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Lifestyle - La mode

Baroud, entre naufrage et paix sous-marine

Il y a quelque chose de proustien chez ce jeune créateur qu’on imaginerait volontiers en chemise à col cassé, lavallière et orchidée à la boutonnière si l’époque s’y prêtait encore. Eli Simon Baroud crée une mode impressionniste, tout en suggestion et poésie.

Eli Simon Baroud pendant un shooting. Photos DR

Né à Beyrouth, Eli Simon Baroud a grandi au bord de la mer, avec un père féru de pêche et amoureux du large, qui l’embarque avec lui dans ses cabotages et l’initie à la plongée. Quand il n’est pas dans l’eau, l’enfant cherche ses sirènes sur terre et leur taille dans les tissus élimés de meubles à l’abandon des robes fanées auxquelles la mer restitue l’éclat secret, la lumière jamais perdue. En grandissant, ce lien avec la vie sous-marine le décide spontanément à se lancer dans des études de biologie. Mais il ne veut pas abandonner la couture pour autant. Trois ans durant, il est aspirant biologiste le jour, et le soir, se dirige des laboratoires de l’AUB aux cours d’Esmod qui l’absorbent de plus en plus. Discipliné par la rigueur des collèges catholiques, ce grand travailleur décide de se vouer à fond à sa formation de couturier. Il s’engage sérieusement à Esmod et en sort diplômé en 2011 avec les honneurs. Aussitôt après, il complète sa formation de biologiste par une licence en gestion et, en 2012, s’envole pour New York où il effectue un stage de trois mois chez Marchesa, la maison de mode fondée par Georgina Chapman et Keren Craig. Il rejoint ensuite le programme de master de la prestigieuse École de la chambre syndicale de la couture parisienne dont il sort diplômé en 2014. 

La vraie vie commence pour Eli Baroud quand il est reçu en stage chez Hermès à Pantin, dans le département masculin où, sous la direction de Véronique Nichanian, il développe des prototypes en cuir pour les défilés. Il est ensuite accepté en formation chez Christian Dior sous Raf Simons où il participe à la création de prototypes et maquettes de trois collections consécutives. Riche d’un parcours désormais solide, le jeune créateur se sent désormais prêt à voler de ses propres ailes. Son premier projet personnel voit le jour le 15 mars 2018. La collection de la saison automne/hiver de l’année en cours s’accompagne, pour le couturier, de la fondation de sa maison éponyme. L’univers recherché de la couture libanaise compte désormais une enseigne de plus. Baroud est une griffe partie pour durer. 

Magie des créatures marines
La collection automne/hiver 2018 d’Eli Simon Baroud s’appelle « Wreconciliation ». Derrière ce jeu de mots anglais entre naufrage et réconciliation , il développe une esthétique où l’univers marin, à la fois amniotique et irrespirable, solaire et obscur, réel et inaccessible, immobile et mouvant, offre malgré ses paradoxes un lieu silencieux et chatoyant où plonger en soi pour enfin trouver sa paix. Féru de biologie depuis l’enfance, Baroud est avant tout un scientifique qui recrée à travers ses robes le mouvement des marées qui se joue des algues et de la faune marine. « J’ai trouvé mon inspiration en explorant l’atmosphère d’anciens naufrages. Mon enfance était sereine et mes étés infusés de l’odeur iodée de la mer qui appelait à la réconciliation », confie le créateur qui a parcouru ses souvenirs pour en ramener la plastique particulière de cette collection. On y retrouve sa fascination pour la matière des tenues de plongée, le mouvement, paradoxalement recréé par des plumes, de la végétation marine secouée par les vagues ou des tentacules des méduses et anémones de mer. Çà et là, un éclair argenté zèbre les robes comme la soudaine caresse d’un rayon de soleil sur un rocher inaccessible à la lumière. « La veste Bar de Dior, les volumes de Yamamoto, la sensualité des textures et les coupes tranchées de Helmut Lang, parmi d’autres, font partie du vocabulaire qui articule cette collection », affirme Baroud qui avoue que rien ne surpasse en poésie, à ses yeux, la transformation d’un être humain en créature marine grâce à une combinaison de plongée et une bonbonne d’oxygène. 
Né à Beyrouth, Eli Simon Baroud a grandi au bord de la mer, avec un père féru de pêche et amoureux du large, qui l’embarque avec lui dans ses cabotages et l’initie à la plongée. Quand il n’est pas dans l’eau, l’enfant cherche ses sirènes sur terre et leur taille dans les tissus élimés de meubles à l’abandon des robes fanées auxquelles la mer restitue l’éclat...

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