Istanbul: colère de l'opposition après le renvoi d'un maire de quartier

Le ministre turc de l'Intérieur a renvoyé jeudi le populaire maire du quartier de Besiktas dans le centre d'Istanbul, suscitant la colère de l'opposition qui a dénoncé des motivations politiques.
Le maire de Besiktas, Murat Hazinedar, figure connue du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), avait été élu à ce poste en 2014 lors d'un scrutin local où il avait recueilli près de 76% des voix.
Le ministre de l'Intérieur a déclaré que M. Hazinedar avait été démis de ses fonctions en raison des accusations selon lesquelles il serait membre du groupe du prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gulen, accusé par Ankara d'être à l'origine du coup d'Etat manqué de juillet 2016, mais aussi dans le cadre d'une enquête sur des transactions immobilières de sa municipalité.
"C'est un complot du gouvernement", a réagi le porte-parole du CHP, Bulent Tezca, dans une allocution télévisée à Ankara. "Il a été renvoyé injustement. Ce n'est pas équitable. Il n'y a pas de justice", a-t-il dénoncé. "C'est une usurpation de la volonté nationale".
Le ministère, qui a le pouvoir de renvoyer les maires, a démis de leurs fonctions des dizaines de fonctionnaires locaux de haut niveau, principalement dans les régions à majorité kurde du sud-est de la Turquie.
Le ministre de l'Intérieur a également renvoyé en décembre le maire du quartier stambouliote d'Atasehir, Battal Ilgezdi, accusé de corruption, suscitant la colère du CHP.
Le CHP se plaint régulièrement de ce qu'il considère comme un manque de justice en Turquie, sous l'autorité toujours plus ferme du président Recep Tayyip Erdogan.
Le leader du CHP, Kemal Kilicdaroglu, a organisé une marche cet été pour réclamer plus de justice qui a abouti à l'un des plus grands rassemblements de l'opposition en Turquie depuis des années.
Bulent Tezca a déclaré que M. Kilicdaroglu se rendrait à Besiktas vendredi pour s'occuper de la situation.