Dans ce monde plein, grouillant de petites choses, Bettina Khoury Badr a, un jour, senti qu’elle avait besoin de quelque chose d’intangible, un élément abstrait qu’elle voulait trouver. Elle s’est alors mise à regarder les objets et ils sont venus à elle : « Ils m’ont appelée, ils m’ont simplement appelée ! » Comme une coïncidence heureuse, ils se trouvent sur son chemin et l’artiste les saisit. « Ce sont des objets que j’ai trouvés et qui m’ont rappelé quelque chose d’intense. C’est cette intensité que j’ai voulu traduire visuellement. »
Une Vénus, un dé, un poisson… Les objets croisés par Bettina Khoury Badr forment un tout cohérent. En les juxtaposant, ils communiquent entre eux et se connectent pour l’artiste : « Je veux qu’ils coexistent ensemble, qu’ils créent quelque chose. Dans ce contexte, cela me permet de les lire. »
Le poisson suspendu n’est plus un poisson, chacun le perçoit et l’interprète à sa manière. La représentation de ces objets éveille un souvenir sensible, à l’instar de la madeleine de Proust. Ils nous invitent à imaginer notre propre histoire autour de ces tableaux. Ce qui compte, c’est avant tout le sentiment suscité par l’œuvre d’art. Le spectateur est tenté de déplacer les toiles afin de créer son propre puzzle. En référence au titre de l’exposition, « Still Life », Bettina Khoury Badr explique que, justement, la vie n’est pas immobile – « life is not still » –, elle est en mouvement. C’est ce processus dynamique, semblable à la vie, qu’elle traduit ici visuellement.
Art on 56th
Gemmayzé, jusqu’au 17 mars.