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Économie - Interview

Massaad Farès annonce un fonds d'un milliard de dollars pour soutenir l’immobilier

Le secteur veut se doter d'un fonds privé doté d'un milliard de dollars pour liquider une partie des invendus dans l'immobilier de luxe. Le président d'honneur du syndicat des agents et consultants immobiliers au Liban (Real), Massaad Farès, détaille les contours du projet à « L'Orient-Le Jour ».

Le président d’honneur du Real, Massaad Farès. Photo D.R.

Vous vous apprêtez à lancer, avec le président de l'Association des promoteurs immobiliers du Liban (Redal), Namir Cortas (tous les deux en vos noms propres), et le directeur général de la société immobilière Prime Consult, Alain Bassoul, un fonds d'investissement immobilier d'un milliard de dollars. Quelles en sont les grandes lignes ?

Ce fonds a vocation a soutenir le secteur de l'immobilier de luxe au Liban, qui traverse une importante crise depuis 2011, avec une baisse d'activité de 30 à 35 % sur cette période (20 à 25 % pour l'ensemble du secteur). Il s'agit ici d'éviter que le marché du luxe ne stagne plus longtemps au point d'arriver dans une phase critique, car de nombreux emplois directs et indirects en dépendent.
Le fonds doit en principe être officiellement lancé lors de la seconde quinzaine de janvier 2018 et sera pourvu d'une enveloppe d'un milliard de dollars. Ce montant sera levé en trois temps sur une période d'un an et demi avec une première tranche de 350 millions de dollars. Ce calendrier pourra être modifié en cas d'évolution majeure de la situation du secteur.
Le fonds sera entièrement financé par le secteur privé – des investisseurs et des banques, tous libanais – et géré par Legacy Central, une société créée à cet effet et qui aura son propre conseil d'administration. Le projet a reçu la bénédiction de la Banque du Liban (BDL) et sera placé sous contrôle de l'Autorité des marchés de capitaux (AMC).

Concrètement, comment fonctionnera-t-il ?
L'objectif et le mécanisme du fonds s'inspirent de ceux de la circulaire n° 427 de la BDL (NDLR : publiée le 21 juin 2016), qui permettait aux sociétés immobilières de racheter des projets invendus faisant l'objet d'un prêt en cours de remboursement. Pour résumer, Legacy Central va injecter des liquidités – via notamment des prises de participations – dans des projets immobiliers de luxe qui sont presque achevés mais dont les promoteurs ont des difficultés à financer la fin des travaux. Le but est de finaliser ces projets et de les vendre en jouant sur les marges de négociations – très élevées en raison de la crise – et en comptant sur le vaste réseau de la diaspora aux quatre coins du monde pour trouver des acquéreurs.
Entre les quartiers de Ramlet el-Baïda et Achrafieh, il y a déjà 57 projets qui répondent à ces critères dans la capitale, dont 36 pour lesquels les promoteurs rencontrent d'importantes difficultés. Nous n'avons pas encore de données précises pour le reste du Liban.
Il faut souligner que ce fonds n'a pas vocation à verser des subventions aux promoteurs en difficulté ni à encourager le lancement de nouveaux projets dans le luxe. Il s'agit surtout de liquider le stock existant en mettant la priorité sur les projets immobiliers où une partie des lots ont déjà été vendus. Le but, c'est que le promoteur puisse être libéré, ses créanciers payés et que les acheteurs qui avaient acquis des lots dans son immeuble avant la fin des travaux puissent en bénéficier. Tout cela, à des condition suffisamment intéressantes pour toutes les parties, y compris les investisseurs du fonds, qui pourront compter sur un retour de 15 à 20 %, selon nos projections.

Pourquoi avoir lancé ce fonds au lieu de compter sur le mécanisme mis en place par la circulaire n° 427 ?
Les conditions d'application de ce texte étaient plutôt strictes (NDLR : il imposait par exemple à l'acheteur souhaitant acquérir des biens immobiliers invendus de financer personnellement au minimum 40 % de la valeur du prêt contracté à cet effet, entre autres conditions). Si les critères d'éligibilité des promoteurs pouvant bénéficier de l'aide de ce fonds le sont aussi, sa mise en œuvre sera plus souple une fois que le promoteur, ses créanciers, sa banque et le comité d'investissement du fonds se seront entendus sur la meilleure formule pour financer la fin des travaux.

Pourquoi avoir lancé ce fonds maintenant ? Comment allez vous trouver les investisseurs ainsi que des acquéreurs potentiels ?
Nous y travaillons depuis trois ans. Les choses ont mis plus de temps que prévu à se mettre en place, mais au final, nous lançons cette initiative à un moment où le marché est très favorable aux acheteurs, la majorité des promoteurs étant très flexibles sur les prix. S'agissant de trouver des clients potentiels, nous avons mis en place trois équipes chargées de prospecter (une pour le Liban et les pays arabes; une pour l'Europe et l'Afrique ; et une pour les Amériques).
Enfin, pour ce qui est des investisseurs, il y a beaucoup de Libanais à l'étranger qui veulent investir au pays, mais veulent pouvoir compter sur un projet crédible et viable. Au niveau local enfin, nous avons déjà discuté avec une vingtaine de banques qui ont manifesté leur intérêt.

