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Moyen Orient et Monde - Analyse

Naissance d’une doctrine Trump ?

Le discours du président américain mardi à l’ONU esquisse aussi les contours d’une doctrine Donald Trump qui pourrait redéfinir la place des États-Unis dans le monde. Lucy Nicholson/Reuters

On en retient d'abord une série de menaces tous azimuts, d'une violence rare dans cette enceinte. Mais le discours du président américain mardi à l'ONU esquisse aussi les contours d'une doctrine Donald Trump qui pourrait redéfinir la place des États-Unis dans le monde.
Un observateur décrit la première intervention de Donald Trump devant l'Assemblée générale des Nations unies comme une « tempête de tweets de 42 minutes », un autre le compare au discours célèbre d'un autre président américain, George W. Bush, sur l' « axe du mal (...) dopé aux stéroïdes ».
La critique virulente de l'accord sur le nucléaire iranien, fruit de longues négociations multilatérales, et la menace de « détruire totalement » la Corée du Nord, un des 193 pays assistant cette semaine à l'Assemblée générale annuelle de l'ONU, ont hérissé les pays concernés mais aussi plusieurs alliés des États-Unis. « Il n'y a pas de solution militaire possible car ce serait un désastre », a par exemple mis en garde le Premier ministre suédois Stefan Lofven. Mais les diatribes qui ont attiré l'attention font partie du « style très direct typique » du milliardaire-président, relativise un diplomate du Conseil de sécurité, qui espère même que « les propos très forts sur la Corée du Nord puissent enfin être entendus » par Kim Jong-un, le dirigeant nord-coréen rebaptisé d'un moqueur « homme-fusée » par Donald Trump pour ses ambitions nucléaires. Au-delà, le président américain a dessiné sa vision des relations internationales, disant clairement qu'il souhaitait revenir sur le fonctionnement multilatéral instauré depuis le milieu du XXe siècle pour rétablir la primauté de l'État nation.
Les mots « souverain » ou « souveraineté » sont revenus 21 fois dans sa bouche. Selon ses conseillers, la défense d'États « indépendants » et « forts » comme socle de l'ordre mondial n'est pas une mise en cause du multilatéralisme en tant que tel, mais plutôt d'une mondialisation qui dilue la volonté des peuples.

« Sans stratégie »
Ainsi, le slogan « America First » a été complété par Donald Trump : « Tout comme vous, en tant que dirigeants de vos pays, mettez toujours vos pays en premier. » Pour la Maison-Blanche, il s'agit d'un discours « profondément philosophique » censé démontrer que le chef de l'État a une vision intellectuelle pouvant dépasser la simple durée de sa présidence. Il prouve aussi l'influence persistante des idées nationalistes, même après le départ du conseiller controversé Steve Bannon.
La communauté diplomatique de Washington, composée de chercheurs et d›anciens hauts responsables peu enclins à saluer les prises de position du dirigeant républicain, a toutefois souligné de nombreuses contradictions et écarté l'idée de la naissance d'une « doctrine Trump » construite et cohérente. Alors qu'il insiste pour assurer que les États-Unis ne veulent plus imposer la démocratie à l'étranger, Donald Trump a en effet appelé à rétablir cette même démocratie au Venezuela et en Iran. Le président américain a semblé prêt à « déchirer » l'accord sur le nucléaire iranien, mais l'administration américaine peine à proposer une alternative, hormis la possibilité d'en prolonger la durée de vie. Et plusieurs responsables assurent que la « destruction » de Pyongyang évoquée à la tribune n'est pas en réalité un souhait de Washington.
« Il apparaît comme un homme sans stratégie, estime Thomas Wright du centre de recherches Brookings Institution. Il risque d'être considéré comme faible », malgré ses « fanfaronnades ».
Pour Barry Pavel, ancien haut responsable dans plusieurs administrations républicaines et démocrates, aujourd'hui membre de l'institut de réflexion Atlantic Council, « la souveraineté requiert de nos jours une coopération étroite avec les autres nations et avec des institutions mondiales fortes, ce que le président Trump rejette ». Les observateurs attendent maintenant de voir si son administration passe de la parole aux actes. Plusieurs de ses plus proches lieutenants, du ministre de la Défense James Mattis au vice-président Mike Pence, ont en effet tenté à plusieurs reprises d'arrondir les angles de la rhétorique de Donald Trump, sans le contredire directement.
Va-t-il « déchirer » l'accord sur le nucléaire iranien, ce qu'il n'a pas fait jusqu'ici ? Va-t-il vouer la Corée du Nord au « feu » et à la « furie » ? Va-t-il confirmer le retrait américain de l'accord de Paris sur le climat alors que certains signes laissent penser qu'un retour est possible ? Va-t-il construire son « mur » à la frontière mexicaine ? Pour l'instant, ces questions restent sans réponses claires et précises qui pourraient permettre de mieux comprendre la « doctrine Trump ».
Andrew BEATTY/AFP

On en retient d'abord une série de menaces tous azimuts, d'une violence rare dans cette enceinte. Mais le discours du président américain mardi à l'ONU esquisse aussi les contours d'une doctrine Donald Trump qui pourrait redéfinir la place des États-Unis dans le monde.Un observateur décrit la première intervention de Donald Trump devant l'Assemblée générale des Nations unies comme une...

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