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Moyen Orient et Monde - Israël

Face aux affaires, Netanyahu plie mais ne rompt pas

La popularité du Premier ministre israélien s'érode, mais compte tenu du contexte international et du rapport de force sur la scène intérieure, son pouvoir ne semble pas être menacé dans l'immédiat.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu durant une réunion du cabinet, la semaine dernière. Reuters/Abir Sultan/Pool

La scène, pourtant inhabituelle en Israël, se répète chaque samedi soir depuis trois semaines. Des milliers d'Israéliens se réunissent sur le boulevard Rothschild à Tel-Aviv pour réclamer la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu, accusé d'être lié à plusieurs affaires de corruption. Des slogans comme « Netanyahu en prison » ont été scandé le week-end dernier, lors d'une nouvelle « marche de la honte » qui intervenait plus de 24 heures après que le Premier ministre eut été interrogé pour la septième fois par les policiers chargés d'enquêter sur lui.
Régulièrement mis sur la sellette par certains médias qui lui reprochent l'opacité de ses dépenses, M. Netanyahu essuie ces derniers mois une avalanche d'accusations, au fur et à mesure qu'éclatent les scandales de corruption. Mi-novembre, une possible connivence entre son gouvernement et l'opérateur de télécommunications, Bezeq, a été révélée au grand jour dans les médias. En août 2017, le protégé du Premier ministre et ancien chef de cabinet Ari Harow avait conclu un accord avec le procureur de l'État, destiné à lui éviter la prison, en échange de son témoignage dans les différentes enquêtes visant son patron.
Début 2016, M. Netanyahu est accusé d'avoir reçu et accepté des cigares, du champagne et des bijoux à hauteur de 100 000 euros de la part de deux hommes d'affaires. À sa femme, on reproche d'avoir usé de fonds publics pour ses dépenses personnelles. Quelques mois plus tard, nouveau coup dur pour « Bibi » : il est soupçonné d'avoir tenté d'obtenir une couverture journalistique plus favorable au sein du journal national Yediot Aharonot, via des négociations avec son directeur. En contrepartie d'une telle couverture, Netanyahu aurait assuré qu'il paralyserait le développement d'un autre journal concurrent et gratuit, Israel Hayom.
En février 2017, enfin, plusieurs de ses proches sont impliqués dans une enquête concernant un contrat d'achat de sous-marins allemands pour l'armée israélienne. Son ami et ancien avocat personnel en particulier devait toucher une commission de 20 % sur le contrat de plus d'un milliard d'euros. Benjamin Netanyahu, cependant, n'est pas directement impliqué.

Discours sécuritaire
Alors que son prédécesseur, Ehud Olmert, avait démissionné en 2008 après avoir été inculpé pour diverses affaires de corruption, et avait été ensuite condamné à deux ans et trois mois de prison, M. Netanyahu pourrait être à son tour fragilisé par ses affaires. Le Premier ministre adopte pour l'instant une stratégie offensive en taclant ses adversaires. D'une part, il dénonce un « déchaînement médiatique orchestré » par la gauche et les médias. « Nous savons que la gauche et les médias – c'est la même chose – sont engagés dans une chasse aux sorcières obsessionnelle contre ma famille et moi, dans le but de renverser le gouvernement », assure-t-il. De l'autre, il cherche à museler la justice et la police. Ainsi, la majorité conservatrice de M. Netanyahu a déposé, le mois dernier, une proposition de loi destinée à mettre le Premier ministre hors d'atteinte d'investigations judiciaires.
Si la Loi fondamentale lui donne le droit de rester en poste à moins d'être jugé coupable, c'est la réaction de l'opinion publique qui représente le plus grand danger pour le Premier ministre. Dans des sondages récents conduits par Channel 2, Maariv et le Jerusalem Post, le parti centriste Yesh Atid rattrape dangereusement son rival conservateur, le Likoud. Benjamin Netanyahu garde une avance d'environ 15 points face à son principal opposant, Yair Lapid, mais la moitié des sondés se disent mécontents des attaques du camp conservateur envers la police et la justice, et 66 % estiment que le Premier ministre devrait démissionner s'il est coupable. Ces chiffres sont en hausse par rapport à ces derniers mois, lorsque le Likoud bénéficiait encore d'une large avance.
Le Premier ministre profite toutefois de plusieurs facteurs qui lui permettent de gagner du temps et de calmer l'opinion. S'il n'est pas particulièrement populaire, il a su se rendre indispensable durant sa longue expérience au pouvoir, en se présentant notamment comme la personnalité politique la plus compétente pour gérer les questions sécuritaires et diplomatiques. Dans un contexte international chargé, le Premier ministre se pose ainsi comme le garant de la sécurité d'Israël. « La campagne médiatique [contre M. Netanyahu] est une tentative pour le destituer et divertir l'attention de la question la plus importante : qui pourrait mieux défendre Israël des menaces sécuritaires et des pressions internationales que Benjamin Netanyahu ? » peut-on lire dans un communiqué du Likoud. En reconnaissant Jérusalem comme capitale d'Israël, le président américain Donald Trump a fait un véritable cadeau à M. Netanyahu, qui peut vanter l'efficacité de sa ligne conservatrice, notamment auprès des ultraconservateurs dont il a impérativement besoin pour mener sa politique. Les tensions avec les groupes palestiniens armés, comme le Hamas ou le Jihad islamique, ou encore avec les Iraniens et le Hezbollah en Syrie, lui permettent également de marteler son discours sécuritaire qui, malgré les manifestations, semble pour l'instant convaincre l'opinion publique israélienne.

La scène, pourtant inhabituelle en Israël, se répète chaque samedi soir depuis trois semaines. Des milliers d'Israéliens se réunissent sur le boulevard Rothschild à Tel-Aviv pour réclamer la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu, accusé d'être lié à plusieurs affaires de corruption. Des slogans comme « Netanyahu en prison » ont été scandé le week-end dernier, lors...

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