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Lifestyle - This is America

Barbiemania, féminisme et Frida Kahlo

Quand Barbie, 59 ans et, toujours, une taille de guêpe, essaie de rattraper le train du MLF en marche, elle fait un faux pas.

Barbie-Kahlo, dans la série « Les femmes qui inspirent ». Photo tirée du site Barbie.

Son glamour et sa garde-robe hollywoodienne, qui ont fait rêver les petites filles en fleurs durant des décennies, n’étaient plus en phase avec l’air du temps. Alors, en hommage aux femmes d’exception à travers le monde entier, ses créateurs l’ont transportée dans l’univers des Inspiring Women, à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Exit les robes des grands soirs et les tenues de plage so sexy : Barbie doit se mettre dans la peau de grandes héroïnes américaines. Barbie s’est ainsi réincarnée en la célèbre aviatrice Amelia Earhart, la première Américaine à avoir traversé en 1928 l’océan Atlantique en avion et la première à le faire en solitaire en 1932. Puis la poupée immortelle a troqué son bomber en cuir marron et col en chaude fourrure contre la stricte robe à col rond et les grandes lunettes à écailles de la mathématicienne de la NASA, Katherine Johnson. Et parce que cela ne suffisait pas, il a fallu qu’elle embarque les enfants dans le monde de l’art. La voilà donc transformée en Frida Kahlo, haute en couleur, et en symbole du féminisme et de l’activisme politico-culturel. Mais cette nouvelle identité de la poupée iconique a soulevé moult controverses. À commencer par l’actrice Salma Hayek, qui partage avec elle le même pays d’origine, le Mexique, et qui l’avait incarnée dans le film Frida paru en 2002. L’actrice a déclaré sur Instagram : « Frida Kahlo n’avait jamais essayé d’être, ou d’apparaître, comme quelqu’un d’autre. Elle célébrait ce qu’elle avait d’unique. Comment a-t-on pu la tourner en Barbie ? »

Difficile makeover Barbie-Frida Kahlo
De nombreuses personnes reprochent également à la firme de jouets Mattel, qui a créé Barbie, de n’avoir pas été fidèle à ce qu’avait été en réalité la grande artiste et de l’avoir totalement aseptisée. La poupée Kahlo ne porte aucune trace des souffrances endurées par le corps de la peintre tout au long de sa vie. Elle se tient bien droite, débarrassée de sa chaise roulante. Sa petite-nièce, Mara Romero, seule détentrice des droits sur l’image de l’illustre peintre mexicaine, va plus loin, a critiqué le manque de ressemblances avec sa parente défunte dont on a éclairci les yeux et débroussaillé les sourcils, sa grande caractéristique. Rien dans l’expression et l’attitude, même les vêtements (certes dans sa palette connue), ne sont fidèles à l’artiste. Et rien, dans cette version Barbie, ne suggère la farouche féministe qu’elle était, ou l’artiste peignant tout en souffrant dans sa chair. « J’aurais voulu que la poupée ait davantage les traits de Frida, pas cette poupée aux yeux clairs. La poupée devrait représenter tout ce qu’incarnait ma tante : sa force », expliquait-elle à l’AFP. Pour sa défense, Mattel a précisé à son tour avoir travaillé en « étroite collaboration » avec Frida Kahlo Corporation, une société basée à Miami « qui détient tous les droits liés au nom et à l’identité de Frida Kahlo pour la création de cette poupée ».
Frida Kahlo (1907-1954) a mené une brillante carrière picturale tout en endurant les séquelles d’une poliomyélite contractée à l’âge de six ans, qu’est venu aggraver un grave accident de bus, et a dû subir de nombreuses interventions chirurgicales. Tout au long de sa vie, elle n’a jamais cessé d’être une ardente militante politique se battant pour l’idéologie du Parti communiste mexicain et l’émancipation de la femme. Difficile donc de faire porter toutes ces casquettes à une Barbie aux longues jambes et figée dans une beauté imperturbable. Difficile également, dans ce siècle de tous les changements, d’intéresser les petites filles à la poupée, toute chargée de message qu’elle soit, alors qu’avec un IPad et d’autres joujoux électroniques, elles peuvent devenir une multitude de personnages. Plus besoin, non plus, de se rendre dans un magasin spécialisé afin de satisfaire leurs envies, les achats pouvant se faire en ligne, ce qui vient de porter un grand coup à la mégachaîne de jouets américaine Toys R. Ses responsables ont en effet annoncé qu’ils vont fermer ou vendre les 800 magasins qu’ils possèdent dans le pays.
Quant à Ken, le compagnon-poupée de Barbie... Il y a Rodrigo Alves. Une « créature » indifférente à ce changement social, se voulant un témoin de la traditionnelle culture ludique en voie de disparition. Un homme qui croit encore en la magie des poupées. Au point de s’être métamorphosé (après plus d’une vingtaine d’interventions chirurgicales) en Ken. Cet homme de 34 ans, féru de chirurgie esthétique, est l’héritier d’une fortune brésilienne. Il n’a donc eu aucune difficulté à s’adonner à cette drôle de passion, néanmoins très malsaine. Il lui en a coûté 508 000 de dollars pour devenir la version humaine de Ken. Il a même demandé à ses followers de l’appeler à présent Roddy Doll. Aujourd’hui, pour aller encore plus loin dans sa folie, il est tenté de rentrer dans la peau d’une femme qui, en l’occurrence, serait Barbie. Clouant au pilori Mr. Bruce Jenner (du clan des Kardashian), devenu plus célèbre sous le nom de Mrs Caitlyn Jenner. This is America…

Son glamour et sa garde-robe hollywoodienne, qui ont fait rêver les petites filles en fleurs durant des décennies, n’étaient plus en phase avec l’air du temps. Alors, en hommage aux femmes d’exception à travers le monde entier, ses créateurs l’ont transportée dans l’univers des Inspiring Women, à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Exit les robes des grands...

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