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Liban - Enfé

L’archevêché grec-orthodoxe de Tripoli défend le projet al-Natour, un écologiste répond

Les marais salants d’Enfé, si caractéristiques, sont-ils menacés de disparition ? Ibrahim Chalhoub/Archives AFP

L’archevêché grec-orthodoxe de Tripoli et du Koura a publié, il y a quelques jours, un communiqué visant à apporter des « clarifications » sur le projet touristique prévu dans la région de Deir el-Natour, à Enfé (Liban-Nord). Ce projet, pour lequel une demande de permis de construction sur les biens-fonds maritimes publics n’a pas encore été débattue en Conseil des ministres, a provoqué un tollé avant même sa présentation au public, étant donné la sensibilité, d’un point de vue culturel et écologique, de la zone sur laquelle il devrait être situé, très exactement au niveau des marais salants patrimoniaux qui ont fait la réputation de cette localité. La demande de permis a en outre été rejetée par le Conseil supérieur de l’urbanisme, comme l’avait déjà assuré à L’OLJ le président de l’ordre des ingénieurs, Jad Tabet, l’un des opposants au projet.

Dans son communiqué, donc, l’archevêché endosse en quelque sorte le projet, puisqu’il le place dans le cadre d’une « collaboration avec des fils de cette communauté, nantis et désireux de contribuer au développement suivant des critères moraux communs, qui a résulté en la création d’une société chargée d’investissements fonciers dont la propriété revient au couvent Deir el-Natour à Enfé ». Après une longue période d’études, le choix s’est porté, toujours selon le communiqué, sur « un projet résidentiel et touristique consistant en un village touristique et écologique en harmonie avec l’architecture et le tissu social d’Enfé, préservant le cachet de Deir el-Natour en tant qu’édifice religieux, et respectant les contraintes écologiques imposées par la loi libanaise ». 

L’archevêché insiste sur les « milliers d’emplois que générerait un tel projet pour les habitants du Liban-Nord », soulignant qu’il « dynamiserait la vie économique et culturelle, notamment les églises anciennes et la production du sel ». Il déplore « la campagne de diffamation en relation avec les marais salants, qui cache les nobles visées économiques et sociales du projet ». Selon le communiqué, « ce projet sera de nature à mettre en valeur le patrimoine d’Enfé, et se concentrera en partie sur la redynamisation des marais salants ». Il va même jusqu’à affirmer que la mise en place d’un tel projet global « protège la côte, défigurée par tant de projets individuels entachés d’irrégularités car non soumis à l’autorité des administrations officielles ». Enfin, l’archevêché appelle toutes les parties intéressées à s’informer à la source et à ne pas véhiculer ce qu’elle considère comme de fausses informations sur le projet, qui n’a pas encore été approuvé en Conseil des ministres. 

« Pourquoi se cacher derrière l’Église ? »
Une première réponse au communiqué de l’archevêché n’a pas tardé à se manifester. L’écologiste Mazen Abboud, lui-même originaire du Liban-Nord, affirme défendre « une position de principe qui consiste à refuser toute nouvelle agression sur le littoral, notamment en des endroits qui ont des caractéristiques uniques, comme Kfar Abida (Batroun) et Natour ». « Dans ce cas, ce qui me dérange beaucoup, c’est que l’investisseur a placé l’institution ecclésiastique en porte-à-faux avec de nombreux fils de sa communauté ainsi qu’avec les environnementalistes, en vue de faire passer un projet commercial », poursuit-il. « Il est navrant que l’investisseur utilise l’ascendant de l’Église pour faire pression sur les autorités concernées, notamment le Conseil des ministres, afin d’obtenir un permis pour un projet qui n’est pas conforme aux règlements et lois en vigueur, en particulier le décret d’aménagement du territoire libanais adopté par ce même conseil, et élaboré par des spécialistes », ajoute-t-il encore. 

Se référant à une partie du communiqué où il est écrit qu’il est « d’usage » que le Conseil supérieur de l’urbanisme rejette des projets d’investissement qui impliquent des biens-fonds publics maritimes, sans que cela empêche les projets d’être soumis au Conseil des ministres, Mazen Abboud a déploré que « le refus du CSU soit ainsi considéré comme une simple question de routine ». Rappelant que ce projet est ancien et que sa mise en place a été retardée « pour des raisons connues », il a estimé « ne pas comprendre comment on peut passer de la défense de valeurs à celle de projets touristiques commerciaux qui ne font pas l’unanimité au sein de la communauté ».


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commentaires (3)

Le dieu-dollar est omnipotent et puissant, même dans les clergés de notre pays... Irène Saïd

Irene Said

15 h 25, le 06 juin 2018

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Commentaires (3)

  • Le dieu-dollar est omnipotent et puissant, même dans les clergés de notre pays... Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 25, le 06 juin 2018

  • LA REGION DE DEIR AL NATOUR EST UNE REGION DESHERITEE ET LES SALINES QUI S,Y TROUVENT NE REPRESENTENT RIEN COMME REVENUS AUX VILLAGEOIS ET PARTANT DEVRAIT ETRE DEVELOPPEE POUR LE BIEN DES FILS DU NORD ! LES PRETENDUS VERTS FERAIENT MIEUX DE SE CONCENTRER SUR RAMLET EL BEYDA A BEYROUTH ET AUTRES RIVAGES SABLONEUX ACCAPARES... AUCUNE COMPARASION AVEC LA REGION ROCHEUSES UNIQUEMENT DE DEIR AL NATOUR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 20, le 06 juin 2018

  • magouilles pensez vous ? NON ! JAMAIS ! pas lorsque le clerge est partie prenante , quand meme ! --L’archevêché insiste sur les « milliers d’emplois que générerait un tel projet pour les habitants du Liban-Nord » --collaboration avec des fils de cette communauté, nantis --un projet résidentiel et touristique consistant en un village touristique et écologique avec toute cette presentation et ces promesses ? voyons. pour peu ils ns feraient croire que C un projet forme par une Ste a But Non Lucratif, a Buts humanitaire, sociologique ,pour assainir la region, de + Ecologiquement QUI FERAIT MIEUX ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 34, le 06 juin 2018

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