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Idées - Commentaire

Jérusalem : un pari saoudien de Trump ?

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane et le président des États-Unis Donald Trump à la Maison blanche le 14 mars 2017. Mark Wilson / AFP

Cinquante ans se sont écoulés depuis la Guerre des Six jours, le conflit de juin 1967 qui, au même titre que d'autres événements, continue de définir l'impasse israélo-palestinienne. Après la fin des combats, Israël a pris le contrôle de toute la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem, en plus de la péninsule de Sinaï et du Plateau du Golan. À cette époque, le monde considérait alors ces résultats militaires comme provisoires. La Résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies dont le fond allait devenir une solution diplomatique au problème des Palestiniens apatrides, a été adoptée à peu près cinq mois après la fin de la guerre. Mais comme cela est souvent le cas, ce qui a commencé comme une situation provisoire a duré.
C'est dans ce contexte que le Président Donald Trump a récemment déclaré que les États-Unis reconnaissaient Jérusalem comme la capitale d'Israël. Trump a affirmé que les États-Unis ne prenaient pas en ce sens une position sur le statut final de Jérusalem, notamment sur « les frontières spécifiques de la souveraineté israélienne ». Il a précisé que les États-Unis se montraient favorables à une solution à deux États si elle convenait aux deux camps. Il a choisi en outre de ne pas commencer à déménager réellement l'ambassade des États-Unis de Tel Aviv, bien qu'il ait pu choisir de simplement requalifier ce qui est à présent le consulat des États-Unis à Jérusalem. Cette tentative de changer la politique des États-Unis tout en arguant du fait que peu de choses ont changé n'a pas persuadé grand-monde. La plupart des Israéliens ont été satisfaits de la nouvelle position des États-Unis et la majeure partie du monde arabe en a été exaspérée.

Déléguer la paix à Riyad ?
Pourquoi Trump a-t-il justement choisi ce moment pour faire ce geste ? Il n'y a à ce stade que des conjectures. Le président a suggéré qu'il s'agissait simplement de reconnaître la réalité et que les échecs politiques de ses prédécesseurs en cette matière n'avaient apporté aucune avancée diplomatique. Cela est vrai, bien que la raison des échecs de la diplomatie durant des décennies n'ait rien à voir avec la politique des États-Unis envers Jérusalem, mais tout à voir avec les divisions entre Israéliens et Palestiniens et avec les fossés qui se sont creusés entre les deux camps.
D'autres ont attribué cette annonce des États-Unis à la politique nationale américaine, une conclusion soutenue par le fait que la déclaration unilatérale des États-Unis n'a ni exigé quoi que ce soit d'Israël (par exemple, d'empêcher la construction de colonies) ni offert quoi que ce soit aux Palestiniens (par exemple, en soutenant leur revendication sur Jérusalem). Bien que la décision ait entraîné quelques violences, elle ressemble plutôt à une occasion perdue qu'à une crise créée. Ce qui a rendu cette déclaration non seulement controversée mais potentiellement contreproductive, c'est que l'administration Trump a passé une bonne partie de sa première année à mettre au point un plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Cette annonce a très bien pu affaiblir les perspectives déjà limitées de ce plan.
L'administration Trump semble avoir à l'esprit de donner à des tiers, à l'Arabie saoudite en particulier, un rôle central dans le rétablissement de la paix. À l'appui de cette approche figure l'opinion selon laquelle l'Arabie saoudite et d'autres gouvernements arabes sont davantage préoccupés par la menace en provenance d'Iran qu'ils perçoivent, que par quoi que que ce soit en lien avec Israël. Par conséquent, on suppose qu'ils sont préparés à mettre de côté leur hostilité de longue date vis-à-vis d'Israël, un pays qui partage en grande partie leur opinion à l'égard de l'Iran. Des progrès sur la question israélo-palestinienne créeraient un contexte politique dans le monde arabe, en leur permettant d'avancer dans cette voie. Ce qu'espère l'administration Trump, c'est que les Saoudiens emploieront leurs ressources financières pour persuader les Palestiniens d'accepter de faire la paix avec Israël aux conditions qu'Israël acceptera.

