L'armée de l'air afghane a tiré début avril des roquettes ainsi qu'à l'arme lourde sur un rassemblement religieux près de Kunduz (Nord-Est), tuant au moins 36 personnes, principalement des enfants, affirme l'ONU après avoir envoyé des enquêteurs sur place.

Le bombardement, survenu le 2 avril, a ciblé une cérémonie à laquelle participaient des centaines d'hommes et d'enfants du district de Dasht-e-Archi, sous contrôle des talibans, souligne le rapport de la Mission d'assistance de l'ONU en Afghanistan (Manua).
Le gouvernement et l'armée avaient indiqué avoir ciblé des talibans préparant de futures attaques, dont 18 avaient été tués et 12 blessés.

Des sources sécuritaires afghanes et des témoins avaient pourtant expliqué à l'AFP que l'armée de l'air afghane avait visé une madrasa où se tenait une cérémonie de remise de diplômes.
"Une conclusion clé de ce rapport est que le gouvernement a utilisé des roquettes et des mitraillettes lourdes sur un rassemblement religieux", pointe la Manua, pour qui 36 personnes ont été tuées, dont 30 enfants, et 71 ont été blessées (51 enfants).
Le bilan pourrait toutefois être plus élevé, reconnaît l'ONU, pour qui des "informations crédibles" font état d'au moins 38 morts et 84 blessés.

Des sources de sécurité s'exprimant sous couvert d'anonymat avaient alors annoncé "59 morts, dont une majorité d'enfants parfois âgés de huit ans, et 17 talibans", ainsi que "57 blessés" acheminés à l'hôpital de Kunduz.
Les enquêteurs onusiens n'ont pu déterminer si des talibans étaient présents, ou non, au moment des bombardements.
"Mais même si le gouvernement avait une cible militaire légitime, la Manua s'interroge sur la manière dont le gouvernement a pris des mesures concrètes pour éviter des victimes civiles", poursuit le rapport.
Le ministère de la Défense n'était pas immédiatement disponible pour des commentaires.
Des responsables gouvernementaux à Kaboul et Kunduz avaient communiqué des bilans divergents après l'attaque, certains niant que des enfants aient été tués ou qu'une madrasa ait été touchée.

Le gouvernement a envoyé deux équipes d'enquêteurs sur place, mais jusqu'ici aucune d'entre elles n'a "publiquement rapporté ses conclusions", note la Manua.
L'ONU "exhorte le gouvernement à enquêter, documenter intégralement et mener un examen transparent des circonstances qui ont conduit à cet incident et à prendre des mesures immédiates pour s'assurer que les responsables dans la chaîne de commandement rendent des comptes".