« Je ne partirai pas avant d'avoir remis le Liban sur la scène internationale et de l'avoir rendu plus grand encore qu'il ne l'est. » Cette belle phrase pourrait être un slogan politique. Dans la bouche du président Michel Aoun, elle est une profession de foi et une promesse qu'il s'est mis en tête de réaliser. Après une longue journée de rendez-vous, dont un entretien avec le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, le chef de l'État se donne quelques minutes pour prendre du recul envers les problèmes de la politique interne. Les derniers rayons du soleil font briller la pelouse bien entretenue devant la baie vitrée de son bureau. Tout en regardant ce paysage paisible, le président pense à toutes les batailles qui l'attendent encore, celles qui sont en cours et celles qui sont à venir. Les défis ne lui font pas peur, lui qui a passé sa vie à en relever et à croire en son destin exceptionnel, parce qu'il croit au destin exceptionnel de son pays. Aujourd'hui, il est heureux de constater que le Liban est revenu sur la scène internationale. Le ballet européen au Liban va s'ouvrir avec la visite du président allemand à la fin du mois, qui sera suivie de celle du président français au printemps.
D'autres chefs d'État européens sont aussi attendus à Beyrouth, confient les milieux proches de la présidence, car le Liban est redevenu une plaque tournante et une escale incontournable dans la région troublée du Moyen-Orient. La stabilité y est assurée grâce aux efforts continus des services de sécurité et des forces armées, et le chef de l'État veille personnellement sur ce sujet. Le président Aoun a géré personnellement le dossier de la sécurité pour assurer la stabilité du pays. Et son premier souci était de mettre les forces armées et les services de sécurité à l'abri des considérations politiques qui ne peuvent que les affaiblir et les détourner de leur mission principale : la sécurité et la stabilité du pays. Dans ce contexte, il a assuré au commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, une couverture politique suffisante pour lui permettre de refuser les ingérences politiques dans les affaires propres à l'armée. C'est ainsi qu'une pratique qui a duré des années et qui permettait à certaines parties politiques de faire entrer à l'Académie militaire des élèves officiers grâce à leur influence (ou moyennant des sommes d'argent), et non sur la base des critères requis, a été fermement arrêtée et le commandant en chef refuse désormais toutes les ingérences politiques dans les questions relatives à l'armée. Il rejette systématiquement les demandes de mutation liées notamment au déroulement des élections législatives prévues ainsi que tous les pistons, d'où qu'ils viennent et quelle que soit leur nature. Le chef de l'État assure la même couverture aux autres responsables militaires et sécuritaires, dans le but de pousser ces institutions à faire leur travail loin des ingérences et des influences.
C'est dans ce contexte que le décret d'ancienneté de la promotion des officiers de 1994 a été signé, par souci de justice car, sans équité, l'institution militaire ne peut pas fonctionner comme il faut. Le tollé soulevé par le président de la Chambre au sujet de ce décret n'est pas justifié aux yeux de Baabda qui n'y voit qu'une volonté de consacrer une pratique qui a été appliquée pendant des années et qui consiste en un partage du pouvoir selon le principe de la fameuse troïka, sachant que tout au long des années d'existence de cette fameuse troïka, à partir de 1992, le Premier ministre et le président de la Chambre s'entendaient pour imposer leur décision au président de la République. Depuis l'élection du président Michel Aoun à la tête de l'État, cette pratique-là n'est plus de mise, non seulement parce que le chef de l'État est réfractaire à toute idée de partage des parts politiques et confessionnelles, mais aussi parce que le Premier ministre refuse de se lancer dans ce genre de marchandage. Les milieux de Baabda estiment donc que le président de la Chambre utilise le décret d'ancienneté pour soulever la question du fonctionnement du pouvoir, notamment entre ce qu'on appelle « les trois présidences ». Il laisse même entendre que le fait de ne pas demander au ministre des Finances de signer ce décret serait une violation de l'accord de Taëf qui, selon lui, a instauré un système de gouvernement collégial avec une participation des trois grandes communautés, chrétienne, sunnite et chiite. À cet argument, les milieux de Baabda répondent par trois idées. D'abord, ce décret n'entraîne aucune dépense pour le Trésor, et par conséquent, il ne doit pas être signé par le ministre des Finances, quelle que soit son identité et son appartenance confessionnelle. Deuxièmement, l'argument avancé par le président de la Chambre et ses proches semble vouloir consacrer l'octroi du ministère des Finances à la communauté chiite, et au mouvement Amal en particulier, alors que rien dans l'accord de Taëf ne va dans ce sens. Enfin, en soulevant le problème de la signature du décret par le ministre des Finances, le camp du président de la Chambre cherche aussi à consacrer indirectement le principe des trois tiers (un tiers aux chrétiens, un tiers aux sunnites et un tiers aux chiites, dans le partage des pouvoirs), qui est lui-même une violation de l'accord de Taëf.
Dans une lettre adressée au roi Abdallah le 10 juillet 2014, dont le pays a été l'un des parrains (et sans doute le plus influent) de l'accord de Taëf, le général Michel Aoun avait déjà dénoncé la non-application ainsi que l'application sélective de cet accord. Parmi les points non appliqués, Aoun avait mentionné l'absence d'une réelle parité entre les chrétiens et les musulmans, consacrée par l'accord, ainsi que l'absence d'une véritable participation à l'exercice du pouvoir, dont l'adoption de lois électorales injustes qui privent les électeurs d'une représentation équitable. Sur ce dernier point, le président Aoun a réussi à changer la donne en poussant à l'adoption d'une nouvelle loi électorale basée sur le mode de scrutin proportionnel. Mais il reste encore beaucoup à faire. Le chemin des réformes est semé d'embûches. Aoun est toutefois déterminé à aller jusqu'au bout, et Berry, de son côté, laisse encore la voie ouverte au compromis...
4 Millions de Libanais, 2 Millions de refugees au moins - Que devientrait il des Etats Unis avec la meme proportion de refugies disons 159 Millions, ou la France avec 40 Millions ou le Royaume Uni avec 35 Millions de refugies....?! Je vous parie que ces bons pays s'effondrerait....il est bien vaillant notre bon Liban malgre' tout ! Des decades d'ingerances etrangeres de tout bords a coups de Milliards de dollars, de gouvernements Libanais d'un amateurisme enfantin, sinon de traitrise pure et simple n'ont pas pus venir a bout de notre bon pays, et ne le pourront jamais !! Philippe Bardawil
13 h 11, le 13 janvier 2018