Imprévus
Le problème est que le seul plan auquel le gouvernement israélien est susceptible d'accepter va proposer aux Palestiniens beaucoup moins que ce qu'ils exigent historiquement. Si cela est vrai, les dirigeants palestiniens eux-mêmes pourraient bien déterminer qu'il est plus sûr de dire non, plutôt que de signer un plan qui est certain de décevoir un grand nombre des leurs et de les laisser sous la coupe du Hamas et d'autres groupes radicaux.
De leur côté, les Saoudiens sont peut-être peu disposés à être associés avec un plan que de nombreuses personnes risquent de tenir pour une trahison. La première priorité pour la nouvelle gouvernance saoudienne sous l'égide du prince héritier Mohammed ben Salmane est de consolider son pouvoir, ce que le prince accomplit à travers la lutte contre la corruption dans le Royaume et en poursuivant une politique étrangère nationaliste et anti-iranienne. Mais ni l'une ni l'autre de ces tactiques ne se déroule entièrement comme prévu. La lutte contre la corruption, jusqu'ici populaire, risque d'être ternie par la poursuite sélective des contrevenants (ce qui suggère qu'il s'agit davantage d'une affaire de puissance que de réforme) et de rapports au sujet du style de vie du prince héritier. D'autre part, les efforts anti-Iran sont devenus inséparables de ce qui est devenu une guerre impopulaire au Yémen et d'embarras diplomatiques au Liban et au Qatar. En attendant, les projets ambitieux visant à réformer le pays sont s'avérer plus faciles à concevoir qu'à mettre en pratique et sont sûrs de déplaire aux éléments plus conservateurs.
Le problème pour Trump et pour Jared Kushner, son beau-fils qui conduit la politique américaine dans ce domaine, est que les Saoudiens risque de s'avérer être un allié diplomatique beaucoup moins fiable que ce que la Maison Blanche prévu. Si le nouveau prince héritier s'inquiète de sa position politique nationale, il sera peu disposé à serrer les coudes avec un président américain considéré comme étant trop proche d'un État d'Israël peu disposé à répondre ne serait-ce qu'à des exigences palestiniennes minimales pour la reconnaissance d'un État. Tout cela nous ramène à Jérusalem. Trump a soutenu que reconnaître la ville comme étant la capitale d'Israël était « une étape attendue depuis longtemps pour faire avancer le processus de paix et le travail vers un accord durable. » Il s'avère de plus en plus que le coup politique de Trump aura précisément l'effet contraire.


© Project Syndicate,2017

Richard N. Haass est un  ancien directeur de la planification politique au département d'État américain et est le président du think tank Council on Foreign Relations.

Cinquante ans se sont écoulés depuis la Guerre des Six jours, le conflit de juin 1967 qui, au même titre que d'autres événements, continue de définir l'impasse israélo-palestinienne. Après la fin des combats, Israël a pris le contrôle de toute la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem, en plus de la péninsule de Sinaï et du Plateau du Golan. À cette époque, le monde considérait...

commentaires (1)

En quoi pouvons nous considérer que les usa et les bensaouds POURRAIENT avoir le plus petit soupçon d'antagonisme, meme en considerant que JérUSAlem PUISSE EN ÊTRE UN ? LES USA ORDONNENT SOUS L'INFLUENCE DES SIONISTES ET LES SAOUDOS DONNENT.

FRIK-A-FRAK

17 h 33, le 15 décembre 2017

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Commentaires (1)

  • En quoi pouvons nous considérer que les usa et les bensaouds POURRAIENT avoir le plus petit soupçon d'antagonisme, meme en considerant que JérUSAlem PUISSE EN ÊTRE UN ? LES USA ORDONNENT SOUS L'INFLUENCE DES SIONISTES ET LES SAOUDOS DONNENT.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 33, le 15 décembre 2017

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