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Liban - Citoyen grognon

Le vote préférentiel... aux femmes


« Pas de candidate sur votre liste? Alors je ne voterai pas pour vous. Et j’accorderai à une femme mon vote préférentiel. » C’est l’engagement que devrait prendre chaque électeur soucieux de justice, homme ou femme, à deux semaines des législatives, à l’heure où les listes électorales sont bouclées, où la bataille fait rage.
Parce que la femme demeure la grande oubliée de ce scrutin, malgré les promesses ronflantes des partis politiques traditionnels. Elle ne manque pourtant pas de compétence, ni d’intelligence ou d’éducation.
Figurant uniquement sur 49 des 77 listes, elle n’est souvent qu’un ornement utilisé par la classe au pouvoir ici ou là, pour redorer son blason. Preuve en est, la grande majorité des partis politiques n’ont pas présenté de candidates, mais ajouté à leurs listes, souvent en dernière minute, des indépendantes issues de la société civile. Et si l’avancée est indéniable, initiée par des battantes, elle demeure symbolique et timide, ne laissant pas présager de révolution, au final.
Y a qu’à écouter les pronostics des chefs de parti. Y a qu’à lire les noms des têtes de liste de facto, tous des hommes !
Seules 86 femmes demeurent aujourd’hui dans la bataille. En pourcentage, cela représente 14,4 % des candidats, selon les chiffres de l’association Women in Front qui milite pour une participation des Libanaises en politique. Moitié moins que le quota de 30 % de sièges au minimum prôné par les Nations unies et l’Union européenne. Bien loin de la parité à laquelle aspirent de grandes nations comme la France, la Suède ou la Finlande. Un pourcentage qui risque de rétrécir comme peau de chagrin, si les électeurs n’accordent pas aux femmes leur vote préférentiel.
Alors que les candidates foisonnent à Beyrouth II (19 femmes), et dans une moindre mesure dans les circonscriptions de Beyrouth I (7), Metn (9), Tripoli-Minié-Denniyé (8), Chouf-Aley (7) et Kesrouan-Jbeil (6), une seule femme est en lice dans la circonscription de Békaa-Ouest-Rachaya, au sein d’une liste de la société civile.
Le constat est tout aussi décevant dans les circonscriptions de Tyr-Zahrani et Saïda-Jezzine, qui comptent chacune 2 candidates. La situation n’est guère plus encourageante à Bint Jbeil-Nabatiyé-Marjeyoun-Hasbaya, où seulement 3 femmes sont encore dans la course. À l’instar de Zahlé, où elles font pâle figure parmi les 32 candidats des 5 listes qui se livrent une âpre bataille.
Donner à la femme son vote préférentiel n’est pas une faveur ni même un cadeau. C’est un devoir citoyen, pour une meilleure représentation au Parlement de plus de la moitié de la population. Pour que toutes les lois iniques à l’égard des femmes aient davantage de chances d’être débattues, dépoussiérées, amendées, abrogées pour certaines. Pour que des dossiers d’une grande sensibilité soient travaillés en profondeur, étudiés sous un nouvel angle, réfléchis non pas sur base du populisme, du confessionnalisme, du machisme ou du clientélisme, mais sous un angle humain et logique, lié à l’équité, à l’égalité des droits et des devoirs.
La violence conjugale, le mariage des mineures, le harcèlement sexuel, la discrimination au sein de la famille et au travail, le congé maternité, la garde des enfants, la Sécurité sociale, la transmission de la nationalité… À tous ces dossiers parmi tant d’autres, une attention particulière sera forcément accordée, initiée par les principales intéressées, soucieuses de briser les tabous.
Vu sa grande frilosité, le pouvoir patriarcal en place n’aura réussi, lui, qu’à montrer ses limites. Seules des élues, munies du cran nécessaire, seront susceptibles de faire bouger les choses, de réclamer un changement radical de la loi électorale, de remettre sur le tapis l’option du quota féminin, au Parlement, au gouvernement, au sein des administrations publiques... Les femmes prendront espoir et se sentiront écoutées. Leur citoyenneté n’en sera que plus renforcée. Indéniablement, le pays du Cèdre se portera mieux. Et pas seulement sur le plan des droits des femmes.

« Pas de candidate sur votre liste? Alors je ne voterai pas pour vous. Et j’accorderai à une femme mon vote préférentiel. » C’est l’engagement que devrait prendre chaque électeur soucieux de justice, homme ou femme, à deux semaines des législatives, à l’heure où les listes électorales sont bouclées, où la bataille fait rage. Parce que la femme demeure la grande...

commentaires (2)

OUI ! MAIS IL FAUT SAVOIR CHOISIR...

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 56, le 20 avril 2018

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Commentaires (2)

  • OUI ! MAIS IL FAUT SAVOIR CHOISIR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 56, le 20 avril 2018

  • Bravo !

    Shou fi

    15 h 52, le 20 avril 2018

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