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Idées - Commentaire

Le jeu de Trump sur l’échiquier moyen-oriental

Le roi Salmane d'Arabie saoudite et le président des États-Unis Donald Trump, lors de la visite de ce dernier à Riyad le 20 mai 2017. Archives AFP

L’interventionnisme militaire des États-Unis au Moyen-Orient a connu son apogée du temps de la présidence de George W. Bush (2001-2008). Il s’agissait alors, pour les néoconservateurs qui l’ont inspiré, de favoriser la naissance d’un « nouveau Moyen-Orient»  conforme aux intérêts américains et à ceux d’Israël.
Ces objectifs et la lutte contre l’islamisme radical ne peuvent cependant pas à eux seuls l’expliquer. Et l’on ne peut le comprendre sans prendre en compte l’importance géostratégique que confèrent à la région ses ressources pétrolières et gazières. Certes, l’exploitation du pétrole de schiste a rendus les Américains moins dépendants du pétrole du Moyen-Orient, mais ils cherchent moins à le contrôler pour assurer leurs propres approvisionnements que pour contrôler la dépendance de leurs compétiteurs européens et de  la Chine.


Désengagement relatif
Les effets désastreux de l’invasion de l’Irak en 2003 ont conduit à une amorce de repli sous la présidence de Barack Obama, dénoncée à tort comme pusillanime ; notamment s’agissant du conflit en Syrie. Mais le « pivot stratégique » vers l'Asie, opéré sous sa présidence par la politique étrangère américaine, ne diminua en rien son implication dans les affaires du Moyen-Orient. S’écartant de la politique inspirée par les néoconservateurs, Obama a tenté durant ses deux mandats de réparer les erreurs de son prédécesseur.
 Le désengagement relatif de Washington s’est manifesté sous sa présidence lors de l’intervention militaire de 2011 en Libye, dont il a laissé l’initiative à la France et à la Grande-Bretagne avec des conséquences aussi désastreuses qu’en Irak. Et ses réticences à appuyer militairement l’opposition syrienne aux débuts de la guerre civile ont conforté l’influence russe et iranienne en Syrie. Le pouvoir irakien mis en place par les États-Unis en Irak a pris ses distances avec eux. En Afghanistan, la diminution très nette de la présence militaire américaine sur le territoire (passée d’un pic d’environ 100 000 hommes en 2011 à environ 8000 en 2017) a sans doute favorisé la montée en puissance des talibans. Par contre, il a intensifié la campagne d’élimination des principaux chefs terroristes qui a été couronnée par celle du fondateur d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden en 2011.
Contrairement à l’échec de la politique américaine en Syrie, l’accord nucléaire signé en 2015 avec l'Iran peut, lui, être considéré comme un grand succès. Persuadé que la voie diplomatique est le meilleur moyen d'éviter que l'Iran ne devienne une puissance nucléaire, Obama a fait de cet objectif sa priorité stratégique dans la région, quitte à se mettre à dos les deux alliés traditionnels des États-Unis, Israël et l'Arabie saoudite. Cependant son pari que l’accord allait encourager les réformes en Iran et l’inciter à adopter une politique étrangère moins agressive a échoué.
Illustrée par le slogan « l’Amérique d’abord », la politique étrangère de Donald Trump au Moyen-Orient semblait à première vue être dans la ligne du désengagement relatif amorcé par son prédécesseur. Mais toutes ses initiatives démentent cette supposition. Malgré l’opposition de ses cosignataires, notamment européens, il a exprimé son intention de remettre en question l’accord sur le nucléaire iranien qualifié de « pire accord  qui soit ». Ce qui montre que Washington est désormais résolu à contrer par tous les moyens les ambitions hégémoniques de la République islamique.


Impuissance arabe
Sa visite spectaculaire à Riyad, en mai 2017, va dans le même sens et vise aussi sans doute à encourager un rapprochement saoudo-israélien. Jouant sur la crainte des Saoudiens de la menace iranienne et d’être abandonnés par les États-Unis, moins dépendants de leur pétrole, il en a profité pour leur soutirer des centaines de milliard de dollars en termes d’achats d’armes et de contrats, en échange de la protection américaine.
En reconnaissant Jérusalem comme la capitale d'Israël, il a sans doute disqualifié les États-Unis de leur position de médiateur dans le conflit israélo-palestinien et certainement planté le dernier clou sur le cercueil de la solution à deux États. Le pauvre Mahmoud Abbas a prononcé la mort du processus d’Oslo. Mais Washington n’en a cure et, conscient de l’impuissance lamentable du monde arabe, a clairement opté pour accentuer son soutien inconditionnel à Israël.
Une autre initiative lourde de conséquences de l’administration Trump est la poursuite et même l’accroissement de son appui militaire aux Kurdes en Syrie, malgré la défaite de Daech. Outre qu’elle compromet la réunification de la Syrie et y conforte son influence face à celle de la Russie, cette décision a surtout pour but de contrecarrer la consolidation du corridor reliant l’Iran au Hezbollah via l’Irak et la Syrie. Que cela risque d’aliéner la Turquie et de renforcer l’alliance tactique russo-turco-iranienne ne semble pas inquiéter outre mesure Washington qui a apparemment pris acte de l’irréversibilité de l’éloignement d’Ankara par rapport au camp occidental. C’est en effet la volonté de faire pièce à l’influence spectaculaire de l’axe Moscou-Téhéran qui est la priorité de la stratégie de Trump (ou de ses conseillers), laquelle est moins incohérente que ses coups de têtes pouvaient le laisser croire.


L’interventionnisme militaire des États-Unis au Moyen-Orient a connu son apogée du temps de la présidence de George W. Bush (2001-2008). Il s’agissait alors, pour les néoconservateurs qui l’ont inspiré, de favoriser la naissance d’un « nouveau Moyen-Orient»  conforme aux intérêts américains et à ceux d’Israël. Ces objectifs et la lutte contre l’islamisme radical ne...

commentaires (2)

DE GAFFE EN GAFFE !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 36, le 20 janvier 2018

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Commentaires (2)

  • DE GAFFE EN GAFFE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 36, le 20 janvier 2018

  • QUESTION A UN MILLIARD DE $ : CETTE POLITIQUE RESTERA T ELLE OBSERVEE OU VITE OUBLIEE POUR UNE AUTRE ????

    Gaby SIOUFI

    12 h 28, le 20 janvier 2018

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