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Économie - FOCUS

Comment Georges el-Jammal est devenu le « roi des fraises »

Grace à un prêt octroyé par le European Social Fund (ESF) sous la supervision du Economic and Social Fund for Development (ESDF), un agriculteur d’un petit village du Akkar a su développer et faire fructifier sa production.

Georges el-Jammal montre fièrement ses fraises cultivées dans le Akkar, à Tel-Abbas-Ouest, le 21 avril 2018. Nabil Mounzer/ European Pressphoto Agency

Aux confins du Liban-Nord, dans le caza du Akkar, à la frontière avec la Syrie, se trouve le petit village de Tel-Abbas-Ouest, noyé dans un océan de verdure. Tôt ce matin, Georges el-Jammal, accompagné d’une cinquantaine d’ouvriers, se trouve dans les champs pour cueillir des fraises. Dans un festival de couleurs et de bonne humeur, enfants, vieillards, hommes et femmes plongent tous dans les sillons plantés de fraisiers à perte de vue, choisissant les fruits mûrs, d’un rouge sang. Au fil des heures, les paniers et les caisses se remplissent petit à petit. À côté, sur un autre champ entouré d’oliviers, d’autres ouvriers agricoles ramassent des pommes de terre, sous le regard attentif de Georges el-Jammal. La quarantaine, célibataire, il est aujourd’hui un homme comblé : il a réussi son pari. Son travail s’est développé rapidement grâce à un prêt de 50 000 dollars du European Social Fund (ESF) sous la supervision du Economic and Social Fund for Development (ESDF). 

Bio et de qualité
Il y a à peine deux ans, Georges el-Jammal cultivait fruits et légumes sous quatre serres seulement construites sur les 80 000 m2 de terre qu’il a hérités de son père. Il gagnait sa vie. Pas plus. Le projet financé par l’ESDF lui a ainsi permis d’agrandir ses activités. Il a construit vingt autres serres sous lesquelles il a planté également des pommes de terre, des oignons, des haricots, des courgettes, des fèves et des melons. Toutefois, c’est surtout pour ses fraises que Georges el-Jammal est connu. Sur le marché des fruits et légumes à Tripoli, on le surnomme « le roi des fraises », à cause notamment de la qualité de ses fraises bio. En effet, il n’utilise pas d’engrais chimiques ni d’hormones. « Les commerçants exigent d’acheter les produits Jammal. Ils recherchent une valeur sûre. Et, malgré la concurrence, surtout concernant les prix de la part de ceux qui ne plantent pas bio, nous avons su fonder une réputation sans partage », indique-t-il. Son honnêteté, sa sincérité, son travail sérieux et assidu, et surtout son ambition de progresser lui ont valu une notoriété sur le marché et un renom de la part de l’ESDF. 

Abdallah Ishac est responsable des projets de l’ESDF au Akkar. « L’UE finance de petits et moyens projets économiques, commerciaux ou agricoles, pour les lancer ou les développer. Notre rôle n’est pas uniquement d’octroyer des prêts avec des taux d’intérêt bas pour ceux qui en ont besoin. En plus, nous fournissons à ces investisseurs notre expertise et notre conseil pour faire une étude du marché et de faisabilité du projet, afin d’organiser leur entreprise et s’assurer que l’argent est bel et bien utilisé pour des raisons commerciales et non personnelles », explique-t-il. Et, en effet, le but de l’ESDF est de soutenir de jeunes investisseurs sérieux afin de développer et de pérenniser leur entreprise. Un projet réussi sera non seulement bénéfique pour son propriétaire, mais aussi pour tous ceux qui travailleront avec lui, créant ainsi des opportunités d’emploi dans la région où il se trouve. « Georges a fait bénéficier de sa réussite son village ainsi que des dizaines de familles de réfugiés syriens qui travaillent pour lui », affirme M. Ishac. 

Opportunités d’emploi
« J’ai commencé avec deux ouvriers agricoles. Aujourd’hui, pendant les récoltes, je fais travailler plus de 60 ouvriers quotidiennement », explique Georges el-Jammal. Le fermier akkariote a, en temps normal, entre 15 et 20 ouvriers, en majorité des Syriens. Une aubaine pour ces réfugiés qui ont fui leur pays à cause de la guerre pour venir au Liban.

