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Culture - Décryptage

« Talat Daqat » : la polémique à trois voix

Le tube de l’hiver serait-il un plagiat ?

Alors que le pays se déchire pour des futilités politiques de cour d’école, un véritable scandale éclate : le tube 3 Daqat (dont les paroles, selon les crédits cités sur le vidéo-clip, auraient été coécrites par Tamer Habib et Abu, le chanteur qui en signe également la composition) serait une copie d’une section musicale d’une bande originale d’un film, Tesbah 3ala 5eer (Goodnight), réalisé par Mohamad Samy et ayant pour acteur principal la star égyptienne Tamer Hosni. C'est un peu comme si Ludwig von Beethoven avait copié Wolfgang Amadeus Mozart...

Selon de nombreux médias égyptiens, le musicien et compositeur égyptien Adel Haki aurait déposé une plainte contre les compositeurs de 3 daqat pour plagiat. Adel Haki affirme par ailleurs au quotidien égyptien al-Masri al-Yaoum avoir composé la bande originale de Goodnight, avant le ramadan 2017, ce qui, chronologiquement, le situerait avant la sortie du tube, en septembre 2017, lors du Festival International du film de Gouna. Effectivement, figure dans cette bande originale un thème musical ressemblant beaucoup à l’introduction du tube, sans aucun doute. Ce thème revient tout au long du film, joué par plusieurs instruments différents, selon les situations et les personnages en jeu. Un coup en guitare, un coup en mandoline, un coup en xylophone, un coup en accordéon. Car Goodnight, drame shakespearien haut en couleurs, a également certaines influences françaises. On y entend la môme Édith y chanter La vie en Rose, et on y voit une femme d’affaires toute en extensions capillaires y prononcer le mot courriel au téléphone, qu’elle traduit heureusement tout de suite par e-mail à sa secrétaire.



Le succès international de la chanson 3 Daqat est aussi inattendu que rafraîchissant. Et évidemment, il attise les convoitises et fait naître les vocations. Une mère de famille américaine en a enregistré une version personnelle, en arabe qu’elle maîtrise aussi bien que sa guitare sèche et, du jour au lendemain, sa vidéo a fait près de 800 000 vues. Des versions officielles au violon ou a capella existent et, forcément, des remix et autres covers vont arriver. Par exemple, le musicien et chanteur libanais Johnny Aouad en a fait une version espagnole. Pourquoi pas… Copié collé, ou plutôt copié et google translated, c’est strictement la même chanson.



Interrogé sur l'affaire, Aouad affirme à la radio égyptienne qu’il a demandé et obtenu l’autorisation de Abu, le compositeur officiel du tube. Celui-ci, dans un communiqué officiel, corrobore les dires et ajoute même qu'il va retrouver le musicien libanais à Beyrouth pour collaborer avec lui sur une version en français.


Le scandale avec Adel Haki est d’une autre nature, puisqu’il accuse les compositeurs de plagiat et a de l’eau à apporter à son moulin. La section est ressemblante, c’est un fait. Mais elle est courte, et ne comprend aucune parole. Il est en droit d’obtenir quelque chose pour ces quelques secondes, mais pas sur la totalité de la chanson. Les 125 millions de vues du clip et les ventes représentent, à n’en pas douter, un potentiel non négligeable de droits d’auteur. Dans un pays et dans une région où les droits d’auteur sont un concept aussi flou que celui du service public pour les élus, on souhaite bien du plaisir aux juges pour décider qui a fait quoi et qui mérite quoi.


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