Les Philippines ont interdit d'entrée sur leur territoire le représentant d'un parti politique européen critique envers le président Rodrigo Duterte, une décision dénoncée lundi par l'opposition comme la volonté de faire taire toute voix dissonante.
Giacomo Filibeck, secrétaire général adjoint du Parti des socialistes européens, a été arrêté par la police des frontières à son arrivée dimanche à l'aéroport de Cebu, dans le centre de l'archipel. Puis, le responsable politique italien a été expulsé pour "activités politiques illégales", a déclaré sa formation.
M. Filibeck s'était rendu aux Philippines à l'invitation du parti philippin d'opposition Akbayan pour participer à un congrès.
Il avait fait partie d'une délégation de politiques européens qui avait condamné les "meurtres extrajudiciaires" de milliers de personnes dans la guerre contre la drogue menée par M. Duterte, au terme d'une mission d'enquête dans l'archipel en octobre dernier.
"C'est un bâillon à l'intention de tout le monde", a réagi Tom Villarin, parlementaire d'Akbayan. "Il ne faut pas examiner la situation des droits de l'Homme aux Philippines", a-t-il dit à l'AFP. Les agissements du gouvernement Duterte (...) montrent vraiment que le degré d'impunité a atteint celui d'une dictature".
Le ministre de la Justice Menardo Guevarra a déclaré que M. Filibeck avait été interdit d'entrée pour avoir violé la loi.
"M. Filibeck a été mis sur la liste noire (de l'immigration) pour avoir contrevenu à la législation sur l'immigration qui interdit aux étrangers présents dans notre pays de se livrer à des activités politiques", a-t-il dit à l'AFP.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, le président philippin a lancé une campagne sans merci contre le trafic de drogue.
La police affirme avoir tué 4.100 toxicomanes et trafiquants présumés. Les défenseurs des droits affirment qu'il faut multiplier ce chiffre par trois.
La Cour pénale internationale a lancé un examen préliminaire sur les meurtres, ce qui a conduit M. Duterte à annoncer le retrait de son pays du traité fondateur de la CPI. L'Union européenne s'est également déclaré "préoccupée".
Le PSE a dénoncé l'expulsion de son représentant, ajoutant en avoir informé la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
"Il est complètement inacceptable qu'un représentant du PSE (...) soit traité comme un criminel sur ordre du gouvernement", a déclaré le président du parti Sergueï Stanichev dans un communiqué. "Nous refusons d'être réduits au silence et nous continuerons à exprimer notre solidarité avec l'opposition démocratique au règne de plus en plus autoritaire de M. Duterte".
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