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Liban - Société

Un repas de fête et des cadeaux pour les plus démunis à Noël

Comme chaque année, l'association Rifaq el-Darb organisera un déjeuner festif pour les têtes blanches victimes de la solitude et de la pauvreté.

Au déjeuner de Noël de l’an dernier.

À première vue, ce n'est qu'un calendrier aux couleurs de Beyrouth, parsemé de sourires, toutes générations confondues. En réalité, chacun d'eux, vendu 25 000 livres, représente un Noël pour les personnes les plus démunies. Depuis 24 ans déjà, l'équipe de Rifaq el-Darb rassemble chaque Noël 1 000 personnes du troisième âge vivant dans la pauvreté, venues de tous les coins du pays. Transport, repas chauds, animations, cadeaux pour chacun ; c'est une véritable journée de fête qui leur sera organisée le mercredi 27 décembre. « Toutes les personnes présentes ce jour-là sont généralement seules, et ne parviennent à se nourrir qu'avec l'aide des Restos du cœur ou d'autres associations, explique Joe Taoutel, l'un des fondateurs de l'association. L'objectif est qu'elles puissent profiter de Noël comme tout le monde. »
Fondée initialement par des étudiants de l'USJ, Rifaq el-Darb se donne pour mission de redonner un peu d'espoir et de chaleur aux plus démunis, en particulier aux personnes du troisième âge. Qu'ils soient seuls, dans le besoin ou malades, l'association vient rompre leur solitude et leur apporter l'aide dont ils ont besoin. Une fois par semaine, chaque bénévole va ainsi rendre visite à « sa tête blanche » ou à une famille nécessiteuse. « Parfois, on leur apporte des biscuits ou une petite bricole. Si besoin, on s'occupe de réparations à domicile, mais surtout on écoute leurs histoires et on les réconforte, comme le feraient des amis ou des membres de leur famille », raconte un bénévole.

Tisser des liens amicaux pour redonner à leurs protégés le sourire et leur dignité de personnes humaines, tel est l'objectif des volontaires de Rifaq el-Darb : « Nous ne cherchons pas une relation matérialiste, mais une relation du cœur », insiste Joe Taoutel. Nostalgique, il raconte comment un vieil homme qu'il avait l'habitude de visiter, lui et son épouse également âgée, s'est retrouvé veuf l'an dernier. « C'est très dur pour nous de les voir partir. Et, depuis qu'il vit seul, il attend ma visite toute la semaine. Lorsque j'arrive chez lui pour notre rencontre hebdomadaire, il est déjà sur le balcon à m'attendre, quel que soit le temps qu'il fait dehors. »

Aujourd'hui, Rifaq el-Darb s'occupe d'une centaine de personnes du troisième âge habitant notamment Achrafieh, Mar Mikhaël, Nabaa et Bourj Hammoud. Les volontaires? Des « bénévoles autonomes » qui prennent le temps de s'occuper des plus démunis après leur travail, mais aussi des jeunes essentiellement venus du Collège Notre-Dame de Jamhour, de l'ACS, de l'Athénée de Beyrouth et des scouts de Furn el-Chebback.

Une fois par mois, une rencontre est organisée dans les locaux de l'association, à l'USJ, avec ces personnes du troisième âge. Un temps de réflexion ainsi qu'une prière sont partagés autour d'un repas chaud. Des activités ponctuelles leur sont également proposées tout au long de l'année : pèlerinages, fête des Mères, Pâques, fête des grands-parents ou encore colonies de vacances pendant l'été. Tout est fait pour que les plus démunis, toutes confessions confondues, sortent de leur solitude et de leur quotidien éprouvant. L'association organise aussi des distributions de nourriture ainsi que des foires de vêtements : « Nous accrochons les vêtements donnés dans les locaux, et les personnes du troisième âge viennent se servir, explique Joe Taoutel. C'est comme si elles venaient dans un vrai magasin, mais sans passer à la caisse. »

Grâce à la présence d'avocats dans l'équipe, une aide juridique peut aussi leur être proposée, tandis qu'une infirmière est disponible pour dispenser des soins. Enfin, l'aide financière d'une donatrice leur permet de badigeonner 6 à 8 domiciles par an, pour le plus grand confort des têtes blanches.

De plus en plus, les personnes du troisième âge ne sont plus les seules à solliciter Rifaq el-Darb. « Avec la guerre au Moyen-Orient et la situation économique du pays, de plus en plus de familles dans le besoin font appel à nous, notamment des familles irakiennes », raconte Joe Taoutel. Pour cette raison, un Noël pour des enfants issus de plus de 40 familles nécessiteuses est également prévu.

 

« Rifaq el-Darb nous apporte de l'amour »
Raymond et Marie vivent dans un petit appartement insalubre à Achrafieh, à proximité de l'Hôtel-Dieu. Bien en vue dans le logement minuscule, unique décoration de la pièce, une crèche miniature scintille de mille feux. « Je l'ai installée moi-même », s'exclame fièrement le vieil homme. Puis son regard s'assombrit; il se souvient comment, un an plus tôt, sa femme et lui avaient manqué de perdre la vie lorsque leur crèche avait pris feu. « C'était au milieu de la nuit. Mon fils dormait sur le canapé, et, tout à coup, il est venu me réveiller en criant qu'il y avait le feu partout. Quand je suis arrivé, je n'y voyais plus rien. J'ai juste eu le réflexe de couper l'électricité et de jeter de l'eau pour éteindre les flammes. Personne n'est venu m'aider. Lorsque tout s'est arrêté, j'ai couru à l'hôpital et je n'ai fait que vomir du noir. J'étais complètement asphyxié. »

À respectivement 80 et 72 ans, le couple ne touche pas assez d'indemnités pour pouvoir vivre décemment. « J'ai travaillé 26 ans à l'Hôtel-Dieu, 8 ans à l'hôpital Saint-Georges et 2 ans au Sacré-Cœur, raconte le vieil homme. Mais je n'ai pas d'argent. Rien. » L'an dernier, Raymond a dû se faire opérer pour une tumeur à la tête. Les larmes aux yeux, sa femme raconte avoir été morte d'inquiétude à ce moment-là : « Je ne savais pas quoi faire, se souvient-elle d'une voix entrecoupée de sanglots. Partout j'ai cherché du travail. J'étais prête à faire n'importe quoi, même le ménage, pour pouvoir ramener un peu d'argent. Mais, à mon âge, personne ne voulait me prendre. »

Avec quelques problèmes de santé, leur fils unique parvient tout juste à leur rapporter de quoi payer l'eau et le loyer. Pour se nourrir, ils ne peuvent compter que sur près de cinq associations auprès desquelles ils se rendent chaque semaine, telles que les Restos du cœur ou les Franciscaines.
Cela fait plus de 10 ans que Marie et Raymond fréquentent Rifaq el-Darb. C'est avec un sourire éblouissant que le vieil homme en parle : « Nous sommes toujours très contents quand nous sommes avec eux. On mange, on fait des promenades. Chaque été, ma femme et moi allons même quelques jours à la montagne. » La semaine dernière, l'association leur a apporté une machine à laver, changeant complètement le quotidien du couple.

Marie et Raymond se rendront au déjeuner de Noël le 27 décembre. Avant de partir, Joe Taoutel leur promet même de fêter en janvier leur cinquantième anniversaire de mariage. Vous pouvez rendre leur Noël plus chaleureux en achetant les calendriers proposés par l'association à 25 000 livres l'unité. Pour vos dons, composez le 03-624645 ou le 03-522058. Vous pouvez aussi consulter le site web de l'association à l'adresse suivante : www.rifaqeldarb.org

 

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