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Moyen Orient et Monde - Discours à l’ONU

Trump à l’assaut (verbal) de la forteresse iranienne

Le président américain s'en est violemment pris à la République islamique, l'assimilant à un « État voyou ».

Le président américain Donald Trump lors de son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU. Timothy A. Clary/AFP

L'Iran est une nouvelle fois passé sur le gril de Donald Trump. Lors de son premier discours, très attendu, devant l'Assemblée générale de l'ONU, le président américain s'en est pris à la République islamique avec une extrême virulence, l'assimilant à un « État voyou », au même titre que la Corée du Nord qu'il a menacée de réduire à néant. Donald Trump a de nouveau dénoncé l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, en le considérant comme « l'un des pires auxquels les États-Unis aient jamais participé » et représentant un « embarras » pour les États-Unis.

« Nous ne pouvons pas laisser un régime meurtrier continuer ses activités déstabilisatrices (...) et nous ne pouvons pas respecter un accord s'il sert à couvrir l'éventuelle mise en place d'un programme nucléaire », a déclaré le président américain, qualifiant l'Iran de « dictature corrompue », sous un tonnerre d'applaudissements de l'hémicycle. Sa diatribe acerbe contre l'Iran va non sans rappeler son allocution prononcée à Riyad le 21 mai dernier. M. Trump avait alors accusé Téhéran d'attiser « les feux du conflit confessionnel et du terrorisme », et appelé « toutes les nations » à « travailler ensemble pour l'isoler », tant que le régime iranien ne montre pas « sa volonté d'être un partenaire dans la paix ». Un appel réitéré hier : « Il est temps que le monde entier se joigne à nous et exige que le gouvernement iranien mette fin à sa quête de mort et de destruction », a-t-il déclaré à l'encontre du régime qui souhaite la « mort de l'Amérique » et la « destruction d'Israël ». Une rhétorique vindicative qui a de quoi réjouir le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour qui Téhéran et ses affidés sont les ennemis prioritaires dans la région, perçus comme la principale menace pour la stabilité et la sécurité de l'État hébreu. « En plus de 30 ans à l'ONU, je n'ai jamais entendu un discours aussi clair et courageux (...) », a rapidement réagit M. Netanyahu. Un discours qui, pourtant, pourrait au final servir le camp des conservateurs iraniens et des pasdaran, qui détiennent les clés de la politique régionale, au détriment des modérés et des réformateurs iraniens.

 

Le prendre au mot
Si l'on prend le président américain au mot, Washington continue à faire planer le doute sur son attitude au sujet de l'accord sur le nucléaire d'une part, et surtout entend empêcher Téhéran d'accroître son emprise dans la région, notamment sur le théâtre syrien d'autre part. Selon le Haaretz, un haut responsable du département d'État, qui s'est entretenu avec des journalistes plusieurs heures avant le discours du président américain, a révélé que les États-Unis « ne permettront pas la "libanisation" de la Syrie et y repousseront l'influence iranienne ainsi que dans tout le Moyen-Orient ». Toujours selon le quotidien israélien, Brian Hook a notamment affirmé que Donald Trump est dévoué à empêcher l'Iran de créer une présence à long terme en Syrie, comme il l'a fait avec le Hezbollah au Liban. Si le président américain n'a pas utilisé le terme « libanisation » dans son discours, il a toutefois quelque peu apostrophé les citoyens iraniens dont le gouvernement préfère utiliser ses recettes pétrolières « pour financer le Hezbollah et d'autres terroristes qui tuent des musulmans innocents et attaquent leurs voisins pacifiques arabes et israélien », plutôt que de les « utiliser afin d'améliorer le quotidien des Iraniens ».

Les propos de Trump, et plus précisément du département d'État, vont totalement dans le sens du message adressé par Benjamin Netanyahu au président russe Vladimir Poutine lors de leur rencontre à Sotchi, le 23 août dernier. Le Premier ministre y avait martelé qu'Israël ne permettrait pas la « libanisation » de la Syrie, situation que Téhéran chercherait, selon lui, à obtenir. Le chant des sirènes anti-Iran du Premier ministre israélien de ces dernières semaines aura donc fait mouche auprès de l'administration américaine qui s'est emparée du même vocabulaire. En comparant la situation libanaise à la syrienne, Washington sous-entend rejeter d'abord la possible féodalisation de la Syrie par l'Iran, à l'instar de celle opérée actuellement sur le Liban. Mais il met en garde aussi contre la possibilité de l'émergence d'un second front contre Israël, cette fois, à la frontière syrienne.

