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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Steve Bannon déclare « la guerre au GOP »

Steve Bannon lors d’une intervention publique à Washington. Mary F. Calvert/Reuters

Quand le président américain Donald Trump avait demandé à son conseiller stratégique, Steve Bannon, de démissionner, il pensait qu'en dehors de la Maison-Blanche, ce dernier perdrait de son influence. Quelques semaines plus tard, Steve Bannon est devenu le conférencier le plus demandé dans le circuit politique, et même la Chine l'a convié à donner une causerie. Allant plus loin, il a annoncé il y a quelques jours « la saison de guerre contre le GOP (Grand Old Party, qui est l'acronyme du Parti républicain américain) », appelant son auditoire lors d'une rencontre à « aller après chaque État, l'un à la suite de l'autre! ».

Expliquant en outre qu'il a commencé à recruter des candidats qui se présenteraient contre des sénateurs et des Congressmen républicains en exercice pour les élections législatives de mi-mandat, en novembre 2018. Précisant aussi que si les candidats désignés dans ce contexte manquaient d'argent, il irait puiser les sommes voulues auprès de l'élite américaine.

À noter que Steve Bannon s'est montré capable de réaliser ce qu'il prêche. Ainsi, il y a deux semaines, lors des primaires républicaines dans l'Alabama, le candidat qu'il avait présenté, Roy Moor, ancien juge de l'extrême droite, a gagné contre le sénateur Luther Strange, candidat du prédisent Trump, que son beau-fils, Jared Kushner, lui avait conseillé de privilégier. Par ailleurs, il y a quelques mois, avait débuté une guerre entre le sénateur Mitch McConnell, leader de la majorité républicaine au Sénat, et M. Bannon, qui s'est intensifiée après le départ de ce dernier de la Maison-Blanche, en août dernier. Dans un discours récent, au sommet des religieux conservateurs, à Washington, Steve Bannon avait lancé : « Yeah, Mitch, les donateurs ne sont pas contents, ils vous ont tous quittés. Nous avons coupé votre oxygène. » Ajoutant : « Il y a un temps et une saison pour tout, et, à présent, c'est la saison de la guerre contre l'establishment du GOP. » Mitch McConnell s'est alors précipité vers la Maison-Blanche pour demander au président Trump d'intervenir pour empêcher Bannon de s'immiscer dans les primaires. Réponse du président lors d'une conférence de presse : « J'aime Bannon, il fait un bon travail et je vais voir ce que je peux faire à ce sujet. »

 

Mieux que « Game of Thrones »
Selon le quotidien électronique Bloomberg, l'appel pour l'unité lancé par Trump durant cette conférence de presse était en fait placé « sous l'ombre de Bannon ». Et au cours du très écouté talk-show Hardball, de la chaîne MSNBC, animé par Chris Matthews, l'un des interlocuteurs a dit : « Maintenant, il faut prendre Bannon au sérieux. »

Les élections législatives de mi-mandat reflètent habituellement le bilan des réalisations du président. Si le président apparaît peu performant, son parti ne peut être que perdant. Néanmoins, personne n'est encore sûr du but que vise Bannon. Une question se pose : pourquoi s'en prend-il au GOP et non aux 18 sénateurs démocrates ayant peu de chance de conserver leurs sièges ? Bannon a annoncé qu'il travaille contre les sénateurs et les membres de la Chambre des représentants qui critiquent Trump. Dans ces conditions, on se demande aussi comment le président, républicain, va opérer durant cette campagne marquée par les divisions, et lesquels des candidats va-t-il appuyer : ceux de son parti ou ceux de Bannon.

On dit que ce clivage au niveau des républicains peut donner une grande ouverture aux démocrates pour qu'ils regagnent la Chambre des représentants, et, en conséquence, rendre la destitution de Trump probable. Changer cette dynamique historique, si elle a lieu, fait remarquer un analyste, serait très difficile pour Trump qui, lui, continue sa propre guerre contre son propre parti au Congrès. Et convaincre Bannon, et toutes les forces politiques et financières derrières lui, d'arrêter sa « saison de guerre » est très peu probable. Comme le dit Bloomberg : « La balance du pouvoir a changé. » Autre paradoxe, la plupart des candidats mobilisés par Steve Bannon sont appuyés par le GOP.

Les médias couvrent amplement ce surprenant développement au sein d'un même parti. L'édition américaine du magazine britannique The Week publie un article de Paul Wadman, intitulé : « La guerre civile du Parti républicain se répand. » Rush Limbaugh, animateur conservateur du programme radio le plus écouté du pays, n'hésite pas à dire : « Steve Bannon est en train de s'approprier le rôle du Parti républicain. » Et Bannon, avec ses discours tous azimuts, persiste et signe : « Personne n'est à l'abri, nous les poursuivrons tous et nous allons gagner. » Mieux que la série télévisée culte Game of Thrones aux yeux d'un analyste outre-Atlantique.

 

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