Vers midi, la cueillette est terminée. Place à l’emballage. Entourés de centaine de caisses remplies de fraises, Abou Mohammad, sa femme et quelques-uns de ses enfants sont assis autour d’une table. Ils font le tri selon leur qualité et leur taille. Puis remplissent les fraises dans de petites boîtes en plastique, prêtes à être livrées. Les plus petites seront vendues pour faire du jus.

Abou Mohammad, un réfugié syrien, a été accueilli par Georges el-Jammal depuis quelques années. Il vit avec sa femme et ses dix enfants, et a aidé Georges efficacement, surtout lorsque ce dernier a décidé de développer son entreprise. Le travail est continu tout au long de l’année : préparer la terre, planter, prendre soin des plantations, fixer les serres, arroser, cueillir, et enfin laisser la terre se reposer. « La cueillette prend 7 mois. Et, avec les fraises, il faut les cueillir tous les jours », explique Abou Mohammad.

Georges el-Jammal, lui, supervise tout le travail. Rien ne passe sans son consentement. Tout doit être parfait. « Cette aide pour moi a été comme celle d’un père. Avec des taux d’intérêt bas, un échelonnement facile des paiements et des conseils pertinents sur la manière de dépenser, je me considère chanceux d’avoir bénéficié de ce projet de l’UE », explique fièrement Georges el-Jammal, avec son fort accent akkariote. Il espère terminer son prêt rapidement pour en prendre un autre et poursuivre sur sa lancée. Son enthousiasme est surveillé de près par Abdallah Ishac qui le visite régulièrement. Il ne faudrait pas qu’il fasse de faux pas. 

« J’aime mon travail. Je bosse nuit et jour. Je veille parfois tard dans la nuit pour m’assurer que les plantes sont bien arrosées. Sans oublier que les tâches agricoles en hiver sont très difficiles dans le climat au Akkar où les vents sont très forts. Ce soutien européen m’a permis de me lancer dans la vie avec assurance. En fin de compte, mon ambition est de vivre en homme libre et indépendant », conclut Georges el-Jammal, qui pense désormais à se marier et fonder une famille.



Aux confins du Liban-Nord, dans le caza du Akkar, à la frontière avec la Syrie, se trouve le petit village de Tel-Abbas-Ouest, noyé dans un océan de verdure. Tôt ce matin, Georges el-Jammal, accompagné d’une cinquantaine d’ouvriers, se trouve dans les champs pour cueillir des fraises. Dans un festival de couleurs et de bonne humeur, enfants, vieillards, hommes et femmes plongent tous...

commentaires (10)

Parce que dans l'article on parle du climat au Akkar "où les vents sont très forts" je crains que la déforestation fait son travail négatif.

Stes David

14 h 19, le 04 juin 2018

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Commentaires (10)

  • Parce que dans l'article on parle du climat au Akkar "où les vents sont très forts" je crains que la déforestation fait son travail négatif.

    Stes David

    14 h 19, le 04 juin 2018

  • J'éspère qu'ils ont aussi regardé si les serres de fraises ne nuisent pas l'écologie de l'Akkar. Il y a un temps, un article intéressant dans l'OLJ parlait de "caroube" https://www.lorientlejour.com/article/1086148/chypre-plante-des-milliers-de-caroubiers.html un programme de ces arbres natifs pour Chypre (et je pense aussi pour le Liban) qui n'encourage donc pas la déforestation du pays.

    Stes David

    13 h 32, le 04 juin 2018

  • Y a de quoi se refaire la fraise .. Lol.. .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 08, le 04 juin 2018

  • UN HOMME D,INITIATIVE ! BRAVO !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 49, le 04 juin 2018

  • Formidable ! ca donne envie de tout lâcher et suivre son exemple ;)

    Fawzi Ghantous

    12 h 45, le 04 juin 2018

  • Félicitations à Georges el-Jammal, et meilleurs voeux pour l'avenir ! Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 39, le 04 juin 2018

  • Georges el-Jammal le bon exemple pour un retour aux sources et à l'ariculture une nouvelle chance pour les libanais ambitieux .

    Antoine Sabbagha

    12 h 29, le 04 juin 2018

  • Un modèle à suivre. Bravo

    Sarkis Serge Tateossian

    08 h 12, le 04 juin 2018

  • top, bravo

    George Khoury

    06 h 37, le 04 juin 2018

  • Bravo!

    NAUFAL SORAYA

    06 h 27, le 04 juin 2018

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