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Culture - Focus

« Si je les ai choisies, c’est parce qu’elles transforment leurs douleurs »

Dans son nouveau documentaire Eleelé  (Raconte), la réalisatrice
libanaise Soula Saad livre un inspirant manifeste pour la libre expression des femmes sous toutes ses formes.
Elles sont la cible première de ce voyage documentaire de deux heures à la recherche des voix bravant les discours stéréotypés. Dans un film mêlant arabe, français et anglais, Soula Saad montre la richesse d’un discours féminin émancipateur qui existe et s’affirme au Moyen-Orient. Vingt-cinq voix se fondent, chantées, parlées, écrites, modelées. Celles de femmes aux destins divers se mêlent à celle de la réalisatrice Soula Saad, dont la voix rauque nous emporte dès les premiers mots.

Des femmes de choix
Elles sont libanaises, égyptiennes, syriennes ou iraniennes, et leurs témoignages sont le fruit d’un travail de longue haleine, autofinancé par la cinéaste elle-même. Au début de ce projet, en 2000, elle établit une liste de femmes qui l’inspirent et aux destins variés, auxquelles s’ajoutent des « rencontres de la vie ». Le seul critère de sélection de Saad est l’esprit créateur de ses interlocutrices. « Si je les ai choisies, c’est qu’au lieu de parler de leur douleur à l’état brut, elles en font matière et transformation », explique-t-elle. Nombre d’artistes se livrent ainsi devant sa caméra. La plasticienne libanaise Mireille Honein et la chanteuse iranienne Mamak Khadem n’en sont qu’un échantillon. Soula Saad accorde en effet une importance primordiale à la musique, moyen d’expression phare pour les femmes selon elle. Si ce voyage documentaire est éminemment musical, il ne se limite pas uniquement à l’art. Femmes politiques, journalistes et psychologues dévoilent, elles aussi, l’une après l’autre, leur parcours atypique et résolument féministe.
À travers ce film, la réalisatrice souhaite créer une nouvelle plate-forme d’expression féminine, « Féminitude », accessible à toutes. Elle regrette en effet un féminisme « parfois trop exclusif » et choisit dès lors de mettre en lumière des femmes qui rejettent le plafond de verre au quotidien, « refusant de censurer leur parole », confie-t-elle.

Un projet plus vaste
Ce film appelle à une suite et s’inscrit dans une démarche plus large de la réalisatrice. Après 30 pays visités, elle affirme que ce n’est « pas fini » et souhaite s’aventurer en Asie, qu’elle a peu évoqué pour l’instant. Eleelé est dès lors une introduction à un périple plus long encore. L’auteure explique souhaiter « capter toutes ces paroles et compiler un échantillon de la voix féminine collective de la planète entre 2000 et 2020 ». À deux doigts de terminer son épisode consacré aux femmes africaines, la réalisatrice obstinée souligne l’importance des financements, qui manquent à ce jour. Aucune chaîne télévisée du monde arabe n’a pour l’instant répondu à l’appel. La voix des femmes n’est-elle pas encore prête à être entendue par tout le monde ? Soula Saad explique avoir dû réalisé 20 films éducatifs pour financer ce film. « Ce dernier déterminera la suite. Si je continue dans ce sens ou si je trouve une autre plate-forme d’expression », explique-t-elle. Elle a cependant confiance en l’avenir, la fondation Liban Cinéma ayant présélectionné le film pour le programme Lebanon Goes to Cannes.

Dans son nouveau documentaire Eleelé  (Raconte), la réalisatrice libanaise Soula Saad livre un inspirant manifeste pour la libre expression des femmes sous toutes ses formes. Elles sont la cible première de ce voyage documentaire de deux heures à la recherche des voix bravant les discours stéréotypés. Dans un film mêlant arabe, français et anglais, Soula Saad montre la richesse...

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