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En Irak, un arrêté préfectoral sur l'"indécence" fait polémique

Exposer des robes de soirée et autres habits féminins en vitrine pourrait bientôt coûter cher aux commerçants de Kerbala en Irak: depuis un arrêté préfectoral décrié, militants de la société civile et anonymes dénoncent une atteinte aux libertés dans la ville sainte chiite.

En 2012 déjà, explique à l'AFP Nasser Hussein al-Khozali, membre du Conseil de cette province conservatrice du centre de l'Irak, le Conseil avait voté "une décision sur le caractère saint de Kerbala", où se trouve le mausolée de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet et l'une des plus grandes figures de l'islam chiite.

Aujourd'hui, "elle commence à être appliquée et des affiches ont été placardées pour contrer le phénomène de l'indécence dans les rues, comme le fait de boire du vin ou de s'adonner à l'adultère, ce qui contrevient au caractère saint de la province".

Ces affiches, qui ne sont pas signées des autorités mais d'un "comité de patronage de l'application de l'arrêté sur le caractère saint de Kerbala", promettent des sanctions.

Elles visent notamment quiconque propose des "jeux de hasard", "la vente de films impudiques", "l'exposition choquante de vêtements féminins", ou de "la musique ou des paroles indécentes dans les lieux publics".

"Ecouter de la musique relève de la liberté individuelle", tempête Najah Hassan, chauffeur de taxi qui hausse la voix pour couvrir la chanson qui s'échappe de son auto-radio. "Personne ne peut me l'interdire puisque je ne porte atteinte à personne en le faisant", poursuit cet habitant de Kerbala, à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad.

A l'intérieur d'un centre commercial, devant des mannequins en robes du soir, Ahmed Hussein, qui tient une échoppe de vêtements pour femmes dénonce "un arrêté contre les libertés".
Ces mesures, dit-il, "nous font perdre notre gagne-pain". "Le Conseil provincial ferait mieux de refaire les routes et d'améliorer les services publics plutôt que de prendre cette décision", poursuit le commerçant.

Alors que l'Irak annonçait il y a moins de deux semaines en grandes pompes en avoir fini avec l'organisation Etat islamique (EI), "ce genre de décision disant s'appuyer sur la religion ne diffère en rien de l'idéologie de l'EI", s'emporte Ehab al-Ouazarni, à la tête d'une association de la société civile.

Pour Hadi al-Moussaoui, lui aussi militant local, "cette décision vise à récolter des voix lors des élections" parlementaires prévues le 15 mai.

Dès sa prise de contrôle de Mossoul, la deuxième ville du pays, l'EI avait interdit aux vendeurs de vêtements d'exposer des habits féminins en vitrine ou hors des échoppes. Certains groupes armés chiites avaient également imposé cette interdiction dans le sud du pays lors du pic de violences confessionnelles dans les années qui ont suivi l'invasion emmenée par les Etats-Unis en 2003.

Exposer des robes de soirée et autres habits féminins en vitrine pourrait bientôt coûter cher aux commerçants de Kerbala en Irak: depuis un arrêté préfectoral décrié, militants de la société civile et anonymes dénoncent une atteinte aux libertés dans la ville sainte chiite.
En 2012 déjà, explique à l'AFP Nasser Hussein al-Khozali, membre du Conseil de cette province...