Sauf que les déclarations tambour battant de Donald Trump d'une part et les apartés du département d'État de l'autre restent empreints de paradoxes. Entre ce qui est dit, très fort, et ce qui est en réalité fait, il y a un fossé. 

 

Réflexion poussive
Un paradoxe sur le dossier nucléaire d'abord. Si Donald Trump semble toujours aussi proche d'une remise en cause de l'accord signé par les grandes puissances avec Téhéran pour encadrer le programme nucléaire de ce pays et s'assurer qu'il ne serve pas à le doter de l'arme atomique, il semblerait en coulisses qu'il ne parvienne pas à trancher sur la question. Il y a quelques jours à peine, Washington annonçait s'accorder le temps de la réflexion sur sa politique vis-à-vis de Téhéran, ainsi que maintenir l'allègement des sanctions liées au dit accord. Ces hésitations sont notamment la preuve que Washington n'a pas de stratégie claire, mais qu'il tient également à ne pas se mettre à dos les autres signataires du traité, à savoir la France, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni et l'Allemagne. « Modifiez-le ou abandonnez-le », a insisté Benjamin Netanyahu dans son discours à l'ONU, hier. Le président français Emmanuel Macron, s'exprimant pour la première fois dans l'hémicycle des 193 États membres des Nations unies, a d'ailleurs affirmé que dénoncer l'accord iranien serait une « lourde erreur ». « Ne pas le respecter serait irresponsable », a-t-il ainsi mis en garde, alors que Donald Trump doit rendre sa décision d'ici à mi-octobre de « certifier » ou non devant le Congrès que Téhéran respecte les termes de cet accord. Par ailleurs, le président iranien Hassan Rohani a estimé que plus personne ne fera confiance aux États-Unis si Washington se retire de l'accord, dans une interview à la chaîne NBC. « Les propos effrontés de Trump, qui ne tiennent aucun compte de la lutte menée par l'Iran contre le terrorisme, traduisent sa méconnaissance des choses, son ignorance », a surenchéri dans la soirée le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif.

Un second paradoxe entre le discours et les actions de Donald Trump est visible. S'il affirme haut et fort vouloir contrer l'influence iranienne en Syrie et dans la région, le désengagement criant des États-Unis sur le dossier syrien laisse penser le contraire. Et ce au grand dam d'Israël, qui n'hésitait pas, hier encore, à tracer ses propres lignes rouges. Car l'engagement des États-Unis est resté ambigu en raison des doutes de Washington sur la capacité des rebelles à renverser Bachar el-Assad et de la priorité donnée au combat contre le groupe État islamique. Certes, les États-Unis souhaitent endiguer le fameux corridor chiite qui s'établit entre Téhéran, Bagdad, Damas et Beyrouth, mais sans pour autant s'impliquer davantage sur le sol syrien. Donald Trump n'a-t-il pas dit d'ailleurs, il y a moins de deux semaines, que les États-Unis n'avaient « pas grand-chose d'autre à faire (en Syrie) que de détruire l'État islamique » ? Ou comment interpréter le discours d'un homme qui, en matière de politique étrangère, a pour l'instant dit tout et son contraire.

 

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commentaires (5)

Ce sera 5 années de galères, de violences verbales et de calomnies ! 5 années perdues pour les américains et pour le monde ! Avec son élection, il a "trumpé" tout le monde

Sarkis Serge Tateossian

16 h 50, le 20 septembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Ce sera 5 années de galères, de violences verbales et de calomnies ! 5 années perdues pour les américains et pour le monde ! Avec son élection, il a "trumpé" tout le monde

    Sarkis Serge Tateossian

    16 h 50, le 20 septembre 2017

  • MAIS BIENTOT LES PAROLES SE MATERIALISERONT EN ACTES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 48, le 20 septembre 2017

  • NE devait il pas , ce clown BOUFFON, changer la donne au M.O ??????????? Avis aux experts en géopolitique qui nous annonçaient avec cris et fracas que ce bouffon allait nous faire voir le jour en nuit , je veux dire faire voir aux resistants à ce complot anti héros BASHAR.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 49, le 20 septembre 2017

  • " Verbal" ..... hakeh baleich. .. Les iraniens NPR NE SE LAISSERONT PAS IMPRESSIONNER PAR CE DOUBLE JEU ENTRE MACRON ET LE CLONW Trump-pete qui fait que un appui l'autre desserre , toujours dans le même but , sauver la tête de l'usurpateur.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 51, le 20 septembre 2017

  • LE TRAPEZISTE TRUMP A DIT TOUT ET SON CONTRAIRE... ET CONTINUE DE SAUTER DE TRAPEZE EN TRAPEZE ! OU3A YOU2A3...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 37, le 20 septembre 2017

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