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Moyen Orient et Monde - Crise diplomatique

Quelles seront les réponses du Kremlin face aux critiques de l’Ouest ?

Empêtrée dans les accusations d’utilisation d’armes chimiques en territoire étranger, la Russie doit jouer la carte de l’équilibre pour ne pas se retrouver isolée diplomatiquement.

Le président russe Vladimir Poutine s’adresse aux lauréats des Jeux paralympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang lors d’une cérémonie de remise des prix au Kremlin, à Moscou, le 20 mars 2018. AFP/POOL/Yuri Kadobnov

Entre invectives et provocations diplomatiques, le conflit autour de l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, en Grande-Bretagne, a engendré une hausse des tensions entre Moscou et les pays européens. Les mesures prises par ces derniers, à la suite notamment de la demande britannique de boycotter la Coupe du monde de football en Russie et l’expulsion de diplomates de la part de Londres, rajoutées aux sanctions annoncées plus tôt par les États-Unis pour ingérence dans la campagne présidentielle américaine de 2016 témoignent de l’ampleur de ces tensions. Mercredi, le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a rajouté de l’huile sur le feu en validant une phrase prononcée par un député travailliste qui a comparé le Mondial de football organisé en Russie cette année aux Jeux olympiques de 1936 à Berlin sous Adolf Hitler. Des propos qualifiés de « dégoûtants, insultants et inacceptables » par le Kremlin. L’ambassadeur russe en Grande-Bretagne, Alexandre Iakovenko, a cependant tenu hier à jouer la carte du dialogue avec Londres en assurant que « les supporters britanniques seront en sécurité » durant la compétition.
Mais, dans ce climat de tensions entre Moscou et l’Ouest, la question du risque d’isolement diplomatique de la Russie est soulevée, de même que les interrogations concernant d’éventuelles réponses plus fortes à donner face aux accusations occidentales. Mais cela ne se fera que si les pays européens, qui n’ont jusqu’à présent pas pris de réelles mesures contre la Russie, décident d’en prendre. « Si les Européens agissent à l’image de la Grande-Bretagne, Moscou réagira de la même manière, et cela créera une instabilité plus forte entre l’Europe et la Russie », affirme à L’Orient-Le Jour Roman Osharov, ancien correspondant de Voice of America à Moscou. Mais bien que les tensions soient visibles, les relations diplomatiques avec Moscou sont toujours présentes, et les ambassades, toujours en place. Lors de la réélection de Vladimir Poutine à la tête de la Russie dimanche dernier, avec plus de 75 % des voix, ce dernier a reçu de nombreux messages de félicitations de la part de ses alliés chinois, indiens, syriens et vénézuéliens, mais aussi de la part de pays qui ont décidé de soutenir la Grande-Bretagne dans sa guerre verbale et diplomatique contre Moscou, comme l’Allemagne, la France et les États-Unis (même si l’entourage de Donald Trump a exhorté ce dernier à ne pas le faire).
Toutefois, malgré la position incontournable de la Russie sur la scène internationale, il n’est pas dans son intérêt de prendre des mesures trop drastiques envers les Occidentaux en réponse aux accusations portées contre elle. « La Russie ne veut, et ne peut pas rompre les relations diplomatiques avec Londres, car c’est un endroit important pour les affaires et l’élite russes, mais aussi pour s’implanter économiquement dans le bloc occidental », affirme à L’OLJ Lilia Shevtsova, chercheuse à Chatham House, spécialiste de la Russie. Moscou joue à un jeu d’équilibriste qui vise, d’un côté, à affirmer sa position et donner des réponses proportionnées aux accusations formulées contre lui, et, de l’autre, à ne pas trop froisser les puissances avec qui il a des intérêts économiques et politiques puissants de peur d’être vraiment isolé. « Être isolé diplomatiquement serait le cauchemar de Vladimir Poutine. Il veut, dans un premier temps, se présenter comme un chef qui doit être craint et qui n’a pas peur de la confrontation, mais il veut promouvoir la Russie face au bloc de l’Ouest », conclut-elle.

Entre invectives et provocations diplomatiques, le conflit autour de l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, en Grande-Bretagne, a engendré une hausse des tensions entre Moscou et les pays européens. Les mesures prises par ces derniers, à la suite notamment de la demande britannique de boycotter la Coupe du monde de football en Russie et l’expulsion...

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