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À La Une - Religion

Offensive contre l'"islam politique" en Autriche : imams menacés d'expulsion et mosquées fermées

Ankara a rapidement et vivement réagi, qualifiant ces annonces de "résultat de la vague populiste, islamophobe, raciste et discriminatoire dans ce pays".


Une mosquée dans le centre de Vienne, le 14 avril 2017. Photo d'archives AFP/JOE KLAMAR

Le gouvernement conservateur autrichien a lancé vendredi une offensive contre "l'islam politique" qui pourrait conduire à l'expulsion de dizaines d'imams financés par la Turquie et à la fermeture durable de sept mosquées accusées notamment de tendances extrémistes.

"Des sociétés parallèles, l'islam politique et la radicalisation n'ont pas leur place dans notre pays", a argumenté lors d'une conférence de presse le chancelier autrichien Sebastian Kurz, également chef du parti conservateur (ÖVP) qui gouverne depuis décembre 2017 avec la formation d'extrême droite FPÖ.

Le gouvernement a annoncé avoir ordonné la fermeture de sept lieux de culte musulmans qui contreviennent selon lui à la loi sur l'islam de 2015, laquelle impose "une attitude positive envers l'Etat et la société" de la part des responsables de mosquées.

Des démarches ont par ailleurs été engagées pour reconsidérer les autorisations de séjour des imams rattachés à l'Union islamique turque d'Autriche (Atib), la plus puissante association religieuse turque dans le pays, liée à la Direction des Affaires religieuses en Turquie (Diyanet). La loi autrichienne sur l'islam interdit le financement des imams par des fonds étrangers.


(Lire aussi : Embarras autour des jardins d'enfants musulmans de Vienne)



"Discriminatoire" 
"Le cercle de personnes qui pourraient être affectées par ces mesures comprend environ 60 imams", a précisé le ministre de l'Intérieur (FPÖ) Herbert Kickl. Avec leurs familles, quelque 150 personnes au total pourraient perdre leur droit de résidence, a-t-il indiqué. 

Ankara a rapidement et vivement réagi, qualifiant ces annonces de "résultat de la vague populiste, islamophobe, raciste et discriminatoire dans ce pays", selon les propos sur twitter du porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan.

Mais les dirigeants de deux des principaux partis d'extrême droite en Europe, la Ligue italienne et le Rassemblement National français, ont applaudi ces annonces. "L'Autriche prend les choses en main contre l'islam politique", s'est félicité Marine Le Pen dans un tweet. Le tout nouveau ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, chef de la Ligue, a salué l'initiative autrichienne contre "l'extrémisme religieux", souhaitant rencontrer rapidement l'exécutif viennois. 

Dans les faits, seuls deux imams affiliés à l'Atib, sur les 60 personnes potentiellement concernées, se sont d'ores et déjà vu opposer un avis négatif de séjour et risquent l'expulsion. Les autres cas seront examinés au fur et à mesure et l'ensemble de la procédure prendra du temps, a précisé le gouvernement, ajoutant que les décisions pouvaient également faire l'objet de recours.

Environ 360.000 personnes d'origine turque vivent en Autriche, dont 117.000 ont la nationalité turque. Les relations entre Ankara et Vienne sont particulièrement tendues depuis la répression qui a suivi la tentative de putsch contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016.

Le gouvernement autrichien a explicitement interdit aux responsables turcs de tenir des meetings dans le pays en vue des élections du 24 juin.

"C'est ridicule"  
Début avril, la publication de photos d'une reconstitution, dans une mosquée de Vienne affiliée à l'Atib, d'une bataille emblématique de l'histoire ottomane jouée par des enfants habillés en soldats, avait suscité l'émoi dans l'ensemble de la classe politique autrichienne. Certains enfants étaient allongés pour figurer les victimes, leur corps enroulé dans un drapeau turc.

M. Kurz avait alors promis "une tolérance zéro" et prévenu d'un renforcement des contrôles des lieux de culte musulman. Vendredi, l'opposition sociale-démocrate a salué "les première mesures intelligentes du gouvernement", tandis que les Verts se sont inquiétés que ces annonces renforcent le parti du président Erdogan.

Parmi les sept mosquées - dont quatre à Vienne - à l'encontre desquelles une fermeture a été ordonnée, six sont chapeautées par une association, sans affiliation nationale et non liée à la Turquie, baptisée "association cultuelle arabe". Certains de ses représentants sont accusés de prêcher un islam radical.

Une septième mosquée est considérée sous influence de l'organisation ultranationaliste turque des "Loups gris". Devant le local de cette dernière affublé d'un panneau "fermé", un fidèle exprimait vendredi sa surprise : "je fréquente cet établissement depuis que je suis enfant (...), je n'y ai jamais entendu de propos salafiste, c'est ridicule", estimait Kürsant, 26 ans. 

Les débats sur l'immigration et l'intégration ont été au centre de la campagne législative autrichienne à l'automne, alors que ce pays de 8,7 millions d'habitants a enregistré plus de 150.000 demandes d'asile, représentant près de 2% de sa population, à la suite de l'afflux de réfugiés de 2015-2016.

La coalition victorieuse a par ailleurs lancé un projet de loi durcissant les dispositions sur l'asile et réduisant les aides sociales pour les réfugiés.




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commentaires (5)

cela n'arrivera pas en France en Alsace (si je me rappelle) il y a un "parti" turc qui a été créé pour les élections

Talaat Dominique

13 h 27, le 09 juin 2018

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Commentaires (5)

  • cela n'arrivera pas en France en Alsace (si je me rappelle) il y a un "parti" turc qui a été créé pour les élections

    Talaat Dominique

    13 h 27, le 09 juin 2018

  • L'extension du fanatisme politico-fascisme sous couvert de la religion (la faille de nos démocraties et la Turquie le sait) est dû essentiellement à des individus faibles, à l'esprit tordu, de certains milieux d'extrême gauche.... Notamment. Des pauvres désoeuvrés qui pensent détenir des vérités en encourageant des pays fanatiques et génocidaires comme la Turquie au détriment des millions de kurdes, arméniens et d'autres minorites, et communautés chretiennes, juives ou musulmanes.... Il n'y a aucune cohérence dans la tête de ces "marchands" de la "tolerance" à deux sous !

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 03, le 09 juin 2018

  • IL S,AGIT DE FUTURS JIHADISTES TURCS FANATISES DES LEUR JEUNE AGE SUR TERRE EUROPEENNE ! JUSTE DECISION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 41, le 08 juin 2018

  • Pour éviter la perception que c'est une action contre l'islam ou turques, les autrichiens pourraient stresser que c'est contre le fait des "garçons en tenue de camouflage alignés en rang, faisant le salut militaire, et agitant des drapeaux turcs". Pour être prudents, les européens pourraient stresser qu'aussi pour israeliens, arméniens ou chrétiens d'orient la même règle serait appliqué. Malheureusement la perception pourrait toujours être que c'est l'europe travaille avec deux poids différents ... (un poid différent pour les immigrés chrétiens ou juifs et un autre poid pour les immigrés islamiques).

    Stes David

    16 h 41, le 08 juin 2018

  • BIEN FAIT AUX TURCS ET AUTRES FANATIQUES ! EXEMPLE A SUIVRE PAR LES AUTRES PAYS DE L,UE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 05, le 08 juin 2018

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