Rechercher
Rechercher

Culture - Musique

Kinan Azmeh, à la recherche d’une Syrie perdue

Le clarinettiste virtuose et compositeur syrien porte son pays natal comme une blessure, qu’il entend guérir à travers la musique.

Dans « Home Within », Kinan Azmeh joue avec les notes, Kevork Mourad avec ses illustrations. Photo D.R.

Diplômé de la prestigieuse Julliard School, Kinan Azmeh vit à New York mais sillonne les continents avec deux armes de construction massive : sa clarinette et sa musique, qui navigue entre classique, jazz, électronique et oriental.
De passage à Beyrouth, il embarque le public de l’Assembly Hall (AUB) dans un voyage audiovisuel de 60 minutes, à la recherche des émotions d’un peuple syrien déraciné. Intitulé Home Within, ce spectacle est le projet de deux amis, mais aussi et surtout de deux artistes accomplis. Kinan Azmeh joue avec les notes, Kevork Mourad avec ses illustrations. Le tout compose un spectacle dépaysant, mais qui reste avant tout, selon la volonté des deux compères, l’œuvre de deux enfants de la Syrie qui s’étaient rencontrés à New York, sur les bancs de la fac, avec de signer une première collaboration artistique intitulée Gilgamesh, en 2003.

Dans Home Within, initié en 2012, les images d’une Syrie chaotique se font et défont au rythme des notes s’envolant de la clarinette. Le spectacle ne suit pas un schéma narratif, mais consiste plutôt en un puzzle d’instants choisis dans l’histoire syrienne récente. « Il ne s’agit pas de résumer les événements, mais plutôt d’exposer, de mettre à nu notre ressenti d’artistes », souligne Azmeh. « Nous souhaitions tous deux documenter nos sentiments à différents moments depuis le début de la révolution », confie-t-il. Le spectacle, à l’image des artistes, est en renouveau permanent, avec environ un tiers d’improvisation, à la fois pour la musique et les dessins. Pour le musicien, l’intitulé Home Within est un questionnement, une fenêtre ouverte à tous les possibles. « Qu’est-ce que la maison? Est-ce le lieu où l’on a grandi ou bien le lieu où sont nichés nos souvenirs ? Pour moi, il s’agit certainement du lieu auquel tu souhaites contribuer sans avoir à le justifier », explique-t-il.

Les influences du cosmopolitisme syrien sont facilement détectables dans la musique de celui qui affirme n’avoir jamais voulu être un expatrié. « Je tenais à faire partie de la scène musicale locale, en Syrie comme au Moyen-Orient », indique le clarinettiste qui ne s’identifie à aucun style, interagit avec tout le reste, affirme avoir été inspiré par la musique kurde comme la musique occidentale.
Comme dans le cadre de sa tournée en Europe et aux États-Unis, le duo présente chaque concert en collaboration avec des ONG venant en aide à la Syrie, afin de provoquer une prise de conscience collective sur les affres de la guerre en Syrie. Une partie des fonds de la performance du 26 mars sera ainsi reversée à Ettijahat et à son programme de bourses pour artistes syriens, ainsi qu’au Syrian Students Scholarship Fund à l’AUB. Car pour Kinan Azmeh, l’éducation reste le plus élémentaire des droits humains. Pour le musicien, l’accès à l’art devrait l’être également. Dès qu’il est en tournée, il essaye ainsi de visiter des camps de réfugiés et d’y jouer ses pièces. Et de conclure : « La vie sans art est une vie à laquelle il manque beaucoup. »

« Home Within », lundi 26 mars, 20h, AUB Assembly Hall.


Pour mémoire

Cinq mille ans après, Gilgamesh pleure…

Diplômé de la prestigieuse Julliard School, Kinan Azmeh vit à New York mais sillonne les continents avec deux armes de construction massive : sa clarinette et sa musique, qui navigue entre classique, jazz, électronique et oriental. De passage à Beyrouth, il embarque le public de l’Assembly Hall (AUB) dans un voyage audiovisuel de 60 minutes, à la recherche des émotions d’un peuple...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut