Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a choisi Nabatiyé (qui fait partie de la circonscription Sud III) pour tenir son premier discours électoral dimanche dernier, par écran de télévision interposé.
L’appel à la mobilisation des électeurs est revenu en boucle, avec une insistance sur l’impératif pour les électeurs du parti chiite de respecter les directives relatives à la répartition des votes préférentiels entre les candidats présents sur les listes du Hezbollah, y compris « les candidats de nos alliés ». Il a en contrepartie stigmatisé « les ennemis » qui se trouvent sur certaines listes rivales. « Ma volonté n’est pas de décortiquer, ni de critiquer les autres listes, il y en a d’ailleurs, et pas seulement dans le Sud III, qui incluent certains de nos amis. Mais vous savez tous qu’il y a des ennemis sur certaines listes : ceux-là affichent ouvertement leur inimitié pour la résistance et questionnent son utilité », a-t-il dit. La principale liste de l’opposition dans le Sud III est chapeautée par le journaliste Ali el-Amine, fervent opposant au Hezbollah en tant qu’outil idéologique de guerre. Si Hassan Nasrallah a appelé à ne voter que « pour ceux qui soutiennent et protègent la résistance », il a décrit l’enjeu politique de ce vote sous l’angle de la sauvegarde du « triptyque d’or, armée-peuple (vous !)-résistance (vous !) ». Il est remonté jusqu’en 2005 pour décrire ce qu’il estime être les signes d’un « complot » israélo-américain, visant à « provoquer un affrontement entre l’armée et le Hezbollah ». Cette menace existe toujours, et c’est pour la contrer que « nous devons renforcer politiquement la résistance », en répondant à « la nécessité d’assurer une présence massive de soutien au Parlement. Ces soutiens doivent également être présents au sein du gouvernement et au niveau des présidences », a-t-il souligné.
Juillet 2006 et mai 2008
L’étape « la plus dangereuse » du « complot » contre l’armée et le Hezbollah a été la guerre de 2006, lorsque « le Premier ministre de l’époque (Fouad Siniora, NDLR) a donné l’ordre au commandement de l’armée, en pleine guerre de juillet, de saisir les camions chargés d’armes, de munitions et de roquettes destinées à la résistance, allant de la Békaa vers le Sud. Un premier camion a été saisi. Et je peux vous assurer que ceux qui ont donné cet ordre pariaient sur un conflit entre l’armée et la résistance (…) qui a été évité notamment grâce au président de la Chambre, Nabih Berry », a-t-il dit, en faisant une distinction claire entre Fouad Siniora (qu’il n’a pas nommé) et son gouvernement.
M. Siniora a répondu hier au dignitaire chiite, en citant un communiqué du commandement de l’armée en date du 12 août 2006 (…), où ce dernier assurait « n’avoir reçu aucun ordre du Premier ministre de saisir les armes transportées vers le Sud » et précisait que « le Premier ministre n’a tenu aucune réunion au sujet de ces armes avec des représentants du Hezbollah, contrairement à ce que prétend le secrétaire général de ce parti, Hassan Nasrallah ».
La réponse (par communiqué) de M. Siniora lui a valu hier soir une réplique directe de Wafic Safa, responsable de la sécurité au Hezbollah, qui a invité dans la polémique l’ancien chef d’État, Michel Sleiman, alors commandant en chef de l’armée : « Lorsque j’ai appelé le commandant de l’armée pendant la guerre de juillet 2006 au sujet du camion qui avait été saisi, il m’a répondu en me priant de ne pas l’embarrasser, et en précisant que “l’affaire est chez Siniora”. Qui de vous deux dit la vérité, Monsieur le Premier ministre ? »
Hassan Nasrallah a fait par ailleurs référence dans son discours à la décision du gouvernement, en date du 5 mai 2008, de démanteler le réseau des télécommunications parallèle, monté par le Hezbollah, également dans la perspective selon lui de provoquer une confrontation entre l’armée et le parti chiite, ce que Fouad Siniora a démenti hier en bloc, en faisant remarquer du reste que « ce réseau existe toujours et a connu depuis une expansion impressionnante jusqu’à atteindre différentes régions du pays ».
CEDRE
Outre l’enjeu politique du vote, le leader chiite a évoqué ses enjeux socio-économiques, en mettant en garde contre une faillite du pays. « Si le pays était en faillite, il y aurait eu des signes de cela, l’État se serait effondré. Mais si nous continuons de la sorte, comme nous l’avons fait par le passé au niveau des institutions publiques, nous irons sûrement à la faillite et vers une situation difficile », a-t-il prévenu, en appelant à choisir des députés qui n’entérineront pas des prêts à tout-va.
« La dette (publique) actuelle s’élève à 80 milliards de dollars et j’entends dire qu’elle augmente chaque année. Ce qui est sûr, c’est que le service de la dette augmente. Après la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE), sachant que les prêts qui seront accordés au Liban s’évaluent à plus de 11 milliards de dollars, et en prenant compte le service de la dette, la dette publique s’élèvera à 100 milliards de dollars », a déploré Hassan Nasrallah.
« Certains disent : “Approuvons ce projet en faveur de telle personne, approuvons un autre projet parce qu’un certain pôle est en faillite et a besoin de liquidités”. Dorénavant, je vous dis que ceux qui tiennent de tels propos sont des traîtres au peuple libanais », a martelé le leader chiite.
« Je n’ai pas d’informations précises sur ce qui s’est passé à Paris, mais on parle de taxes et d’impôts. Toute nouvelle taxe contre les classes pauvres au Liban est non discutable et doit être catégoriquement rejetée », a-t-il dit, en s’engageant, au nom de son parti, de « faire face à toute nouvelle taxe contre ces classes (…) au sein du Parlement. S’il le faut, nous aurons recours à la rue ».
Il a toutefois fait savoir que sa formation ne comptait pas boycotter le gouvernement sous quelque condition que ce soit, affirmant que « les arrières de la résistance étaient exposés aux niveaux sécuritaire, financier et économique ». « Nous ne voulons ni boycotter ni démissionner du gouvernement, et, en cas de besoin, nous manifesterons dans la rue, car cela est un droit, même si nous faisons partie du gouvernement », a-t-il précisé.
Liban - Polémique
Nasrallah : Les législatives pour « renforcer politiquement la résistance »
Le Hezbollah s’en prend à Fouad Siniora et indirectement à Michel Sleiman.
OLJ / le 10 avril 2018 à 00h00
commentaires (6)
Il n'a pas besoin de descendre dans la rue. Il y est déjà et dans le gouvernement Ce sont ses discours hebdomadaire pour nous faire prendre un taureau pour un boeuf, un boeuf pour une vache, et une vache pour une chèvre du creux + du creux= triple creux, on s'en passerait bien
FAKHOURI
16 h 41, le 10 avril 2018