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Moyen Orient et Monde - Arabie saoudite

Des zones d’ombre après l’attaque contre le palais al-Salam

Riyad a très peu communiqué sur l'événement, dans une volonté peut-être délibérée de minimiser les faits.

Une vue du palais royal à Djeddah. Archives Reuters

C'est une information qui n'a été confirmée samedi par les médias saoudiens qu'après 12 longues heures, et le flou continue depuis d'entourer les circonstances exactes de l'attaque qui a visé le portail « extérieur » du palais royal al-Salam de Djeddah, en Arabie saoudite.

De source informée non officielle, trois hommes armés, munis de matière explosive, auraient fait irruption au niveau du premier barrage du portail d'accès au palais, samedi à l'aube. Ce point de passage étant lourdement gardé, les assaillants ont dû tirer sur les gardes, tuant deux d'entre eux, pour tenter de se frayer un passage vers le deuxième portail du palais, mais ils auraient été neutralisés par la garde royale. L'un d'entre eux aurait été tué et les deux autres sont toujours entre les mains des forces de l'ordre. L'agence d'information officielle saoudienne SPA a toutefois simplement fait état d'hommes armés qui ont tenté de faire irruption au palais. « Trois gardes ont également été blessés dans cette attaque dont l'auteur, armé d'une kalachnikov et de trois grenades, a été abattu par des membres de la garde royale », a précisé le ministère dans un communiqué relayé par l'agence de presse officielle SPA. « Un poste de la garde royale a été visé par des tirs d'une personne sortant d'une voiture », a indiqué le ministère, ajoutant que l'assaillant était âgé de 28 ans. Pas de précision sur les circonstances exactes de l'attaque ni sur le nombre d'hommes impliqués dans celle-ci, dans une volonté peut-être délibérée de minimiser les faits et d'empêcher la presse et les citoyens de s'y attarder.

Ce qui est sûr, c'est que l'ambassade des États-Unis à Riyad a immédiatement réagi en postant sur son site internet et sur les réseaux sociaux un avis recommandant à ses ressortissants de se montrer prudents lors de leur passage dans la zone jouxtant le palais al-Salam, expliquant qu'une « opération policière » y est actuellement en cours. Sur Twitter, le hashtag « tentatives d'attaquer le palais al-Salam » n'a pas tardé à faire son apparition, la plupart des internautes soulignant l'inutilité de tels actes et réaffirmant leur allégeance au roi Salmane ainsi qu'au prince héritier Mohammad ben Salmane. Quelques tweets à contre-courant ont néanmoins voulu voir dans cet incident sécuritaire « le début de l'impact de la crise » politique et diplomatique qui secoue le Golfe, à savoir l'embargo économique et diplomatique imposé au Qatar. À noter que le site d'informations qatari al-Jazeera.net a été l'un des premiers médias à diffuser l'information concernant l'attaque contre le palais royal saoudien, mais son site web ainsi que sa chaîne satellitaire d'informations étant bloqués en Arabie, les habitants du royaume ont dû attendre longtemps avant de voir se confirmer ce qui circulait déjà depuis l'aube sur les réseaux sociaux.

Depuis la célébration en grande pompe le 23 septembre dernier de la fête nationale et l'annonce d'une série de réformes et de décisions tendant à réformer ce pays ultraconservateur, le régime wahhabite s'attendait à une poussée de violence en réaction à ces changements. De manière générale, ce type d'incident est attribué en Arabie aux milieux salafistes pour qui les décisions du roi vont à rebours de l'esprit pur et dur du wahhabisme. Les forces de l'ordre sont préparées à ce type d'événements qui, bien qu'ils soient pris très au sérieux, ne sont pas de nature à inquiéter les monarques saoudiens, d'autant plus que ni le roi ni le prince héritier ne se trouvaient à l'intérieur du palais al-Salam au moment des faits. Le régime a toutefois pris les mesures qu'il estime nécessaires pour y faire face. La sécurité a été grandement renforcée autour et à l'intérieur des zones des palais royaux, dont al-Salam, et les portiques détecteurs de métaux ont refleuri à l'entrée des nombreux centres commerciaux et autres hôtels de Riyad et de Djeddah. Les patrouilles de police se font également de plus en plus nombreuses, même si rien ne vient réellement modifier, du moins à l'heure qu'il est, la vie quotidienne des habitants du royaume. Pendant ce temps, les rafles contre les milieux salafistes se poursuivent. Pas plus tard que vendredi dernier, un homme barbu a été enlevé en pleine rue, au su et au vu des badauds, dans la banlieue proche de Riyad. Des hommes encagoulés sont descendus de leurs véhicules noirs aux vitres teintées, ont extirpé l'homme en question de sa voiture avant de le kidnapper et de disparaître aussi vite qu'ils étaient apparus. Jeudi dernier, l'Agence pour la sécurité de l'État avait annoncé le démantèlement d'une cellule « terroriste » liée au groupe jihadiste État islamique (EI). Deux des membres de la cellule ont été tués et cinq autres arrêtés, selon la même source. Ce genre de rafles devient partie intégrante du quotidien en Arabie saoudite où, il y a moins d'un mois, les femmes se sont vu accorder par le roi Salmane l'autorisation de prendre le volant, cela sans autorisation préalable d'un tuteur masculin.


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