L’un après l’autre, les représentants des grands pôles politiques défilent pour évoquer leurs victoires respectives et rappeler leur poids au sein du prochain Parlement ainsi que son équivalent en représentation au sein du prochain gouvernement. Hier, c’était au tour du secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, de poser en termes implicites les conditions de son camp pour ce qui est de la composition politique du prochain cabinet.
Le numéro deux du parti chiite a appelé à « la formation d’un gouvernement d’union nationale qui tienne compte des résultats des élections législatives et au sein duquel l’ensemble des forces politiques seront représentées conformément à leur importance au sein de la Chambre ». On peut d’ores et déjà déduire de ces propos que Naïm Kassem pense à un bon tiers de blocage pour le camp du 8 Mars, désormais comptabilisé avec le tandem chiite et les autres députés et blocs proches de l’axe irano-syrien, mais sans le bloc du CPL. Or le groupe auquel le numéro deux du Hezbollah fait allusion détient désormais plus de 43 sièges à la Chambre, et donc le tiers.
La veille, les milieux du Hezbollah avaient également indiqué que la part que réclamerait le tandem chiite à lui seul s’élèverait à 6 ministres au lieu des cinq que compte l’équipe actuelle.
Les propos du dignitaire chiite surviennent quelques jours après la position exprimée par le chef du Parlement Nabih Berry, qui s’était dépêché de « réserver » le ministère des Finances à la communauté chiite et plus précisément au ministre actuel sortant, Ali Hassan Khalil. Une position qui a aussitôt suscité une réplique de la part du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui s’est opposé au principe de l’attribution à vie d’un portefeuille à une communauté et placé, lui aussi, ses conditions en matière de représentation au sein du gouvernement.
Pour le Hezbollah, les messages au lendemain de la « victoire confortée » du parti et de ses alliés doivent être interprétés à plusieurs niveaux, à savoir sur le plan de la représentation au sein des institutions locales, mais aussi en direction de « l’Occident, d’Israël et des États-Unis et de tous ceux qui ont cherché à nous épingler », comme l’a relevé Naïm Kassem en évoquant une plus grande « légitimité » interne de la résistance dont « le Liban est le giron ».
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Le dignitaire chiite a cependant complètement éludé d’évoquer le réchauffement du front entre Israël et l’Iran en Syrie ces derniers jours. Une « omission voulue », commente Kassem Kassir, un journaliste proche des milieux du Hezbollah qui explique que si Naïm Kassem s’est abstenu de s’aventurer sur ce terrain délicat, c’est parce qu’il « préfère laisser la parole à Hassan Nasrallah » qui s’exprimera lundi prochain à l’occasion de la commémoration annuelle de la mort de Moustapha Badreddine, l’ancien inculpé principal dans l’affaire Rafic Hariri.
Pour ce qui est de la représentation du tandem chiite au gouvernement, elle devrait en principe s’accroître. M. Kassir croit savoir que le parti ne se contentera pas de fixer le nombre des ministres souhaités, mais qu’il ira jusqu’à réclamer cette fois-ci des portefeuilles plus importants que ceux qu’il occupait jusque-là, notamment des ministères de services tels que les Affaires sociales. Selon le journaliste, l’ambition du tandem chiite n’est pas nécessairement liée à son souhait de parvenir au tiers de blocage au sein du futur gouvernement, comme on serait tenté de le croire, « puisqu’il y a un équilibre des forces tel que l’on peut plutôt parler de deux camps opposés d’égale puissance qui peuvent se bloquer mutuellement », en tous les cas, sur les grandes questions stratégiques.
« Ces élections ont donné lieu à une nouvelle redistribution du pouvoir entre les parties politiques et à un équilibre des forces où aucun protagoniste ne peut prétendre à une suprématie. Cela s’applique également à Saad Hariri qui, désormais, ne peut prétendre qu’à un pouvoir égal à celui des autres forces en présence », a-t-il dit.
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Prenant le relais du numéro deux chiite, le député réélu du Hezbollah Nawaf Moussaoui a évoqué dans un discours l’avènement d’un nouvel équilibre, notamment dans les rapports interparlementaires.
« Nous sommes en présence d’un Parlement où les équilibres entre les différents blocs vont prévaloir de manière à empêcher toute partie politique de monopoliser la décision libanaise, que l’on avait tendance à confier à tel prince ou tel ambassadeur », a-t-il ironisé. « Par ces élections, vous avez protégé la résistance constitutionnellement, politiquement et diplomatiquement », a ajouté M. Moussaoui. Selon lui, le tandem chiite est désormais décidé à restituer à la vie institutionnelle ses lettres de noblesse, sachant qu’« elle avait été paralysée du fait d’une suprématie exercée de manière unilatérale », une autre allusion au camp haririen.
Le poids électoral du tandem chiite devra également se traduire au niveau de la reconduction de Nabih Berry à la tête du Parlement. « Je lui présente d’emblée mes félicitations », a dit M. Moussaoui, soulignant que M. Berry est élu d’office. « Aucun autre député ne peut le concurrencer à ce poste puisqu’il peut compter sur l’appui de 27 députés chiites », a-t-il ajouté.
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commentaires (8)
Plus on monte plus la chute sera sévère !!! Laissez les jaccassez mais maintenant il faudra compter avec le 16 député FL qui eux cette fois ci ne laisserons rien passer avant ils avaient 8 dép maintenant c’est le double ... DE SURCROÎT LES FL BATTENT EN NOMBRE DE DÉPUTÉ LE HEZB SEUL ... ce n’est pas rien
Bery tus
23 h 12, le 12 mai 2018