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Liban - Citoyen grognon

Hors-la-loi

Imaginons, l'espace d'un moment, qu'une famille libanaise vive depuis 11 ans sans jamais avoir fait son budget, annuel ou mensuel. Qu'elle paie les traites d'un appartement de trois chambres à coucher et de deux voitures, qu'elle envoie ses enfants à l'école privée, qu'elle doive les nourrir, les vêtir, les soigner, les divertir.
N'ayant pas de rentrées fixes, elle ne sait même pas à combien s'élève son revenu mensuel. Même chose pour ses besoins et ses dépenses qu'elle estime vaguement, sans pour autant les quantifier.

L'épouse se voit déjà dans sa prochaine voiture. Le petit dernier réclame des cours de karaté et une tablette tactile. L'aînée rêve de se voir offrir un piano. Le père lui, hésite : se laissera-t-il tenter par quelques jours à l'étranger avec ses copains ou offrira-t-il aux siens un séjour à Paris ?

Il y a pourtant plusieurs factures qui traînent, la ligne téléphonique coupée depuis un bon mois, les trois mois de salaire de l'employée de maison, la note du boucher qui enfle, celle du coiffeur de madame aussi. Sans parler des arriérés de scolarités impayées qui s'amoncellent depuis déjà deux trimestres. Et puis l'hiver approche. Le réservoir de mazout est vide. Les pneus de la voiture doivent être changés. Les enfants ont besoin de nouvelles doudounes. Et tant pis pour la taxe municipale qu'on oublie de payer depuis plusieurs années.

Il n'y a pas deux jours, le banquier a appelé. Le compte bancaire est au rouge. Le mois vient à peine de commencer. Impossible de régler les traites. Le père, qui est pourtant responsable de vente dans une entreprise privée, devra jongler avec ces tracasseries financières. Il promet de tout régler au mieux. Il devra pour ce faire réclamer une avance de salaire et supplier son frère de lui prêter quelques sous, une fois de plus. La mère, elle, devra se résoudre à travailler à plein temps dans la boutique d'un proche, qu'elle tient occasionnellement. Elle pourrait aussi demander de l'aide à sa sœur, bien nantie.

Cela suffira-t-il ? Le couple n'en a pas la moindre idée. Mais il est persuadé que tout finira bien par s'arranger avec un minimum de bonne volonté de toutes les parties. Au pire des cas, se dit-il, la dette sera rééchelonnée. L'essentiel étant que le niveau de vie de la famille soit maintenu, qu'elle n'ait pas à se serrer la ceinture, qu'elle puisse continuer à vivre confortablement, à se permettre quelques caprices même.

Mais voilà. Le banquier multiplie les appels et réclame une réunion urgente. Face au gaspi et en l'absence de budget, pas question de rééchelonnement, prévient-il, intraitable. L'administration scolaire, elle, s'impatiente, à coups de lettres d'avertissement. Le boucher refuse désormais de livrer. Si aucune mesure d'économie n'est envisagée, les sanctions pleuvront inévitablement.
Jusqu'à quel point une famille vivant largement au-dessus de ses moyens et endettée, de surcroît, peut-elle continuer de la sorte ?
Jusqu'à quel point un pays, aussi petit soit-il, peut-il fonctionner sans budget ?

Depuis 2006, le Liban dépense sans compter et sans budget. Ce qui en fait un hors-la-loi depuis onze bonnes années.
Et cela continue... À moins que le Parlement n'en décide autrement, lundi prochain.

Imaginons, l'espace d'un moment, qu'une famille libanaise vive depuis 11 ans sans jamais avoir fait son budget, annuel ou mensuel. Qu'elle paie les traites d'un appartement de trois chambres à coucher et de deux voitures, qu'elle envoie ses enfants à l'école privée, qu'elle doive les nourrir, les vêtir, les soigner, les divertir.N'ayant pas de rentrées fixes, elle ne sait même pas à...

commentaires (4)

La métaphore est saisissante !!

Bery tus

15 h 47, le 05 octobre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • La métaphore est saisissante !!

    Bery tus

    15 h 47, le 05 octobre 2017

  • Vous nous donnez,chère madame , pour exemple un de ces cas rares qui ne représente que plus ou moins cinq pour cent de la population libanaise.Une famille qui envisage de s'offrir un voyage à paris, d'une épouse qui conduit une bagnole rutilante dernier modele avec à la clé du personnelle à la maison . Dans ce cas là cette famille n'est pas censée avoir sur le dos une collection d' ardoises concernant les scolarités des mômes ou le salaire impayé des mois durant , de la soubrette et tutti quanti. Dans ces foyers là on ne fait pas des comptes d'épicier , ni de budget.. A moins qu' ils ne fassent partie de cette classe ( tres fréquente) de chez nous qui pète plus haut que leur ..... Rien à voir avec le budget d'un état agonisant .

    Hitti arlette

    12 h 23, le 05 octobre 2017

  • L,ANARCHIE SIED BIEN MIEUX DANS LA GROTTE OU SE PRESSENT LES ALI-BABAS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 11, le 05 octobre 2017

  • Tour Babel ou JUNGLE...???? OU LES DEUX ?????

    Soeur Yvette

    09 h 40, le 05 octobre 2017

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