Et si l’une des solutions au problème de l’eau au Liban passait par la construction de petits barrages dans les vallées naturelles ? C’est la thèse qu’a défendue Ayman Chéhadé, ingénieur diplômé des universités allemandes, lors d’une conférence sur le développement durable et la préservation de l’eau, organisée par le Forum académique Beyrouth-Berlin à l’hôtel Phoenicia.
Ulf-Oliver Hösch, ancien diplomate au Liban et expert en développement durable, a expliqué au début de la conférence que « la première personne qui a parlé de la durabilité dans le développement était un économiste allemand qui s’intéressait à la sylviculture, Hans Carl von Carlowitz. C’est en 1972, quand quelques scientifiques ont commencé à s’intéresser à l’écologie, que le terme de la durabilité a ressurgi. Le concept a été de plus en plus lié à l’environnement à partir de 1992, lors du Sommet de la terre à Rio ». « Aujourd’hui, le thème de la durabilité se décline en trois dimensions : l’écologie, l’économie et la société », a expliqué l’expert, notant qu’en « Allemagne, un conseil du développement durable a été mis en place il y a plus de quinze ans ». « Au Liban, pour mettre un tel plan en place, il faut avant tout une volonté politique. L’eau est l’un des outils principaux de la durabilité du développement », a-t-il poursuivi.
Prenant la parole, Ayman Chéhadé, directeur du Centre de développement académique allemand, a rappelé qu’en « 1999, le ministère de l’Énergie et de l’Eau a planifié la construction de dix-sept barrages en dix ans, mais quatre uniquement ont vu le jour ». L’ingénieur, qui a mis l’accent sur la controverse parfois politique créée par la construction de grands barrages, a présenté son idée qui consiste à édifier de petits barrages dans les vallées naturelles libanaises, notamment sur les versants ouest de la chaîne montagneuse du Mont-Liban. « Un tel plan nous permettrait de collecter l’eau afin qu’elle ne se perde pas dans la mer. Même si ces barrages ne sont pas utilisés pour l’irrigation, leur stockage de l’eau permettrait à la terre poreuse du Liban une meilleure et lente absorption », a-t-il dit. « Il pleut moins dans de nombreuses capitales européennes qu’au Liban, a souligné M. Chéhadé. Pourtant, nous n’arrivons pas à stocker l’eau des précipitations qui se perd ; c’est pour cela qu’il est impératif pour nous de stocker notre eau. »
« Le Liban n’est pas confronté à un problème de sécheresse, mais à un manque de stratégie en matière d’eau et une mauvaise gestion de ses ressources hydrauliques », a-t-il expliqué, soulignant que le Liban « perd quatre milliards de mètres cubes d’eau par an ». « Le pays n’a pas besoin de grands barrages comme celui du lac Qaraoun qui a une capacité de 220 millions de mètres cubes. Il serait préférable de construire de nombreux petits barrages d’une capacité de 3 000 à 4 000 mètres cubes chacun. Il suffit, pour cela, de mettre en place des murs dans les vallées afin de bloquer l’eau de pluie. Une telle procédure n’est pas néfaste pour l’environnement. Elle préservera les plantes endémiques, ne noiera pas d’immenses terrains et son coût n’est pas élevé », a-t-il souligné en conclusion.
Liban - Conférence
De petits barrages hydrauliques pour préserver l’environnement
OLJ / Par Patricia KHODER, le 13 mars 2018 à 00h00
commentaires (2)
et pourquoi pas pour generer de l,electricite ?
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 25, le 13 mars 2018