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Liban - Médias

La Journée mondiale de la liberté de presse, l’occasion d’une réflexion générale sur un sujet épineux

Une cérémonie organisée par le bureau régional de l’Unesco à Beyrouth et la coordinatrice de l’ONU au Liban a permis d’évoquer les nombreux problèmes auxquels est confrontée la presse traditionnelle.

De gauche à droite, la coordinatrice spéciale de l’Onu pour le Liban, Pernille Kardel, le ministre Melhem Riachi et le directeur de l’information au sein du bureau régional de l’Unesco, Georges Awad. Photo ANI

À l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, le bureau régional de l’Unesco à Beyrouth et la coordinatrice de l’ONU au Liban ont organisé hier une cérémonie sous le patronage du ministre de l’Information Melhem Riachi. L’occasion pour les participants d’évoquer les nombreux problèmes auxquels est actuellement confrontée la presse traditionnelle face à la concurrence des réseaux sociaux, mais surtout les atteintes à la liberté de la presse et les moyens de protéger les médias. Le sujet est on ne peut plus d’actualité, en raison notamment du rôle grandissant des médias auprès de l’opinion publique, surtout en cette période électorale. En même temps, il s’impose aussi en raison des difficultés actuelles que connaissent les médias en général et les agissements du pouvoir et d’autres forces pour limiter la liberté d’expression. C’est donc un sujet sensible qui a été pleinement évoqué, dans tous ses aspects dans le cadre de cette cérémonie, qui a été suivie de trois ateliers de discussions, le premier animé par Gisèle Khoury, le second par notre collègue Scarlett Haddad avec Paul Morcos et le troisième par Mohammad Najm, Nizar Saghié et Gino Raïdy.
Le ministre Riachi a, dans ce cadre, insisté sur la nécessité d’obtenir le plus large appui possible à son projet de loi sur l’ordre des rédacteurs, qui permet à celui-ci d’être plus rassembleur et d’avoir une certaine autonomie par rapport au pouvoir en place et à l’ordre de la presse, tout en préservant la dignité des journalistes, ce qui forcément leur donne plus de liberté. C’est qu’en effet, aujourd’hui, outre les pressions traditionnelles du pouvoir, de nouvelles formes d’interventions ont lieu auprès des journalistes en raison des difficultés financières que connaissent la plupart des médias et du fait que le marché des médias est devenu quasi saturé. Il faut toutefois préciser que le projet de loi du ministre Riachi permettant une restructuration du secteur de l’information au Liban, qui avait été adopté en Conseil des ministres, fait de nouveau l’objet de tiraillements au sein du gouvernement, certaines parties s’étant rétractées au sujet de l’autonomie accordée à l’ordre des rédacteurs.

79 journalistes tués en 2017
Le directeur de l’information au sein du bureau régional de l’Unesco, Georges Awad, a insisté pour sa part sur le fait que la liberté d’expression est la pierre angulaire de la démocratie et que l’Unesco a été chargée de la préserver, dans l’optique de renforcer la communication entre les peuples et la circulation des idées de base de la démocratie. Georges Awad a estimé que les médias font actuellement face à des défis importants, notamment « la concurrence » des réseaux sociaux, ainsi que les mesures adoptées par les gouvernements au titre de la lutte contre le terrorisme. Il a précisé que 79 journalistes ont été tués en 2017 pendant l’exercice de leur fonction. La coordinatrice de l’ONU au Liban, Pernille Kardel, a insisté de son côté sur l’importance de répandre la liberté de presse et de la renforcer, sachant qu’elle doit s’accompagner de la liberté d’accès à l’information. Elle a aussi souligné l’importance de la liberté d’expression en période électorale, ajoutant que le Liban doit rester une oasis de démocratie et de liberté.
Gisèle Khoury, une grande figure médiatique qui est l’une des pionnières des animatrices de talk-shows politiques au Liban, a mis l’accent sur les menaces qui pèsent aujourd’hui sur les journalistes, d’abord à cause des agissements du pouvoir et de ses instruments et ensuite à cause de la situation actuelle des médias eux-mêmes. Mme Khoury a relevé le fait qu’au Liban, des journalistes sont encore déférés devant le tribunal militaire, ce qui est inadmissible. Elle s’est aussi demandé quel est l’avenir des médias traditionnels face au développement des réseaux sociaux et des médias électroniques ? Qui est aujourd’hui journaliste et qui ne l’est pas ? Selon elle, il est temps de se poser sérieusement ces questions et de chercher à y répondre.
Paul Morcos a, pour sa part, présenté le point de vue légal et juridique, précisant que si la loi de 1994 et l’amendement du décret 104 (qui n’autorise plus l’emprisonnement préventif des journalistes ainsi que la fermeture des médias) constituent un pas vers la protection de la liberté de presse, le chemin reste encore long, sachant que le pouvoir en place a toujours tendance à vouloir museler la presse.
Scarlett Haddad a, enfin, estimé que le véritable danger aujourd’hui, c’est que les médias se mettent à ressembler à la classe politique et non le contraire, d’autant que la loi sur l’audiovisuel a finalement autorisé une distribution politique et confessionnelle des licences de l’audiovisuel. Il faut donc revenir aux principes déontologiques de base. La liberté d’expression sur les réseaux sociaux a aussi été longuement abordée, ainsi que la limite entre le droit à l’information et à la liberté d’expression et la diffamation. Le fait que la plupart des États se trouvent plus ou moins dépassés par le développement des réseaux sociaux a été souligné, sachant qu’il est difficile d’adopter une législation adéquate dans ce domaine encore non réglementé. Le sujet est donc vaste et complexe, mais de l’avis de tous les participants, la réflexion initiée est utile et permet de chercher ensemble des solutions à des problèmes qui concernent en définitive tous les citoyens.

À l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, le bureau régional de l’Unesco à Beyrouth et la coordinatrice de l’ONU au Liban ont organisé hier une cérémonie sous le patronage du ministre de l’Information Melhem Riachi. L’occasion pour les participants d’évoquer les nombreux problèmes auxquels est actuellement confrontée la presse traditionnelle face...

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