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Économie - Polémique

Bras de fer autour du projet de parc industriel dans le Chouf

Face à l’opposition de certaines municipalités, le ministère de l’Industrie affirme avoir choisi un autre site pour accueillir l’une des trois zones qu’il prévoit d’aménager.

Jleiliyé fait partie des trois localités initialement retenues par le ministère de l’Industrie. Photo DR

Il y a environ deux ans, le ministère de l’Industrie annonçait son intention de créer trois nouveaux parcs industriels avec l’aide de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) pour revitaliser le secteur au Liban, en perte de vitesse depuis plusieurs années.
Dans la foulée, le ministre de l’Industrie, Hussein Hajj Hassan, annonçait que trois sites avaient été désignés pour accueillir les nouvelles zones pour une superficie totale d’environ 3 millions de mètres carrés. Le plan directeur, financé par un don du gouvernement italien, a été achevé il y a quelques mois et le ministère espère pouvoir démarrer les travaux courant 2019. L’enveloppe totale du projet a été estimée à 120 millions de dollars.
En décembre dernier, le ministère annonçait enfin que la Banque européenne d’investissement (BEI) allait octroyer deux prêts au Liban, un premier de 4 millions d’euros (4,9 millions de dollars) pour financer la réalisation des plans d’ingénierie, et un autre de 52 millions d’euros (64 millions de dollars) pour l’exécution des travaux. Un total qui s’ajoute à la ligne de crédit de 7 millions d’euros (8,6 millions de dollars) déjà débloquée par l’Italie. Selon le ministère de l’industrie, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) s’est également positionnée sur ce dossier.

Intérêt économique contesté
Seulement voilà : si le choix des deux terrains situés dans la Békaa – le premier dans la région de Baalbeck, le second à Terbol-Qoussaya, non loin de Zahlé – semble faire consensus, celui de Jleiliyé, un village de l’Iqlim el-Kharroub (Chouf), se heurte depuis plusieurs mois à l’opposition d’une partie des municipalités et des habitants de la région.
« Non seulement l’intérêt économique de ce parc pour les habitants des villages concomitants n’est pas démontré, mais sa mise en œuvre risque en plus d’avoir des conséquences désastreuses aux niveaux environnemental et social », plaide auprès de L’Orient-Le Jour l’architecte Henri Eid, originaire de la région et opposé au projet. La construction de cette zone a d’ailleurs été rejetée par la fédération des municipalités de l’Iqlim el-Kharroub-Sud – à laquelle Jleiliyé est rattaché –, dans deux arrêtés successifs adoptés entre 2016 et 2017.
Village chrétien entièrement détruit vers la fin de la guerre civile et lentement reconstruit depuis, Jleiliyé est localisé non loin de la vallée de Bisri, dans une région rurale encore préservée. Selon une source proche du dossier, les 600 000 m2 du site qui doit accueillir la zone appartiennent au couvent Saint-Sauveur de Joun (Deir el-Mkhallès). D’après elle, le ministère et l’Onudi prévoient dans leur plan directeur d’y créer les infrastructures pour accueillir quatre clusters (regroupement d’entreprises investies dans un même secteur d’activité) dédiés respectivement aux industries créatives, à l’agroalimentaire, à l’écotourisme ainsi qu’une quatrième catégorie floue réservée aux « grands investissements ». Des pôles d’activité qui doivent permettre de créer près de 6 000 emplois sur les quelque 30 000 prévus au total sur les trois zones, toujours selon les auteurs du plan directeur, rapporte encore la source précitée. « Nous avons choisi ce site par rapport à d’autres possibilités pour équilibrer la répartition des premières zones sur l’ensemble du territoire et éviter de centraliser la création d’emplois dans une région », justifie enfin le directeur général du ministère, Dany Gédéon.

Absence de main-d’œuvre qualifiée
Les opposants au projet font de leur côté valoir que le projet est « inadapté » aux spécificités de la région, dont le développement doit exclusivement être axé, selon eux, sur l’écotourisme. « De plus, le nombre d’emplois que le ministère espère créer est largement supérieur aux besoins de l’Iqlim el-Kharroub-Sud », souligne M. Eid, qui est convaincu que l’impact négatif, notamment sur le plan environnemental, sera plus important que les bénéfices que pourront en tirer les habitants de la région sur le plan économique, entre autres griefs. La source anonyme précitée indique pour sa part que les auteurs du plan directeur ont reconnu que le site est très accidenté et difficile d’accès, ce qui laisse supposer que d’importants travaux d’aménagement seront nécessaires pour le rendre viable pour accueillir une zone industrielle. Elle maintient également que « l’absence de main-d’œuvre qualifiée » résidant à proximité du futur parc fait partie des points faibles identifiés.
Des arguments qui, ajoutés à la levée de boucliers des opposants au projet, ont peut-être convaincu le ministère de changer son fusil d’épaule. « C’est de l’histoire ancienne. Nous avons d’ores et déjà décidé de relocaliser le troisième parc dans la région de Qaa, dans le nord de la Békaa, dans un terrain déjà classé en tant que zone industrielle et qui fait plus du double de la superficie de celle de Jleiliyé », concède M. Gédéon. Ce site fait partie des cinq identifiés l’été dernier par le ministère pour le développement de nouveaux parcs, avec Bsarma (Liban-Nord), Mtein (Mont-Liban), Jezzine et enfin Zrariyé (Liban-Sud).
Les opposants au projet craignent de leur côté que le ministère ne cherche à tromper leur vigilance. « Nous multiplions jusqu’à présent les contacts pour écarter toute possibilité que le couvent Saint-Sauveur ne cède le terrain au ministère », conclut M. Eid. Enfin, le représentant de l’Onudi au Liban, Cristiano Pasini, a affirmé regretter la polémique autour de ce projet et assuré le ministère de son soutien.

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Il y a environ deux ans, le ministère de l’Industrie annonçait son intention de créer trois nouveaux parcs industriels avec l’aide de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) pour revitaliser le secteur au Liban, en perte de vitesse depuis plusieurs années.Dans la foulée, le ministre de l’Industrie, Hussein Hajj Hassan, annonçait que trois sites...

commentaires (2)

LES PROJETS DOIVENT ETRE BIEN ETUDIES ET PROFITABLES A LA COMMUNAUTE ET NON A DES PERSONNES !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 16, le 26 février 2018

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Commentaires (2)

  • LES PROJETS DOIVENT ETRE BIEN ETUDIES ET PROFITABLES A LA COMMUNAUTE ET NON A DES PERSONNES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 16, le 26 février 2018

  • concernant tout les projets immobilier, ils viendront bientot batir dans votre chambre un appartement/projet pour faire du profit...la colonisation israelienne n'est pas aussi frenetique... il en est ou le projet eden rock?

    George Khoury

    07 h 36, le 26 février 2018

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