 

Le secteur immobilier est souvent pointé du doigt pour son manque de planification, entre autres critiques. La liquidation des invendus dans le luxe peut-il ouvrir la voie à un changement à ce niveau ?
Tout à fait, mais cela ne pourra pas se faire sans l'aide de l'État qui a d'autres priorités en ce moment. En tant que président d'honneur du Real, j'appelle les autorités à organiser un atelier avec les représentants du secteur pour redéfinir les priorités – quoi construire et instaurer certains standards. Il faut également que l'État soutienne davantage le secteur qui doit en grande partie le fait d'avoir survécu à la crise à la stabilité du secteur bancaire libanais, maintenue par la politique monétaire de la BDL.

Vous vous apprêtez à lancer, avec le président de l'Association des promoteurs immobiliers du Liban (Redal), Namir Cortas (tous les deux en vos noms propres), et le directeur général de la société immobilière Prime Consult, Alain Bassoul, un fonds d'investissement immobilier d'un milliard de dollars. Quelles en sont les grandes lignes ?
Ce fonds a vocation a soutenir le secteur de...

commentaires (8)

Afin de redonner confiance au secteur immobilier, maintenant et dans le futur, il faudrait que les promoteurs offrent une "Garantie de Fin d'Achevement des Travaux". Cela a un coût mais montre le sérieux financier de l'opération et garantit aux acheteurs la livraison du Projet. Aux pouvoirs publics et privés d'œuvrer dans ce sens pour une meilleure transparence et protection du consommateur.

Youssef Arida

00 h 56, le 05 décembre 2017

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Commentaires (8)

  • Afin de redonner confiance au secteur immobilier, maintenant et dans le futur, il faudrait que les promoteurs offrent une "Garantie de Fin d'Achevement des Travaux". Cela a un coût mais montre le sérieux financier de l'opération et garantit aux acheteurs la livraison du Projet. Aux pouvoirs publics et privés d'œuvrer dans ce sens pour une meilleure transparence et protection du consommateur.

    Youssef Arida

    00 h 56, le 05 décembre 2017

  • Tant que la corruption protège les rapaces qui sévissent dans tous les secteurs, surtout celui de l'immobillier, les acheteurs honnêtes vont se méfier... Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 26, le 04 décembre 2017

  • ce n'est pas en rajoutant des frais commerciaux et des frais de gouverance que les produits immobiliers invendables dans le marché trouveront acquéreurs aux 4 coins du monde. Cela sent l'arnaque et cela va geler encore plus les transactions et l'investissement immobiliers. Il faut simplement que les libanais acceptent de proposer leurs biens au VRAI prix et donc afficher une baisse des prix de 40% comme cela est deja arrivé aux US, en France, à Londres...

    Sam

    15 h 28, le 04 décembre 2017

  • car de nombreux emplois directs et indirects en dépendent.? ==FAUX, en avaient dependu PLUS MAINTENANT. l'etat devra en priorite exiger une plus grande responsabilite des promoteurs, celle qui les OBLIGE a garantir leur produit pour au moins 2 ans apres la date de la vente. pr ex, une puanteur nauseabonde apparue des l'acaht d'un appartement ds solidere, paye a coup de millions de $ sans que NUL ne fasse le necessaire- a part son pauvre acheteur bien sur ! ce que je dis la EST QU'IL FAUT cesser FAIRE DES DEMANDES de l'etat... commencer a lui donner, en commencant par prendre des initiatives responsables soi meme. "" do not ask what your country did for you, ask what YOU did for your country " CHEZ ns ici, LA REPONSE EST : nous ne faisons rien pr notre pays.....

    Gaby SIOUFI

    13 h 18, le 04 décembre 2017

  • Avant de sauver l'"immobilier de luxe", sauvons les propriétaires d'appartements à "anciens loyers"...

    Gros Gnon

    11 h 54, le 04 décembre 2017

  • "wishful thinking"...cela risque de se terminer par le lancement d un autre fonds pour sauver celui la. Elle est ou la cavalerie?

    paznavour

    10 h 26, le 04 décembre 2017

  • Messieurs, Félicitations pour votre initiative mais tant que les mêmes "responsables" politiques dirigent négativement notre cher Liban depuis des décennies il ne faudrait pas s'attendre à des miracles ! Tant que la corruption n'est pas éradiquée, du moins partiellement, il ne faudrait pas rêver. Au Brésil plusieurs anciens ministres sont en prison pour corruption et détournement de fonds. Même l'ex-Présidente est mise en examen ! A quand le remboursement des fonds dilapidés ? A quand le jugement des corrompus ? Aussi, tant que l'infrastructure n'est pas disponible dans de bonnes conditions aucun expatrié ou investisseur ne serait intéressé à acheter. Bonne chance quand même. Raja Saikali

    Saikali Raja

    08 h 00, le 04 décembre 2017

  • je ne metterais pas un kopek dans l'immobilier au Liban... outre les prix fou pratique par les promoteurs qui pensent que le libanais imprime le US dollar chez lui a la maison, la construction sauvage ne peut pas proteger un acheteur. On vous vends un appartement avec une vue degagee, une fois le projet termine et vendu, le meme promoteur te fais sortir une tour en face et te bloque la vue... et depuis des annees que j'habite mon quartier, j'entends les marteaux piqueurs toute la journee parcequ'il y a tjrs une petite maison qu'on rase pour batir un gros immeuble bien profitable. eh bien vivement que tout cela s'arrete.

    George Khoury

    07 h 26, le 04 décembre 2017

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