somme contre tout ce qui les enferme. 

Trois portraits de femmes contemporaines qui vivent chacune sur un continent (on pourrait presque dire sur une autre planète), mais dont l’auteure va relier les existences au moyen de quelques mèches de cheveux. Mais sans jamais les faire se rencontrer. On n’en dira pas plus pour ne pas déflorer le mystère de l’intrigue. 

Certes, cette histoire de solidarité et de résilience féminines, narrée avec simplicité et limpidité, dégage de forts accents féministes. Elle délivre aussi, par moments, des informations quasi documentaires sur le sort des femmes d’aujourd’hui. En Inde, où derrière l’image touristique policée se cachent d’horribles traditions de discriminatoires de castes et de sexes (le viol d’une intouchable n’est pas puni, par exemple. Et chaque année plus de 2 millions de filles sont tuées à la naissance). Mais aussi dans les sociétés occidentales où, sous le vernis de la modernité et de l’égalité, les femmes subissent à la fois le poids du machisme et d’un double labeur. En somme, ce roman, tout à la fois poignant et réconfortant, célèbre le courage des femmes sous toutes les latitudes. Et offre une agréable lecture pleine d’humanité. (Grasset, 220 pages). 


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